Lancé en France il y a 18 ans par l'association l'Arbre des connaissances, le dispositif Apprentis-chercheurs permet à de jeunes Toulousains de découvrir - au plus près - le monde un peu secret des laboratoires de recherche.
Depuis la rentrée de septembre, à raison d'une fois par mois, 24 élèves du collège et du lycée Bellevue de Toulouse, traversent la route de Narbonne, direction le campus universitaire de Paul-Sabatier. Et plus précisément, le laboratoire de biologie intégrative (CBI). Non pas une simple visite mais bien une immersion dans le monde de la recherche : ces jeunes sont apprentis-chercheurs.
Le concept a été mis sur pied en 2004 par une association nationale, l'Arbre des connaissances, dont le but est d'intéresser "autrement les jeunes à la science et d'ancrer la recherche dans les territoires". En ayant pris connaissance il y a quelques années, Nadine Puget, chercheuse au CBI, a décidé de s'en emparer et de lancer le projet à Toulouse. Ont répondu à l'appel le collège Bellevue et le lycée du même nom.
Médiation scientifique
Cette année encore, 24 élèves en bénéficient. "J'ai trouvé vraiment fantastique, cette immersion de collégiens et lycéens au sein des laboratoires", dit Nadine Puget. "Un vrai engagement aussi, avec une dizaine de séances". Un projet qui s'inscrit pleinement dans la médiation scientifique devenue essentielle pour faire un pont entre le monde scientifique et le grand public, et particulièrement d'actualité, comme on a pu le voir tout au long de la pandémie de coronavirus.
C'est vraiment l'occasion de partager notre passion pour la recherche et les connaissances scientifiques.
Nadine Puget, chercheuse au CBI
Regroupés en binômes (un collégien et un lycéen associés à un chercheur), ils réalisent un vrai projet de recherche sur une année scolaire. Et restitueront leurs travaux en fin d'année.
"Opportunité exceptionnelle"
"L'intérêt était clair depuis le début", explique Vivien Freiss, professeur de SVT (sciences et vie de la terre) au collège Bellevue. "Quand l'association l'Arbre des connaissances nous a proposé ce dispositif, pour les élèves, c'était une chance énorme d'avoir un vrai accès à un travail de recherches".
Nous, au collège, on travaille tout le raisonnement scientifique mais ça reste limité avec le matériel qu'on a. Là, ils ont eu tout de suite accès à du matériel de professionnels, avec du matériel de qualité qu'on ne peut pas envisager d'avoir un jour dans un établissement scolaire. C'était pour eux une opportunité exceptionnelle.
Vivien Freiss, professeur de SVT au collège Bellevue
Une chance dont ils ont bien conscience, ces jeunes collégiens et lycéens. Roméo, élève de première, veut devenir médecin : "J'avais envie de découvrir comment fonctionnent certaines technologies comme les microscopes. On n'a pas des microscopes aussi avancés".
Travailler avec un chercheur, c'est une opportunité qu'on n'a pas souvent. Il y a un certain fantasme autour de la recherche et c'est bien d'être au cœur du sujet et finalement, ça me donne aussi envie de devenir chercheur.
Roméo, élève de Première au lycée Bellevue
"Une science interactive et humanisée"
Lever un coin de voile sur le mystère de la recherche, c'est bien aussi l'objectif de ce dispositif ambitieux. "Ils pensaient que c'était très solennel, le travail dans un laboratoire", explique Benoît Cadrieu, professeur de SVT au lycée Bellevue de Toulouse. "Et en fait, ils s'aperçoivent qu'on fait de la science de manière très collaborative, très détendue, que le droit à l'erreur est très toléré, et même encouragé".
Ils perçoivent cet aspect de la science, qui sort un peu de son carcan, et qui devient très vivante, très dynamique, très interactive et très humanisée.
Benoît Cadrieu, professeur de SVT au lycée Bellevue
Et puis, il y a eu tout le bien apporté par la rencontre entre les collégiens et les lycéens. La différence de niveau est énorme, rappelle Vivien Freiss, et ce que les lycéens ont appris des chercheurs, ils ont pu, en quelque sorte, le "traduire", le vulgariser pour les plus jeunes. "J'en tire une très bonne expérience", se réjouit Mael, élève de Troisième au collège Bellevue. "C'était très enrichissant de faire des manipulations, de découvrir le monde de la recherche vu qu'on en a une idée assez abstraite. Et puis, ça permet de rencontrer des gens plus âgés, des élèves de Première, des chercheurs, donc ça fait du bien".
Le 1er juin, tous ces apprentis-chercheurs se retrouveront lors d'un congrès à Toulouse. L'occasion de présenter à leurs camarades, professeurs et familles, leurs méthodes et les fruits de leurs recherches. La conclusion d'une année scolaire riche en découvertes.