Inondations : un mois après, à Saint-Béat les dégâts sont toujours visibles

Un mois jour pour jour après les terribles inondations dans les Pyrénées, la commune de Saint-Béat (Haute-Garonne) panse toujours ses plaies. Si le nettoyage est terminé dans les rues, les réparations continuent, dans les lieux publics comme chez les particuliers ou commerçants.

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Un mois jour pour jour. 18 juin, 18 juillet 2013. A Saint Béat (Haute-Garonne), ravagée par les flots de la Garonne ce 18 juin, les dégâts sont toujours visibles.

Nous sommes toujours en situation d’urgence.

Pour Hervé Perefarres, le maire de Saint Béat, « tout reste à faire », un mois après.

Le nettoyage recommence pour les habitations accessibles

Dans les rues du village, c’est comme un retour en arrière. L’arrêté de péril qui visait 17 habitations depuis le sinistre a été levé vendredi dernier. Le temps de mettre en place les travaux, le dégagement commence seulement.

Des bénévoles du Secours catholique s’activent pour sortir des pelletées de boue. La mairie a mis en place une circulation alternée dans la rue principale pour permettre d’installer des bennes. Les meubles souillés et divers débris s’y entassent.

Une bénévole du secours catholique déblaie la boue d'un salon de coiffure. Le bâtiment n'est accessible que depuis la levée de l'arrêté de péril. © Rémy Chidaine / France 3 Midi-Pyrénées

Les séquelles des torrents de boue se voient et se sentent

Lorsqu’on approche des habitations qui longent la Garonne, une odeur d’humidité mêlée de notes d’hydrocarbures et de remontée d’égouts imprègne les narines. La boue s’est infiltrée partout, se mêlant aux cuves de fuel et aux fosses septiques.

Les séquelles sont encore bien présentes, le village a été dévasté. La rue principale offre une succession de façades bouchées de planches, de vitrines cassées, de volets fermés. La boue a marqué son passage. Témoignage, une bande sombre qu’on retrouve régulièrement et qui atteint près de deux mètres de hauteur par endroit.

Au camping, un paysage chaotique

En bordure de torrent, une centaine de mètre en amont, le camping Théï La Garonnette offre un paysage chaotique. Un champ de boue, semé de caravanes déplacées, parfois éventrées. Didier Pignero, le gérant déblaie un monticule de débris.

© Rémy Chidaine / France 3 Midi-Pyrénées
« Le plus gros a été fait, minimise-t-il. Mais il y a encore de quoi. J’attends maintenant que les propriétaires de caravanes viennent les évacuer. Ensuite nous pourrons niveler, puis refaire les allées, les structures et les canalisations. »

Didier espère avoir le droit de remettre son terrain en état, et de relancer son activité. Mais pour l’été, aucun espoir. « De toute façon il n’y a plus d’herbe, l’endroit n’est plus accueillant. » Au mieux, le gérant espère être opérationnel pour la saison prochaine.

Le Casino noyé

Frédéric Valot, le gérant du Casino, a également vu son magasin disparaître sous les flots. « Je suis arrivé à Saint Béat au mois de septembre. On a tout refait à neuf. Et neuf mois plus tard, j’ai tout perdu en 30 minutes. »

Sur la façade, on aperçoit la marque laissée par les eaux. La boue est montée jusqu'à 1m75 dans le magasin, et 2m10 à l'arrière, dans la réserve. © Rémy Chidaine / France 3 Midi-Pyrénées
Réfrigérateurs et congélateurs noyés, toute sa marchandise est perdue. Dans le local, plus que les murs. Et les machines pour les assécher. Il a fallu revenir à zéro, tout est à refaire. « Pour tout retaper et remettre aux normes, il y en a bien pour quatre ou cinq mois de travaux. Heureusement, par rapport à d’autres j’ai la chance d’avoir un groupe derrière moi. »

Malgré tout, le nettoyage est déjà bien avancé dans certaines parties du village. « Quand l’eau s’est retirée, elle a laissée derrière elle environ 70 cm de vase dans les rues, ainsi qu’un enchevêtrement de voitures, de débris, d’électroménager », raconte Frédéric Valot. Un mois est passé, les rues ont été déblayées et nettoyées, un premier pas vers un retour à la normale.

