La crise ukrainienne a des conséquences directes sur les carburants : les prix augmentent. Les stations services indépendantes, surtout en milieu rural, peinent à résister face aux tarifs plus attractifs proposés dans la grande distribution. Exemple dans le Gard.
En France, 4000 stations services indépendantes survivent face à la grande distribution. 2900 d'entre-elles sont implantées dans des zones rurales pour assurer un service de proximité.
Dans le Gard, les pompistes luttent pour garder une clientèle attirée par les prix attractifs des grandes enseignes.
Un écart de prix avec la grande distribution
A l'entrée de Rochefort-du-Gard, commune de 7000 habitants, la station Georges Pruvost affiche ce jour-là des tarifs à la pompe à peine plus élevés que ceux des supermarchés des environs. Un centime de plus sur le sans plomb, sept pour le gas-oil.
Fin mars, quand la crise ukrainienne a fait bondir le prix des carburants, l'écart était plutôt de 30 à 50 centimes au litre. De quoi faire fuir la clientèle de cette station indépendante, cannibalisée par les grands distributeurs et leur débit largement supérieur.
Georges Pruvost, référent carburant chez Mobilians, détaille : "Ils sont ravitaillés plusieurs fois par jour. Nous quand on achète du carburant, on remplit un camion et on met 15 jours à l'évacuer en temps normal. En ce moment, c'est plutôt trois semaines ou un mois. Pendant ce temps le prix varie et nous on doit garder le même prix, s'il a baissé de 30 centimes d'un coup, on ne peux pas suivre."
Miser sur la tradition pour fidéliser le client
Dans ce combat pour conserver ses clients, cet autre pompiste installé à Roquemaure dispose d'une arme de séduction d'un autre temps mais très appréciée. Depuis 37 ans, 6 jours sur 7 c'est lui qui décroche le pistolet pour remplir le réservoir des automobilistes, souvent des habitués, qui apprécient : "Je venais ici avec mes parents, donc je continue à venir chez lui. Peu importe le prix, c'est une tradition."
Il y a quelques semaines, un rude choix se présentait au gérant de la station Jean-François Servoz : baisser ses marges ou plier boutique. Lui même fils de pompiste, il adore ce métier mais envisage l'avenir avec pessimisme :
Moi j'ai un peu survécu à tout, à la rocade qui s'est faite à l'extérieur du village, au Covid, à la concurrence des grandes surfaces. Maintenant l'avenir s'annonce un peu plus difficile avec cette crise ukrainienne et les véhicules électriques.
Jean-François Servoz, gérant de station service
Pour ne rien arranger 12 à 18 mois de travaux de voirie vont bloquer la rue devant la station service de Jean-François. Un soucis de plus pour ce pompiste indépendant.