Le procès sur les soupçons de matchs truqués en Ligue 2 en 2014 se poursuit cette semaine. Mardi, les débats se sont portés sur la notion "d'arrangement". Neuf hommes, dont d'anciens dirigeants du club de Nîmes, sont jugés au tribunal correctionnel de Paris jusqu'à vendredi.
Que signifie "arranger un match" ? Les débats au procès des soupçons de matchs arrangés de Ligue 2 de football en 2014 achoppaient mardi sur les définitions très personnelles des prévenus sur cette question.
Après une après-midi d'explications parfois confuses portant sur trois matchs litigieux de Nîmes en fin de saison 2013-2014 (contre Dijon, Brest et Laval), le président du tribunal correctionnel de Paris a lâché, fataliste : "Je crois qu'on butera toujours sur la même problématique, la définition d'arrangement."
Ce terme, maintes fois entendu dans les écoutes téléphoniques et déclarations des protagonistes pendant l'enquête, fait l'objet de redondantes discussions sémantiques depuis le début de ce procès lundi où neuf hommes sont jugés.
Entre favoriser une équipe pour qu'elle gagne et faire que l'autre perde, il y a une nuance, c'est pas la même chose
Ainsi, l'intermédiaire Franck Toutoundjian, proche de Nîmes, a expliqué au sujet du match Dijon-Nîmes d'avril 2014 "avoir mis des gens en relation, en contact, pour rendre service à un copain". Sans succès : Nîmes avait perdu 5 à 1.
-"Que voulait le copain, avoir un résultat sportif favorable ?" a interrogé le président.
- "Oui, certainement".
- "Influencer le résultat en dehors de la rencontre ?"
- "Y'a pas que ça, on peut obtenir des résultats en obtenant de bonnes informations", a répondu Toutoundjian, par exemple sur l'état de forme des adversaires. "Entre favoriser une équipe pour qu'elle gagne et faire que l'autre perde, il y a une nuance, c'est pas la même chose".
- "Vous avez reconnu avoir tenté d'arranger le match, ce sera au tribunal de définir ce que veut dire arranger", avait conclu le président.
Arranger, ça veut pas dire spécialement qu'il y a corruption
L'ex-actionnaire principal de Nîmes, Serge Kasparian, avait pour sa part assuré qu'"arranger, ça veut pas dire spécialement qu'il y a corruption" : "On peut arranger une équipe, une manière de jouer."
Mardi, il paraissait serein quant à l'issue du procès. "Je pense qu'il n'y a pas grand chose dans le dossier, il y a peut-être eu des maladresses, mais pas de mauvaises intentions", assure-t-il.
L'homme d'affaires Michel Moulin a lui estimé que pour parvenir à "arranger un match", "depuis le match (truqué) OM-Valenciennes, y'a plus d'autre solution, il faut payer".
Il s'est simplement contenté d'avoir des renseignements techniques et tactiques, mais il n'a jamais demandé à ce que le match soit arrangé
Mis en cause dans cette affaire, Michel Moulin a témoigné à l'audience ne pas avoir demandé à ce que le match de Nîmes face à Dijon soit truqué. "Il s'est simplement contenté d'avoir des renseignements techniques et tactiques, mais il n'a jamais demandé à ce que le match soit arrangé", affirme son avocat, Me Patrick Maisonneuve.
Les anciens propriétaires de Nîmes sont soupçonnés d'avoir tenté d'arranger sept matchs de la fin de saison 2013-2014 pour éviter au club qu'ils venaient de racheter une relégation en National. Sans qu'il soit établi que ces tentatives, menées parfois à l'aide d'intermédiaires, aient été fructueuses.
Le tribunal examinera ce mercredi le match au coeur de l'affaire : un nul contre Caen, qui avait permis au club normand d'accéder à la Ligue 1 et aux Nîmois d'éviter la relégation.