Dans le village, la vie tente de reprendre

Tout doucement, la vie reprend. La Cave, café et cave à vin, a été le premier commerce à rouvrir ses portes. Le 6 juillet, « comme promis, pile pour le Tour de France », explique Henri Gutierrez, le propriétaire.

Les travaux ne sont que provisoire, mais avec l’aide précieuse d’amis, de la famille et de bénévoles, ils ont œuvré d’arrache-pied pour remettre en état un lieu de vie, tellement rare ces dernières semaines dans le village. Henri se sent d’ailleurs encore bien seul.

La Cave est pour le moment le seul commerce ouvert de la rue principale de Saint Béat. Un peu plus haut, un bureau de tabac, moins touché, subsiste également. © Rémy Chidaine / France 3 Midi-Pyrénées

Motivation fluctuante pour les commerçants

Les autres commerces sont pour la plupart soit en travaux, soit en attente de l’indemnisation de l’assurance. Un salon de coiffure a été déplacé dans de nouveaux locaux. Dans de telles conditions, difficile de conserver sa motivation. Le boulanger s’interroge d’ailleurs sur la poursuite de son activité.

En attendant de disposer de locaux en état, Frédéric Valot, lui, voudrait pouvoir obtenir l’autorisation d’ouvrir un magasin provisoire dans un préfabriqué, sur un parking. « C’est important de rouvrir un commerce de proximité en centre-ville. Surtout pour les personnes âgées. » Actuellement, l’Intermarché de Cierp-Gaud est la seule solution d’approvisionnement. A cinq kilomètres.

La solidarité, élément vital en cette période

Partout, les sinistrés saluent en tout cas l’élan de solidarité qu’ils ont senti autour d’eux. L’aide est venue des habitants moins touchés de Saint-Béat, des villages alentours, de Toulouse ou plus loin. Au camping, un homme est venu de Metz avec un camion.

L’aide et la reconstruction s’organisent maintenant. A la mairie, une habitante, Edyta Matejko, est spécialement employée en ce moment pour être le lien entre les différents acteurs. Sur le terrain, l’association Sauvons Saint Béat et le Secours catholique apportent toute l’assistance possible aux sinistrés.

Les bénévoles aident à évacuer de pleines bennes de boue. Certaines habitations dangereuses n'ont toujours pas pu être nettoyées depuis un mois. © Rémy Chidaine / France 3 Midi-Pyrénées

Les touristes, attendus mais parfois indésirables

L’une des grandes difficultés sera de redémarrer sans la saison touristique. Pour la plupart, elle sera au mieux mauvaise, au pire perdue. Quelques touristes passent malgré tout. Des habitués viennent dire bonjour, prendre des nouvelles. Certains ne rechignent pas à donner un coup de main.

Mais parmi les gens de passage, beaucoup de curieux également, qui insupportent rapidement les habitants. « Les premiers jours, on était encore dans la boue à déblayer qu’on voyait déjà des touristes, parfois venus en car, passer avec leur appareil photo contempler les désastres. A ce moment, c’est plutôt de l’aide qui aurait été bienvenue », confie Frédéric Valot.

Retrouver un élan

Si le retour d’une existence paisible prendra de nombreux mois, le village tient à retrouver un élan, susceptible de motiver les habitants. Le passage du Tour de France a été un réconfort. Le maintient du Festival de la sculpture et du marbre, du 6 au 27 juillet, redonne aussi du courage.

« Ce ne sera peut-être pas à 100% parfait, contrairement à d’habitude, se défend le maire. Mais nous en avons besoin pour retrouver une vie normale. »

Au milieu des bennes et des traces de boue, les habitants refleurissent le village pour ne pas perdre l'espoir d'un retour à la normale. © Rémy Chidaine / France 3 Midi-Pyrénées



DIAPORAMA : Plus de photos de Saint-Béat, un mois après les inondations.

 

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