L'avionneur européen veut accélérer ce samedi, si la météo le permet, son aventure vers la stratosphère, via un vol prévu dans le Nevada aux Etats-Unis du planeur Perlan 2 avec à son bord son président Tom Enders, qui sera un des co-pilotes.
Le vol est prévu vers 13H45 heure locale (20H45 GMT) et devrait durer entre une demi-heure et 2 heures mais il pourrait être repoussé de 24 heures si la pluie venait à tomber comme l'indiquent les prévisions météorologiques locales.
Un projet ambitieux
L'objectif de ce test, qui s'inscrit dans une campagne de vols débutée en mars dans la région montagneuse du Lac Tahoe (Nevada), est de confirmer qu'un équipage peut survivre dans des conditions similaires à celles sur Mars. Airbus et l'association Mission Perlan 2 à l'origine de ce projet ambitieux veulent tester l'ensemble du système de cet aéronef sans moteur, qui sera ainsi soumis pendant le vol à différents niveaux de vitesse, divers scénarios d'altitude et différents scénarios de stress et de vibrations. Ils espèrent obtenir les réponses aux questions suivantes :- Cet appareil est-il vraiment solide ?
- Peut-il résister à des sensations intenses, qui peuvent potentiellement le détruire ?
si le planeur peut de lui-même contenir la vibration à un niveau d'intensité faible. Outre la capacité à résister aux sensations fortes, "nous allons aussi tester s'il est possible ou pas de laisser les pilotes dans le planeur sans faire entrer l'air de l'extérieur et s'ils peuvent respirer l'air à l'intérieur du cockpit sans provoquer beaucoup de moiteur", explique à l'AFP Einar Enevoldson, fondateur et président de ce projet à but non lucratif. La moiteur est particulièrement mauvaise pour les équipements électroniques et embue les fenêtres. "Nous devons la contrôler", insiste M. Enevoldson.
Un planeur spatial
La mission Perlan 2 est un projet de planeur spatial développé par une association regroupant des spécialistes en ingénierie et aérospatial. Airbus,qui envisage de construire des avions pouvant voler à des altitudes supérieures aux moyennes actuelles, a fait une donation pouvant aller jusqu'à 4 millions de dollars et est devenu l'un des plus importants donateurs.
D'une envergure de plus de 27 mètres pour quelque 816 kilos, ce planeur, qui utilise les courants ascendants pour prendre de l'altitude, a été conçu pour planer sur des ondes jusqu'à 90.000 pieds (27.400 mètres) d'altitude bien que la densité de l'air à ce niveau ne représente que 2% de celle rencontrée en mer. Le système de pressurisation est censé maintenir la cabine à une altitude pression de 4.572 mètres (15.000 pieds), selon Airbus, ce qui évite de porter de lourdes combinaisons.
Collecter des informations
Perlan 2, qui ambitionne de battre en 2016 le record d'altitude en volant jusqu'à la stratosphère, est censé aussi collecter des informations pour aider à lutter contre le réchauffement climatique car il pourra aller jusqu'aux portes de l'espace étudier l'atmosphère.Le vol test prévu ce samedi vise aussi à confirmer le calendrier annoncé pour effacer le record d'altitude de l'avion de reconnaissance SR-71 Blackbird qui avait volé en 1976 à 25.900 mètres d'altitude, explique Einar Enevoldson. "Nous ne déploierons pas l'aéronef en Argentine si on n'est pas certains qu'on peut voyager jusqu'aux portes de l'espace en toute sécurité", déclare l'ancien pilote.
L'équipe de Perlan 2 prévoit de s'installer à Buenos Aires d'ici la fin de l'année parce que les ondes y sont alimentées par le vortex polaire jusqu'à la stratosphère et parce qu'elle veut profiter des forts courants provoqués par la cordillère des Andes. Les ondes servant à assurer la sustentation de Perlan 2 sont en effet générées dans les régions montagneuses.
Airbus veut associer son nom aux innovations de l'industrie aérospatiale
En prenant part à ce projet qui renvoie à l'âge d'or des premiers aventuriers de l'espace, Airbus essaie d'associer son nom aux innovations en cours dans l'industrie aérospatiale sous l'impulsion des milliardaires américains Elon Musk (SpaceX, Tesla) et Jeff Bezos (Blue Origin, Amazon) qui se livrent àdistance un duel dans les lanceurs. "Nous voulons faire partie des perturbateurs de notre industrie", indique-t-on auprès du groupe européen.