"Tu me mets une forêt et un lac, je n'ai pas besoin d'autre chose", portrait d'une jeunesse tiraillée entre ville et campagne

A travers des témoignages et l'histoire d'Anaïs, des lycéens de zones rurales se retrouvent face à un dilemme crucial : partir pour étudier et travailler en ville ou rester dans leur village natal. L'exode rural, souvent perçu comme inévitable, le film "la mélodie des champs" questionne leurs aspirations et leur attachement à leurs racines.

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Documentaire "La mélodie des champs". Un film de Sandrine Mercier à voir sur france.tv. Écrit par Sandrine Mercier et Juan Hidalgo. Une coproduction France Télévisions, les Films du Sud, Veo production.

Dès les premières minutes de son film, la réalisatrice Sandrine Mercier plante le décor. Les images super 8 ravivent ses souvenirs d’enfance : la vie à la campagne avec ses parents, les premières notes de cuivre "la nostalgie m’envahit explique-t-elle. Je ne savais pas qu’un jour je regretterai ce paysage"  

Ce paysage c’est la région de Nogaro dans le Gers. C’est ici que Sandrine a passé son enfance. Une petite commune du Sud-Ouest en plein cœur des terres du Bas-Armagnac, connue pour son circuit automobile, ses champs de blé, ses tournesols, ses vignes et sa …banda. Une zone rurale comme une autre, mais avec une culture et des traditions bien ancrées. 

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Anaïs 17 ans, a intégré la banda depuis ses 9 ans, fanfare symbolique du Sud-Ouest. ©Une coproduction France Télévisions, les Films du Sud, Veo production

Partir ou rester, tel est le dilemme

Ici, dans cette zone rurale gersoise et après leur bac en poche, les jeunes doivent faire face à un dilemme : partir dans une grande ville faire des études, ou rester au pays parmi les leurs ? Sandrine avait leur âge lorsqu'elle est partie et à l'époque, elle avait une seule idée en tête : "quitter cette cambrouse !". 

Aujourd'hui, de retour au pays, elle se questionne. 

Au fond, c’est quoi réussir sa vie ? Faire un burn out à 40 ans et avoir une rolex à 50 ?

Sandrine Mercier, réalisatrice

Et pourquoi faudrait-il partir ? 

Un groupe de jeunes lycéens de Nogaro sont en classe avec leur professeur. Ils évoquent la diagonale du vide. Une large bande traversant le territoire français du Nord-Est au Sud-Ouest en passant par le Massif-Central, caractérise une faible densité de population. Marqué par l’exode rural et le dépeuplement, Nogaro est à la limite. Mais tous ne sont pas d’accord  "Non, le Gers n’est pas vide !" dit l’une des élèves. "Les parisiens n’ont qu’à venir (…)".

Une lycéenne évoque son souhait de s'orienter vers un métier de culture et de communication. Elle explique ne pas avoir d’autre choix que de partir, les possibilités dans la région étant trop restreintes, voire, inexistantes. Difficile d’évoluer dans ce secteur d’activité en zone rurale. Tandis qu’un autre déclame avec un naturel désarmant : "C’est parce que les gens ne savent pas s’occuper. Moi, tu me mets une forêt et un lac, je n’ai pas besoin d’autre chose (rires !)".

Pour moi le Gers, c’est le confort et la tranquillité et j’aimerais ne pas lâcher ça…pour la vie.

Un lycéen

Il y a aussi ceux, comme ce viticulteur, qui a choisi de revenir, reprendre l’exploitation viticole que ses parents, grands-parents et arrière-grands-parents entretenaient avant lui. Une histoire de transmission familiale. 

La banda, une deuxième famille

Et puis il y a Anaïs, personnage principal du film. À 17 ans, elle est en terminale à Nogaro, à quelques kilomètres de chez elle. Elle fait partie de ces jeunes qui prennent le bus le matin en pleine campagne pour se rendre au lycée. On imagine tout à fait Sandrine au même âge. 

L’adolescente a intégré la banda depuis ses 9 ans et joue de la flûte traversière. Cette fanfare emblématique du grand Sud-Ouest est sa deuxième famille.

Joyeuse, festive, cette musique est indissociable de la culture régionale, du Gers, aux Landes et même, au-delà. Très ancrée, elle s’invite à tous les moments festifs, des fêtes de Nogaro aux villages alentour, aux manifestations culturelles et sportives de la région.

Synonyme de convivialité, solidarité et de lien social, elle reflète l’ambiance conviviale du Sud-Ouest. C’est ici aussi qu’Anaïs retrouve ses amis. "À l’école de musique, pour les jeunes c’est presque naturel d’y venir" explique le professeur de musique. "C’est la musique de leur culture, de leur village"

Quand arrivent les fêtes de village, Anaïs est en première ligne, s'en donnant à cœur joie. Des moments incontournables :

On danse, on rit, on trinque, c’est la mélodie du bonheur.

Sandrine Mercier, réalisatrice

Après son bac, Anaïs envisage de faire des études de langues. Bien intégrée dans la vie du village, choisira-t-elle finalement de rester ou de partir faire ses études loin de sa famille et de sa région natale ?

Si vous êtes à la banda, les gens sont fiers de vous voir. Vous êtes reconnus et ici, on vous remercie de continuer cette musique.

Le professeur de musique

Alors, pour réussir faut-il donc partir ? 

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