Associations et syndicat demandent le décrochage "d’une fresque sexiste" dans les locaux de l'internat de Purpan

Alerté par l’association Osez le féminisme 31 et un collectif d’usagères de l’internat de l’hôpital Purpan, le syndicat Sud du CHU de Toulouse demande à la direction le décrochage "d’une fresque pornographique", située dans le réfectoire de l’internat.

Une femme à moitié dénudée, à quatre pattes, devant des ordures, des hommes et des femmes nues dans des positions sexuelles, cette fresque pornographique de 2 mètres sur 3, accrochée sur le mur de la cantine de l’internat suscite l’indignation et le dégoût de salariés de l’hôpital.

"Des images dégradantes, cette fresque est contraire au respect de la dignité humaine et aux valeurs portées par le service public", explique Isabelle Prono, membre du syndicat Sud du CHU de Toulouse et du CHSCT de l'établissement.

Le syndicat a déposé ce samedi 23 octobre une procédure d’alerte pour danger grave et imminent auprès de la direction générale et du directeur des Ressources Humaines. Cette action est soutenue par l’association Osez le Féminisme 31 et le collectif Jeudi11-2. L’Inspection du travail a également été saisie.

Dans un courrier, l’organisation syndicale demande à la direction le décrochage de cette fresque pornographique et de prendre des mesures fortes "pour en finir avec ces affichages indignes et choquants".

Une deuxième "fresque pornographique" dans les locaux de l'internat de Purpan

C’est une salariée, Gaëlle, membre du collectif "Jeudi11-2" (collectif usagère.es de l’internat de Purpan créé en 2018) dans le domaine médical, qui a donné l’alerte et saisi l’association Osez le Féminisme 31.

L'affichage a fait son apparition trois ans après le décrochage d’une précédente fresque du même genre. Déjà en 2018, la direction avait ordonné son retrait. Mais depuis cet été, à la plus grande stupeur des collectifs, un nouveau dessin trône dans le réfectoire de l’internat.

Cette salariée, qui souhaite rester anonyme, explique que des travaux de réfection ont été réalisés à la cantine, mais que le personnel ne s’attendait pas à voir "réapparaitre une autre fresque du même genre".

"Globalement, cela représente des médecins, certains chefs de service, des médecins femmes et hommes dans des positions qui sont clairement sexuelles et dégradantes avec des liens de domination et d’humiliation. C’est clairement une fresque pornagraphique", explique Gaëlle.

 "Trois ans après, rebelote !", s’indigne Isabelle Prono, membre du syndicat Sud du CHU  :

Une nouvelle fresque fait son apparition exactement au même endroit dans l’internat de Purpan à Toulouse". Les usagères se sont émues de ces images dégradantes placées sous leurs yeux lors du déjeuner ou pendant leur pause.

Isabelle Prono milite également au sein de l’association "Osez le féminisme 31" et regrette que la situation reste au point mort, "après le mouvement Meetoo, la libéralisation de la parole des professionnels de santé femmes qui décrivent ce qu’elles subissent pendant leurs études de médecine, c'est le retrour au point zéro".

La fresque n'a pas de signature

Qui a bien pu commander la réalisation de la fresque ? C’est la question que se pose Gaëlle. Selon elle, il s’agit d’une fresque vivante et évolutive, "probablement réalisée par des étudiants des Beaux-Arts". Nous sommes tous choqués mais tout cela est très opaque. On pense que c’est le syndicat des internes qui a passé commande, on ne voit pas qui d’autre pourrait décider de cela, mais clairement on en sait rien". Mais le doute est réel, "en 2018, le syndicat des internes s’était opposé au décrochage de la première fresque. C’est un syndicat puissant, c’est le syndicat des futurs médecins et chefs de service, ce n’est pas n’importe qui. Ce n’est pas non plus la secrétaire d’administration qui a pris seule cette initiative de rajouter une fresque, où elle est elle-même dépeinte dans une position extrêmement humiliante", rajoute Gaëlle.

La direction du CHU saisie

Le syndicat Sud du CHU de Toulouse a déposé une procédure d’alerte pour danger grave et imminent ce samedi 23 octobre et saisi l’Inspection du travail.

On a décidé de saisir la direction car on estime que cette fresque procède au harcèlement d’ambiance. On attend la réaction de la direction et on souhaite assister à une enquête administrative à laquelle nous avons convié l’Inspection du travail.

Isabelle Prono, membre du syndicat Sud CHU de Toulouse

 

"La direction doit prendre des mesures fortes, ce n’est plus possible"

Isabelle Prono rajoute qu’au-delà de cette procédure, le syndicat demande à la direction de prendre des mesures fortes. "Que de tels affichages soient interdits dans toute l’enceinte de l’hôpital, il faut en finir ce n’est plus possible aujourd’hui. Il faut que le CHU prenne des mesures fortes, qu’il y ait une véritable campagne de prévention du harcèlement sexuel".

Une procédure soutenue par l’association "Osez le Féminisme 31"

Dans ce dossier, c’est l’association antisexiste "Osez le féminisme 31" qui a alerté le syndicat Sud du CHU de Toulouse. Estelle, militante au sein de l’antenne toulousaine précise : "nous attendons la réponse de la direction avant d’activer nos réseaux, mais la direction doit prendre ses responsabilités et faire décrocher cette fresque qui est choquante, humiliante, sexiste.C’est une reprise du tableau d'Eugène Delacroix "La liberté guidant le peuple", version pornographique. Elle est placée dans un réfectoire d’un centre de soins où tous les jours les personnels mangent avec ces scènes dégradantes sous les yeux. Des scènes où sont représentés des médecins et professionnels de santé du CHU".

A l’heure où nous écrivons cet article, nous n’avons pas pu joindre le syndicat des internes ni échangé avec la direction qui, elle, dispose de 48 heures pour convoquer une enquête administrative.

Au regard du caractère pornographique de cette fresque nous avons décidé de ne pas la publier.

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