Orano démantèlement fermera en décembre 2025. Conséquence parmi d'autres : le Comité social d'établissement de cette entreprise est propriétaire des infrastructures de tennis et de tir sportif où les clubs de Bagnols-sur-Cèze (Gard) exercent et investissent depuis plusieurs décennies.
C’est une aubaine qui prend des allures de catastrophe. Depuis quarante ans, les clubs de tennis et de tir sportif de Bagnols-sur-Cèze exercent en pleine nature, sur des infrastructures gratuites. Gratuites car le complexe appartient au Comité social d'établissement (CSE) de l’entreprise locale Orano démantèlement, avec qui les clubs ont passé un accord idéal.
C’était sans prévoir les aléas du privé. Car Orano démantèlement, la branche de l'entreprise Orano installée sur le site nucléaire de Marcoule (Gard), mettra la clef sous la porte au 31 décembre 2025. Le CSE, qui disparaîtra avec sa maison mère, se retrouve alors contraint de vendre ses terrains. Et envisage d’accepter l’offre à 193 000 € d’un particulier.
Une "propriété morale" des clubs ?
Pour les clubs, c’est intolérable.
On joue sur ces terrains depuis 40 ans (...) Toutes ces années, des bénévoles ont donné de leur temps et de leur argent pour entretenir le club-house et les installations (...) Ils préféraient vendre ça à un particulier plutôt que de pérenniser les associations sportives de la ville.
Michel Boisson, président du Tennis club Bagnols Marcoule
Même son de cloche chez le vice-président du club de tir sportif Jean-Pierre Vialle, qui souhaite faire reconnaître “la propriété morale” des adhérents sur les infrastructures. De son côté, le maire de Bagnols-sur-Cèze Jean-Yves Chapelet déplore que des syndicats -qui dirigent le CSE et "œuvrent pour le bien-être de leurs salariés”- délaissent les intérêts communaux pour “des histoires de gros sous”.
La mairie et les clubs ont proposé de racheter le complexe pour 100 000 €, une offre qu’ils estiment en réalité équivalente à 170 000 € si l'on tient compte des 70 000 € investis par leurs associations pour construire le centre de tir et rénover les terrains de tennis en synthétique.
L'intérêt des salariés
Si les associations ont embelli et fait vivre le lieu, pour le CSE, en termes de rentrée d'argent, ce sont bien 93 000 € qui séparent l’offre des clubs de celle de l’acheteur privé. Une somme non négligeable pour ce comité destiné à défendre des salariés menacés.
“On ne peut pas s’asseoir dessus. Comment l'expliquerait-on aux salariés ?”, réagit la secrétaire du CSE Perrine Hoquet, venue rappeler que la fermeture d'une "entreprise historique du territoire", laissant 110 Gardois sans emploi, est un autre sujet de préoccupation pour Bagnols.
Selon elle, sa structure avait dans un premier temps adressé aux clubs une proposition de vente à 150 000 €. Aujourd'hui, on ne sait pas si les parties sont encore enclines à négocier, dans l'intérêt d’un maximum de Bagnolais.