Un décret supprime la limite de 200 cigarettes qu’un particulier était autorisé à ramener d’un autre pays de l’UE. Les buralistes frontaliers craignent de voir chuter leurs ventes alors que près de 37% du tabac consommé en Occitanie provient déjà du marché parallèle.
Jusqu’à fin mars, un voyageur pouvait ramener en France 200 cigarettes, soit une cartouche, achetées dans un autre pays de l’Union Européenne. Mais un décret publié au Journal Officiel a mis fin à cette limite. Désormais les voyageurs pourront ramener autant de tabac qu’ils le souhaitent… tant que cela reste pour leur consommation personnelle.
Et c’est bien ce qui gêne le président de la confédération des buralistes en Occitanie, Thierry Arnaudin. « Faute de cadre réglementaire, les limites seront laissées à l’appréciation des douanes. Ce sont les agents qui devront déterminer s’il s’agit de tabac destiné à la consommation personnelle ou à la commercialisation [au marché noir, NDLR] ». Il redoute que les commerces installés à proximité de la frontière avec l’Espagne subissent de plein fouet les effets de cette limite. Un paquet de cigarettes vendu à 12€ chez eux est à 4,50€ chez leurs collègues espagnols.
36,9% du tabac issu du marché parallèle
Cette proximité avec la frontière crée une particularité pour les buralistes d’Occitanie. Car au niveau national, le président de la Confédération des buralistes estime que ce décret permettra de mieux lutter contre le trafic, "fléau pour le réseau des buralistes et pour les Finances publiques avec 3 à 5 milliards de pertes de recettes pour l'État".
"Les gens qui rentrent de l'étranger avec des cigarettes ou de la drogue, sont bien contents" : des douaniers en grève tournante à l'aéroport https://t.co/zafZZtBP8T pic.twitter.com/k30QPBBIEZ
— France 3 Occitanie (@F3Occitanie) March 22, 2024
Des pertes auxquelles participe l’Occitanie où 36,9% des cigarettes consommées sont issues du marché parallèle selon une étude menée pour la SEITA. Mais marché parallèle ne veut pas forcément dire marché noir. Cela comprend d’une part le tabac de contrebande et de contrefaçon mais aussi le tabac acheté légalement à l’étranger ou en duty-free. Avec la fin de la limite sur les quantités, ce marché parallèle pourrait donc fortement augmenter en Occitanie. Mais les douanes poursuivent leur lutte contre le tabac de contrebande. 27 tonnes ont été saisies en une semaine en France lors d'une vaste opération fin mars.
Comme ailleurs, les buralistes frontaliers ont diversifié leurs activités ces dernières années mais le tabac reste la principale raison de venir pour la majorité de leurs clients. Les prochains mois seront déterminants pour mesurer les effets de ce décret.