[EN VIDEO, LA CONFERENCE DE PRESSE DE LA PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE] Les auteurs du braquage du crédit Agricole de Bessières (Haute-Garonne) par les égouts en mars 2014 sont des malfaiteurs chevronnés, inspirés par un casse à l'ancienne tout en étant rompus aux nouvelles technologies
Le 15 mars 2014, ces cambrioleurs avaient emporté 2,5 millions d'euros, sans être inquiétés, dans une agence du Crédit agricole à Bessières (Haute-Garonne), durant le week-end, en empruntant un tunnel creusé à partir d'une canalisation de la ville débouchant sur la rivière.
L'alerte n'avait été donnée que le mardi matin, à la réouverture de l'agence , fermée depuis le samedi précédent dans cette petite commune rurale de
3.000 habitants, au bord du Tarn et à une trentaine de kilomètres de Toulouse.
Pour commettre leur forfait, les malfaiteurs avaient creusé "pendant de longs mois", à l'insu des habitants, un tunnel de 22 mètres, à la manière du "casse du siècle" à Nice en 1976. Albert Spaggiari et ses complices avaient alors dévalisé la Société générale après avoir creusé un tunnel d'accès depuis les égouts, jusqu'à la salle des coffres.
A Bessières, les cambrioleurs ne se sont d'ailleurs pas privés de faire un clin d'oeil au "gang des égoutiers" en apposant dans le tunnel une plaque de rue portant la mention "Route du paradis", en référence au livre de Spaggiari "Les égouts du paradis".
Au total, quatorze hommes, âgés de 30 à 55 ans, originaires de la région toulousaine, ont été interpellés le 5 avril dans plusieurs régions françaises (Paris, Tours, Reims, Languedoc) et en périphérie de Toulouse, mobilisant 200 gendarmes, dont le GIGN.
En vidéo, le rappel des faits de Tangi Kermarrec :
"Certains étaient intégrés, avaient un emploi, mais les principaux instigateurs ont déjà été condamnés ou sont mis en examen pour vols à main armée, détention d'armes, association de malfaiteurs", a précisé vendredi la procureur de la République à Bordeaux, Marie-Madeleine Alliot, lors d'un point-presse, alors que les quatorze suspects étaient en cours de déferrement.
Lors des interpellations, des armes, brassards de police, uniformes de gendarmes, gilets pare-balles, matériel de faussaire, ordinateurs, caméras, caméra-bouton, brouilleurs, balises de géolocalisation ont été saisis, a indiqué la magistrate.
Un lot de bijoux "de valeur", des stupéfiants ainsi que 60.000 euros en espèces ont aussi été découverts.
dans le cadre d'une "opération préparée de longue date", a expliqué le colonel de gendarmerie Eric Matyn, de la section de recherche de Toulouse, en charge de l'enquête, sous l'autorité de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux. Pour preuve, selon le colonel Matyn, "l'étayage parfait" du tunnel qui jouissait même d'un "éclairage", ainsi que le professionnalisme de l'équipe, rompue "aux techniques de contre-filature, à l'utilisation des réseaux sociaux, aux technologies de cryptage et de brouillage"."D'emblée, on a su qu'on était face à une équipe très organisée"
Au moment du cambriolage, deux centraux téléphoniques avaient été préalablement détruits, entraînant une coupure des réseaux téléphonique et internet. Or l'agence bancaire était dotée d'un système de vidéosurveillance et de détection d'intrusion fonctionnant avec des connexions téléphoniques.
En raison de la coupure, une personne victime d'une crise cardiaque, n'ayant pas pu être secourue, est décédée, a précisé la procureure de Bordeaux.
Le butin est officiellement de 2,5 millions d'euros. "L'hypothèse d'un coffre particulièrement visé a été étudiée, mais rapidement écartée", a précisé le colonel Matyn.
En 1976, le "gang des égoutiers" avait raflé 50 millions de francs à Nice, soit l'équivalent de 31 millions d'euros.