L’Institut national de la propriété industrielle (INPI) a ouvert une enquête publique sur l’indication géographique "Pierre du Midi", suite à la demande d’homologation de l’association du même nom. Ce label représente un enjeu économique important.
L’Institut national de la propriété industrielle (INPI) a ouvert une enquête publique sur l’indication géographique «Pierre du Midi », suite à la demande d’homologation de l’association éponyme. La demande d’indication géographique concerne quatre entreprises réparties sur trois régions. Elle représente plusieurs centaines d'emplois pour un chiffre d'affaires de 12 millions d'euros.
Pierre antique
La « Pierre du Midi » est une roche calcaire d’origine marine, datant de la période miocène. Elle regroupe plusieurs familles de pierres – toutes rattachées aux communes où se situent leurs carrières – dont les plus connues sont la pierre de Fontvieille, la pierre de Rognes ou encore la pierre du Pont-du-Gard.
Arènes de Nîmes
Exploitée comme pierre de taille, mais surtout comme pierre de construction, la pierre du Midi connaît plusieurs variétés, teintes, densités et duretés en fonction des ciments qui la constitue. Épaisse, résistante et avec d’importantes propriétés thermiques, elle est utilisée très tôt dans la région pour l’habitat, comme en témoignent les sites troglodytiques de Rocsalière par exemple. La notoriété de la pierre du Midi s’établit véritablement à l’époque romaine : bâtiments, monuments et routes sont construites grâce à celle-ci, tels que les arènes d’Arles et de Nîmes et les aqueducs.
Trois territoires
L’appellation « Pierre du Midi » fait référence à trois territoires qui composent le midi méditerranéen : la vallée du Rhône, le Languedoc et la Drôme. Plaines littorales, ensembles montagneux ou encore territoires traversés par le Rhône constituent un environnement favorable à la formation de ce gisement spécifique.
La « Pierre du Midi » est particulièrement appréciée par les locaux. Elle est utilisée dans toute la Provence et dans les rénovations urbaines du XIXe siècle de grandes villes comme Marseille, Aix-en-Provence ou Lyon. Elle est aussi utilisée dans de grandes métropoles mondiales telles que Genève, New York, Alger et Tunis.
Savoir-faire ancestral
Le gisement attire depuis plusieurs générations des métiers de la pierre, de l’architecture et du design sur le territoire, des savoir-faire perpétués notamment grâce à la présence de plusieurs centres de formation.
- L’indication géographique « pierre du Midi » :
L’indication géographique « pierre du Midi » couvre les produits bruts (blocs, enrochements), les produits semi-finis (tranches), les pierres massives, les pierres de revêtement et les pierres de remplacement.
Les opérations suivantes doivent être réalisées dans la zone géographique définie dans le cahier des charges :
- Extraction : Hérault (34), Gard (30), Bouches-du-Rhône (13), Vaucluse (84), Drôme (26), Alpes de Haute-Provence (04)
- Transformation : Hérault (34), Gard (30), Bouches-du-Rhône (13), Vaucluse (84), Drôme (26), Alpes de Haute-Provence (04), Pyrénées Orientales (66), Aude (11), Lozère (48), Ardèche (07), Hautes-Alpes (05), Var (83), Alpes-Maritimes (06).
Petites et moyennes entreprises
L’association Pierre du Midi est à l'origine de la demande d’indication géographique. L’activité d’extraction et de transformation de la Pierre du Midi concerne 15 entreprises dans l’aire géographique concernée. L’industrie de la pierre calcaire tendre dans le Sud de la France est composée d’un tissu de petites et moyennes entreprises familiales qui exercent, soit une activité d’extraction uniquement, soit une activité de façonnage à partir de pierres d’origines locale ou d’ailleurs, soit une activité combinée d’extraction et de façonnage.
Dans le rural
Les 15 entreprises emploient plusieurs centaines de collaborateurs. 11 d'entre elles exploitent une ou plusieurs carrières de pierre calcaire (14 carrières au total), pour un chiffre d’affaires de plus de 12millions d’€, implantés dans des secteurs ruraux.
La pierre du midi est surtout vendue en France mais aussi à l'export ( 8 à 10 % des ventes). Dans leur cahier des charges, les entreprises demandent l'indication géographique car :
"Les règles de protection de droit commun ne sont pas satisfaisantes pour protéger correctement les entreprises de la Pierre du Midi puisque la spécificité et le savoir-faire lié à leurs produits ne sont pas couverts, ni la dimension patrimoniale. Il convient donc de mettre en place un outil adapté à ce type de produit, permettant une protection et une défense de la Pierre du Midi ainsi que des entreprises qui les exploitent".
L'IG nous permettra de dire aux architectes qu'ils peuvent préconiser une famille de matériaux de construction regroupés dans la Pierre du Midi.
C'est pour la profession, l'opportunité d'avoir une communication commune et un cahier des charges précis pour garantir l'origine et la traçabilité des produits.
Paul MariottaPrésident de l'association pierre du Midi
On souhaite en plus qu'ils soient transformés, et découpés localement pour privilégier les filières courtes", précise Paul Mariotta président de l'association Pierre du Midi.
Carriers solidaires
Ils précisent dans leur dossier de candidature que les ouvriers carriers se regroupaient afin de mieux s'entraider. C'est à Beaucaire, dans le Gard que la première confrérie de carriers a été créée. C'était en 1486. Six siècles plus tard, la profession d'abord organisée autour de l'association Pierres du Sud ( créée en 1997) est devenue Pierre du Midi dans la perspective du projet d'indication géographique.
"Les Bretons, confrontés à la concurrence chinoise ont été les premiers à labelliser leur granit, la Pierre de Bourgogne leur a emboîté le pas, suivies par les carrières de Rhône-Alpes... Il ne reste plus que la Pierre du Midi", conclut Paul Mariotta.
L'enquête publique sur sa candidature vient de s'ouvrir et se poursuivra jusqu'en mars.