Alors que bon nombre de maisons d’édition se sont retrouvées à l’arrêt pendant le confinement, à Nîmes, l’une d’entre elles, Nombre7, a poursuivi ses activités grâce à une méthode innovante qui lui a permis de traverser la crise sans difficultés.
Pendant deux mois, les librairies ont baissé leurs rideaux. Les maisons d’édition ont, dans leur grande majorité, cessé leur activité et placé leurs salariés en chômage partiel. Et pourtant, cette crise n’a eu aucun impact sur cette jeune société. La force de Nombre7 est sa capacité d’adaptation.
"Contrairement à nos confrères qui ont fermé leurs portes, il nous a fallu moins d’une heure pour déployer tout notre personnel en télétravail" affirme l’un des fondateurs Christophe Lahondès.
Une maison d’édition 100% numérique
La méthode de cette maison d’édition est simple : éditer des livres uniquement à la demande, le plus souvent à l’unité. Les commandes sont passées via des librairies en ligne ou du commerce électronique. Les ouvrages sont ensuite imprimés sur des lignes numériques chez des partenaires.
Nous fonctionnons sans intermédiaires, comme une sorte de circuit court de l’édition, Christophe Lahondès.
Nombre7 éditions promet aux auteurs de traiter les manuscrits dans les 15 jours. Chacun d’entre eux est accompagné du projet jusqu’aux salons du livre. Il a la possibilité de connaître en temps réel ses ventes et le montant de ses droits d’auteurs. Et il peut percevoir ceux-ci au fur et à mesure, avec une rémunération de 30%, trois fois plus que la moyenne habituelle.
"Les auteurs sont les moins bien payés de la chaîne"
Christophe Lahondès regrette que les auteurs soient les oubliés de la chaîne. "Ce sont les moins bien rémunérés. Voilà pourquoi ils sont au centre de notre projet. D'ailleurs, la visibilité que nous leur offrons est identique quel que soit le livre". Et de citer l’exemple d'un auteur dont l’ouvrage autobiographique de 80 pages, tiré d’abord à 60 exemplaires, fait l’objet de demandes quotidiennes depuis le 1er novembre. "Le bouche-à-oreille sur les réseaux sociaux fonctionne à merveille."
Ce système d’impression à la demande œuvre aussi pour le bien de la planète. L’absence de stocks évite le gaspillage. "En France, précise le gérant de Nombre7, un titre est diffusé en moyenne à 6.000 exemplaires. Moins de 10% sont vendus au cours de la première année et, au bout du compte, 25% finissent au pilori".
Une croissance de 75% en deux ans
Cette jeune maison d’édition nîmoise a ainsi enregistré une croissance de 75% ces deux dernières années. Six emplois ont été créés en deux ans et une septième personne est sur le point d'être embauchée. Et de nombreux projets sont à l’étude : des groupes Facebook animés par les auteurs, un concours d’écriture ou encore une chaîne sur YouTube pour présenter les ouvrages.
Et, preuve que les librairies traditionnelles ne sont pas des concurrents, Nombre7 les approvisionne à la demande, sans frais de port, leur garantissant une marge de 30%. C’est d’ailleurs avec l’une d’entre elles, Sauramps à Alès, qu’elle prépare un salon d’auteurs pour le mois de septembre prochain.