L'astrophotographe Philippe Tosi a eu la chance d'en observer jeudi 21 décembre, dans le Gard. Des vagues de nuages régulières qui s'expliquent par un chaud-froid atmosphérique. Rares et d'une beauté presque surnaturelle, ces phénomènes pourraient se multiplier dans la région en raison du réchauffement climatique.
25 ans de carrière dans l'astronomie et c'est seulement la deuxième fois que Philippe Tosi observe ce phénomène.
Alors qu'il arpente "la brousse" du Gard pour installer des télescopes, l'astrophotographe assiste à un spectacle tout aussi rare que précis : des vagues de nuages se forment dans le ciel bleu foncé du crépuscule hivernal, au-dessus de Nîmes, ce jeudi 22 décembre.
Un désordre atmosphérique
Semblables aux vagues japonaises du peintre Kanagawa, ces spirales de nuées reliées entre elles portent les noms de ceux qui les ont expliquées pour la première fois.
À la fin du 19e siècle, les physiciens britanniques et prussiens Lord Kelvin et Hermann von Helmholtz théorisent une corrélation entre la température de l'air et la forme de ces nuages.
On appelle depuis ce phénomène "l'instabilité de Kelvin-Helmholtz". Instabilité car si ces vapeurs d'eau sont d'une régularité et d'une circularité étonnantes, elles sont en réalité le fruit d'un désordre dans l'atmosphère. À tel point que les pilotes de ligne tentent en général de les éviter, nous indique le site Futura.
"Comme une copie, en plus petit"
"Les vagues surviennent lorsqu'une masse d'air chaud circule au-dessus d'une couche d'air froid", explique Philippe Tosi. "Elles se forment si les deux fluides se déplacent à des vitesses différentes".
This supercell storm in Montana featured Kelvin-Helmholtz instability which looks like waves. One of my favorite storm shots of the past decade. #cloudappreciation 🌊🌊🌊🌊🌊🌊🌊🌊🌊🌊🌊🌊 pic.twitter.com/lICXiLVTBX
— Greg Johnson (@TornadoGreg) February 3, 2021
D'après l'astronome, l'air va cisailler les nuages selon des longueurs d'onde égales. Ce qui explique que le phénomène se reproduise plusieurs fois et à l'identique, "comme une copie, en plus petit".
L'instabilité de Kelvin-Helmholtz ne dure en général que quelques instants. Philippe Tosi a eu la chance d'observer celle du Gard pendant 20 longues minutes. L'occasion d'en tirer un joli cliché, qu'il a posté sur ses réseaux sociaux.
Perturbations à venir
De telles conditions atmosphériques peuvent se créer partout dans le monde. L'allée des tornades américaine, où l'air froid et sec des montagnes rocheuses rencontre l'humidité et la chaleur du Golfe du Mexique, reste une zone particulièrement propice à ce type de perturbations.
Some serious moguls over Breckenridge! #JustBeColorado pic.twitter.com/efcp1FxqLg
— Eric Darst - Actioneer 🗻 www.civilution.org (@heyehd) December 17, 2021
"Avec le réchauffement de l'air en provenance du Golfe du Lion, qui entre en contact avec celui, plus sec, des Cévennes", Philippe Tosi précise néanmoins que "l'axe Arles-Carcassonne" pourrait voir de plus en plus de vagues se former dans son ciel.
Un régal pour les yeux, certes, mais la multiplication de ces merveilles n'en demeure pas moins une mauvaise nouvelle. Elle s'expliquerait par le réchauffement climatique, et les intempéries qui vont avec en Occitanie.