Le député (PS) Kader Arif, ancien secrétaire d'Etat et fidèle de François Hollande, votera contre l'élargissement de la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français et condamnés pour terrorisme, inquiet que les binationaux deviennent "à terme des Français de seconde zone".
"Oui, je voterai contre", a déclaré M. Arif sur France Inter mardi.
"Je suis quelqu'un qui s'exprime rarement, qui s'inscrit dans une fidélité qui n'a à souffrir de rien mais là, on touche à ce qui fait le fondement --pas seulement le mien-- de mon engagement comme militant socialiste d'une part mais surtout comme républicain, comme citoyen français né par ailleurs en Algérie", a expliqué le député de Haute-Garonne.
"Mon inquiétude, pour ne pas dire mon angoisse, celle de beaucoup de concitoyens, c'est d'être montré du doigt et être à terme des Français de deuxième zone", a-t-il ajouté.
Quid de Manuel Valls, qui a accusé une partie de la gauche de "s'égarer au nomde grandes valeurs" sur cette question ?
"Michel Rocard s'est égaré pendant la guerre d'Algérie ? François Mitterrand a suivi l'opinion pour abolir la peine de mort ? Je crois qu'on ne s'égare pas", a rétorqué M. Arif.
"Donner raison au FN, à toutes ces personnes qui pensent que l'ennemi c'est la cinquième colonne parce qu'ils sont nés ailleurs, qu'ils portent une autre couleur ou un autre nom, c'est justement renforcer ces thèses dans le pays."
M. Arif "respecte le président de la République de par sa fonction, l'homme qu'est François Hollande" qui a "pris les bonnes décisions" au plan extérieur et "a trouvé les mots justes" face au terrorisme. Mais "parce que je suis fidèle, le meilleur service à rendre au président est de lui dire qu'il y a beaucoup de concitoyens, au delà des militants socialistes, qui sont contre cela, qui ont des inquiétudes, qui ont peur".