C'est un chantier en mouvement. Un train usine travaille de nuit entre Nîmes et Beaucaire (Gard) en ce moment pour renouveler tous les éléments de la voie ferrée. Une modernisation du réseau prise en charge à 100% par la SNCF, avec le souci du recyclage et de la réutilisation.
Dans un bruit assourdissant, le train usine s'étire sur 750 mètres. Tel un monstre géant, la dégarnisseuse avale le vieux ballast digéré dans ses entrailles pour être trié par des tamis vibrants. C'est le criblage. Avant d'être pour partie réutilisé sur la nouvelle voie, soulevée au fur et à mesure de l'opération.
"Le ballast est criblé par la dégarnisseuse cribleuse, il est ensuite envoyé en base arrière pour être recriblé, traité et envoyé sur un autre chantier", explique Victor Legoy, directeur de travaux Eiffage.
Chacun des 40 wagons bennes récupère ainsi 55 tonnes de ballast réutilisable. A quelques kilomètres en aval, un autre train précède le convoi. Les anciens rails sont découpés au chalumeau par tronçons.
Un mètre de rail pèse 60 kilos, une traverse 200 kilos. Il faut deux pelles d'une puissance phénoménale pour les dégager de la voie. Avant de connaître de nouveaux usages. "Les matériaux que l'on dépose ici cette nuit et pendant les mois qui suivent et ceux passés, vont être utilisés sur les lignes d'Occitanie, sur la ligne de l'Aubrac et la ligne des Cevennes. Cela va nous permettre de réemployer ces traverses, ces rails et ce ballast", détaille Catherine Trevet, directrice SNCF réseau Occitanie.
Un kilomètre par nuit
Un autre engin futuriste entre alors en scène. Il déroule le nouveau rail, tout en allant chercher avec un système de nacelle les traverses qu'il pose une à une tous les 60 cm.
Un système automatique se charge de serrer les attaches de la voie. L'ensemble de ce chantier mouvant draine plus de 300 personnes."Il y a une grosse préparation, on est sur un chantier à un million d'euros la nuit. Donc cela se prépare et on le prépare depuis trois ans avec l'équipe "projet". Tout ce qui va être acquisition de données, sondages, travaux connexes aussi avant les chantiers principaux", conclut Cyril Aberlenc, pilote d'opération SNCF réseau.
La modernisation des 45 kilomètres bientôt achevés entre Nîmes et Beaucaire se chiffre à 80 millions d'euros. Cette nuit encore, près d'un km de voie aura été renouvelée.
Écrit avec Alexandre Rozga.