Témoignage. Un maire à nouveau agressé : "J'ai voulu être élu pour développer mon village, pas pour qu'on me tape dessus"

Publié le Mis à jour le Écrit par Catherine Léhé

Samedi 30 septembre, Jérémy Lagarde, maire de Miradoux dans le Gers, a reçu deux coups-de-poings au visage alors qu'il essayait de s'interposer auprès d'un démarcheur sauvage. Il revient sur son agression, la seconde en 6 mois.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le sujet n'est pas nouveau. Depuis plusieurs mois, de nombreux élus locaux alertent sur les agressions qu'ils subissent dans le cadre de leurs mandats. Les plaintes ont ainsi augmenté de 32 % en 2022. En juillet 2023, le gouvernement a annoncé une série de mesures afin de lutter contre les agressions d'élus et aider les maires qui recourent à la justice. Le samedi 30 septembre, le jeune maire de la commune de Miradoux dans le département du Gers a été frappé. La deuxième agression en moins de six mois. Jérémy Lagarde témoigne avec émotion de cette situation.

Pouvez-vous nous raconter votre agression ? 

Cela s'est passé, samedi 30 septembre 2023, vers 10h30. Comme tous les samedis matin, j'allais à la rencontre des habitants. L'un d'entre eux, m'alerte sur une voiture qui vient d'arriver, avec deux occupants qui font du porte-à-porte. Je vais à sa rencontre. Le monsieur me confirme qu'il fait du porte-à-porte pour trouver du boulot. Je lui rappelle qu'il faut venir à la mairie pour s'identifier et qu'on puisse avertir les habitants.Il me lance : "de toute façon, nous on fait ce que l'on veut, vous n'avez rien à dire." Je lui signale que je suis le maire. Il me répond : " Vous pouvez être le maire, on s'en fout." J'ai pris la plaque d'immatriculation en photo. Et cela ne lui a pas plu. Il sort du camion, virulent, me demande de retirer la photo de mon téléphone. Il me met un premier coup-de-poing au visage pour récupérer le téléphone qui tombe par terre. Il essaie de le récupérer, mais j'arrive à le reprendre avant lui. D'autres habitants dans la rue se mettent à crier. Un voisin s'interpose. Mon agresseur me demande de lui prouver que je suis bien le maire, je lui montre ma carte. Il me demande à nouveau la suppression de la photo. J'ai tenu bon. Il me traite de raciste. Je ne comprends pas pourquoi. Il essaie de reprendre le téléphone et me donne un second coup au niveau de la mâchoire. J'ai appelé les gendarmes et il est parti en me disant :" On reviendra !" J'ai bien sûr porté plainte. 

Vous aviez déjà été agressé une première fois au printemps ? 

C'est la seconde fois en l'espace de 6 mois. En avril, c'était un début de cambriolage. Je m'étais interposé en demandant à l'auteur d'arrêter. Je n'étais même pas sorti de la voiture qu'il m'a mis un coup-de-poing, puis m'a secoué avec la chemise que je portais. Aujourd'hui, pour cette nouvelle agression, j'ai 7 jours d'interruption temporaire de travail. Vendredi, je dois passer une radio. Je n'ai pas trop pu manger ce week-end. Il me tarde que mon agresseur soit arrêté et jugé.

Êtes-vous victime d'autres agressions au quotidien, même verbales ? 

Non, les agressions ne sont pas l'œuvre des habitants de Miradoux ou des alentours. On a eu une tempête le 20 juin dernier où nous avons eu beaucoup de dégâts sur la commune. Plus de 180 maisons ont été touchées, certaines sont détruites. Et dès le lendemain, on a vu des gens de nulle part débarquer pour faire des travaux. Cela crée des tensions. Sur le camion de mon agresseur, il était inscrit "tout type de travaux" sans aucun nom d'entreprise. Depuis la tempête, je demande aux démarcheurs de venir s'indentifier auprès de la commune pour que tout le monde soit au courant, à la fois la mairie mais aussi les particuliers qui vont les recevoir. Les gens de Miradoux ont peur de ces démarcheurs. On ne fait pas ce que l'on veut sur le domaine public et chez les particuliers. 

On vous sent traumatisé par cette nouvelle agression.

Dans la discussion, j'ai indiqué où j'habitais. En partant, ils m'ont dit "on reviendra". Cela m'a fait peur. J'ai aussi une vie de famille et j'ai peur pour mes proches. On a peur de sortir seul. Il y a un traumatisme, oui. Avant d'être élu maire, j'étais simple conseiller municipal. J'ai voulu être maire pour développer mon village pas pour qu'on me tape dessus ! Même si je reçois beaucoup de soutiens de la part du préfet, du sous-préfet, d'élus locaux, de l'association des maires et même des ministres comme Dominique Faure, j'attends une réponse forte de la justice. Pas seulement un simple rappel à l'ordre. Cela conditionnera le fait de rester maire ou pas. Sinon je resterai chez moi. 

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information