Les Gipsy Kings ont vendu 25 millions de disques à travers le monde. Dans un livre, Chico, l’un des cofondateurs, raconte les débuts du groupe, Saint-Tropez et les rencontres avec des stars comme Brigitte Bardot, ses désillusions, et son rôle d'envoyé spécial pour la paix à l'UNESCO. Il participera avec son groupe, "Chico et les Gypsies", à un concert de charité à Nîmes, mardi 19 novembre.
"Djobi, djoba", "Bamboleo", deux méga tubes. "Semaine après semaine, on grimpait les échelons du Top 50 en se frottant à des tubes comme « Bad » de Michael Jackson, « Joe le taxi » de Vanessa Paradis, « Ella, elle l’a » de France Gall, « Sans contrefaçon » de Mylène Farmer ou encore « Who’s that girl » de Madonna".
Rumba catalane
A la fin des années 80, la France vit au rythme de la rumba catalane. Mais pas seulement, en Europe, aux Etats-unis ou en Australie également. Les Gipsy Kings sont des stars.
Le groupe est né à Arles. À sa tête, Chico, de son vrai nom Jahloul Bouchikhi. Il réunit deux grandes familles de gitans d'Arles et de Montpellier et cofonde le groupe Los Reyes dans les années 70. "Mon enfance a été marquée par l’image du cheval de Camargue Crin-Blanc. Très vite sont apparus d’autres chevaux sauvages : les gitans ".
Direction Saint-Tropez
Direction Saint-Tropez : Tahiti Plage, le Club 55, le Moorea Plage, La Voile rouge, L’Esquinade. Avec toutes ses célébrités. Mais les débuts sont difficiles, à courir le cachet. "Je cumulais les rôles : manager, leader, guitariste, comptable, chauffeur, styliste et même coiffeur. Le soir, je faisais les brushings. Je suis devenu le porte-parole du groupe. J’étais le trait d’union avec le monde extérieur", raconte Chico dans son autobiographie: "Chico, sous les étoiles gitanes, ma vie avec les Gypsies" (Editions Robert Laffont).
Avec Brigitte Bardot, une amitié est née. Tout à coup, notre statut a changé.
Chico
Mais Saint-Tropez est "The place to be" et plusieurs rencontres vont changer la vie de Los Reyes en "The Gipsy Kings." Enrico Macias va leur proposer de jouer en première partie à l'Olympia pendant trois semaines puis Brigitte Bardot: "Une amitié est née. Tout à coup, notre statut a changé à Saint-Tropez".
"Un Maghrébin et des gitans chantant en catalan gitan, portant un nom anglais, dégageant une énergie digne d’un groupe de rock – voilà, c’est la France," résume Chico.
Non aux Rollings Stones
Les Gipsy Kings sont en haut de l'affiche, ils font salles combles, cumulent les plateaux TV à une vitesse folle. Quitte à devoir faire des choix improbables. "Quand les Rollings Stones nous ont proposé d’assurer leur première partie lors de leur tournée aux Etats-Unis et au Canada, on a été flattés, mais on a gentiment décliné. On était épuisés".
Mais d'un jour à l'autre, tout s'arrête. En février 1991, Chico est exclu du groupe, accusé de dissimuler une partie des gains, ce qu'il a toujours réfuté. "Je me suis retrouvé seul. J’ai passé beaucoup de temps devant les tribunaux. Mon intégrité, je l’ai payée au prix fort. Le drame des Gipsy Kings est qu’ils ont été entourés de quelques charognards". Il a assigné en justice pour concurrence déloyale tous ceux qui se présentent sous l'appellation "Gipsy Kings".
Envoyé spécial pour la Paix
Chico créé un nouveau groupe mais devient surtout envoyé spécial pour la Paix pour l'UNESCO en 1996. Son frère, Ahmed, a été assassiné par le Mossad en 1973. Une bavure. En 1994, à Oslo, Chico, le Maghrébin, est appelé pour servir un message de paix entre les peuples israéliens et Palestiens.
Avec sa nouvelle fonction, il se retrouve aux côtés de Yehudi Menuhin, le violoniste anglais, Mstislav Rostropovitch, le violoncelliste russe, et de Charles Aznavour qui deviendra un ami proche.
