Vendredi 13 octobre, un professeur de français d'un lycée d'Arras a été poignardé à mort par un jeune homme fiché pour radicalisation. Une attaque terroriste qui jette le trouble dans la communauté éducative, trois ans après l'assassinat de Samuel Paty.
Quelques heures après le meurtre d'un enseignant, à Arras, c'est la consternation au sein de la communauté éducative française.
À Toulouse, à la sortie du lycée Stéphane Hessel, hier soir, si les élèves n'étaient pas tous informés de cette nouvelle attaque terroriste, les professeurs, eux, étaient sous le coup d'une vive émotion.
"La première réaction", explique Pierre Priouret, professeur de mathématiques et secrétaire général Snes-FSU, "c'est évidemment de l'émotion. Tout le monde est très très choqué par ce qui est arrivé à notre collègue, qui était dans l'exercice de ses fonctions auprès de ses élèves, et qui a essayé d'ailleurs de les protéger".
C'est une forme d'incompréhension aussi, même si l'école que nous représentons, qui se veut émancipatrice, qui développe le libre-arbitre des élèves, certains ne la supportent pas.
Pierre Priouret
"Nous, on continuera à exercer notre mission car je pense qu'elle est fondamentale. C'est le meilleur moyen de rendre hommage à notre collègue aujourd'hui."
Pour cet enseignant, "on est dans l'horreur. C'est sans commune mesure avec ce qu'on peut avoir parfois comme opposition. Là, on est vraiment dans quelque chose qui nous dépasse complètement".
A travers nous, c'est le symbole de ce que représente la France qui est attaqué.
Pierre Priouret
Le président Emmanuel Macron, qui a qualifié l'attaque de "terrorisme islamiste", a décidé de "mobiliser jusqu'à 7 000 soldats de la force Sentinelle, qui seront déployés d'ici à lundi soir et jusqu'à nouvel ordre", a indiqué l'Elysée samedi matin.
Faut-il pour autant barricader les écoles ? "Il ne faut pas tomber dans la psychose", plaide Pierre Priouret. "On a tous à perdre si on rentre dans cette logique. Nous, notre logique, c'est de former des esprits libres, d'accueillir tous les élèves, de les prendre là où ils sont pour les emmener ailleurs. Ce n'est pas en barricadant complètement l'école qu'on parlera à certains élèves".
Et comment, justement, parler de ces attaques aux élèves ? "Lundi, il y aura forcément des questions auxquelles il faudra répondre. C'est aussi le jour où on va rendre hommage à notre collègue Samuel Paty qui est mort dans les mêmes circonstances il y a trois ans.
C'est toujours des moments très difficiles pour nous car on touche à l'affect personnel.
On reste professionnel, on essaie d'éclairer les consciences, de faire comprendre aux élèves ce que représentent ces événements dramatiques. Continuer à les guider sur la voie de l'émancipation et de la réflexion personnelle, de l'esprit critique".