Si aujourd'hui, il a laissé sa place à d'autres envoyés spéciaux pour la paix, il poursuit sa démarche.
Concert de charité le 19 novembre à Nîmes
A la veille de la journée internationale des droits de l'enfant, les avocats du Barreau de Nîmes organisent un concert de charité, le mardi 19 novembre à 19 heures à la salle Paloma. Et une nouvelle fois, Chico et son groupe, Chico et les Gypsies, a accepté de répondre présent. Les fonds seront reversés aux associations Unicef, Alphe et Aspie Family, une association nîmoise qui accompagne les familles touchées par l'autisme.
Entretien avec Chico
Mon histoire, c'est un exemple de vie avec des hauts, des bas, des trahisons : tous les ingrédients d’une vie mouvementée mais je m’en suis sorti avec le sourire parce que c’est mon tempérament optimiste.
Vous écrivez : "petit à petit, les gens du voyage ont été perçus de manière plus positive dans la société." Tout cela, grâce à votre musique ?
Moi, j’ai vécu dix ans dans une caravane sous un pont à Arles. Avant de connaître le succès, les gitans qui se mettaient dessous, la police les faisait partir. Et à partir du moment où on a eu du succès, les policiers d’Arles nous ramenaient des paquets de lettres de fans qui nous écrivaient. Comme ils n’avaient pas l’adresse, ils mettaient "Gipsys Kings, commissariat d’Arles. Dans leurs têtes, ils devaient se dire qu’ils ont bien dû se faire arrêter une fois ! Les policiers nous les amenaient avec le sourire...
Racontez-nous la rencontre avec Brigitte Bardot ...
Il faut se remettre dans le contexte de l’époque, il y a 45 ans. On la rencontre pour son anniversaire. Une fête magnifique. Le lendemain, elle nous invite à la Madrague et il y a une amitié qui naît jusqu’à aujourd’hui. À l’époque, on jouait dans des restaurants, on n’était pas connu du tout. Elle nous a manifesté une bienveillance incroyable. Ensuite, c’est elle qui venait à mes anniversaires en Camargue. Elle croyait en nous car elle appelait tous ses copains : Barclay, Guy Lux ...
Quand elle venait avec nous dans les soirées, elle me disait : "Tu dis que je suis ta grande sœur et que tu es mon petit frère".
Pendant 25 ans, j’ai pris mon bâton de pèlerin en forme de guitare et je suis parti promouvoir la paix, la tolérance et la fraternité.
Vous devenez envoyé spécial pour la paix de l'UNESCO dans des circonstances assez incroyables ?
Pendant 25 ans, j’ai pris mon bâton de pèlerin en forme de guitare et je suis parti promouvoir la paix, la tolérance et la fraternité. Quand je vais jouer pour Simon Perez et Arafat, en Norvège, dans le pays où mon frère a été assassiné, ils représentaient ce pourquoi mon frère avait été assassiné. Et le soir, quand on joue, les deux me serrent la main. C’est devenu une belle image de pardon. L’UNESCO a été très touché par mon histoire et je suis devenu le premier ambassadeur pour la paix.
Mardi 19 novembre, vous participez à un concert de charité à Nîmes, doit-on y voir une suite logique à votre investissement à l'UNESCO ?
J'ai fait de nombreux galas pour l'enfance en détresse en général. Il faut encourager ce type d'initiative. Je le fais de bon cœur, moi et mon groupe.
Vous sortez un nouvel album avec votre groupe "Chico et les Gypsies". En quoi est-il différent des autres ?
Je ne suis pas d'origine chrétienne et je vais chanter dans les églises. Nous avons enregistré des chansons que nous avons mélangées avec les nôtres dans le respect du lieu avec ce côté spirituel et sacré. Il y a aussi des chants de Noël. C'est un album de dix titres. On ne s'était jamais approprié ce type de répertoire et nous sommes très heureux de l'avoir fait.
Le premier concert de cette nouvelle tournée des églises et des cathédrales s'est tenu à Annecy, le 1er novembre. Elle se terminera le 20 décembre à la collégiale Notre dame aux anges de L’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse.