Le préfet de la Haute-Garonne vient d'annoncer de nouvelles mesures concernant les bars et restaurants après le passage en zone d'alerte renforcée à Toulouse. Dans une interview accordée à France 3 Occitanie, Philippe Belot vice-président de l'Umih 31, dénonce des mesures "invraisemblables".
Philippe Belot n'arrive plus à retenir sa colère. Vendredi 25 septembre, la préfecture de Haute-Garonne a pris de nouvelles mesures afin de faire face à l'épidémie de Covid-19 à Toulouse. A partir de lundi, les bars devront fermer à partir de 22h. Les restaurants et cabarets pourront ouvrir jusqu'à une heure du matin exclusivement les vendredis et samedis soir. Impossible de vendre et de consommer des alcools forts au-delà de 22 heures. Pour le vice-président Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de Haute-Garonne, c'est "toute une profession que l'on assassine."
France 3 Occitanie : Comment réagissez aux annonces de la préfecture ?
Philippe Belot : C’est à la fois de l’incompréhension et de la stupeur. C’est une mesure qui nous semble inefficace, absurde. C’est une mesure qui a été prise sans concertation avec la profession. Alors que depuis le début de l’épidémie nous sommes la profession qui fait le plus d’efforts en matière de protection sanitaire. Nous avons éloigné les tables. Nous avons imposé dès le début du confinement le masque dans nos métiers. Nous mettons à disposition de nos clients des gels hydroalcooliques. Nous nettoyons et nous désinfectons les tables entre chaque client. Nous avons mis en place des systèmes de menus électronique pour éviter aux clients d'y toucher.
Bref, nous faisons un travail considérable et la seule récompense que nous ayons aujourd’hui, c’est d’être montré du doigt.
France 3 Occitanie : Avez-vous peur de vous retrouver dans la situation marseillaise et devoir fermer vos établissements ?
Philippe Belot : Bien sûr. C’est d’ailleurs ce que nous a promis le préfet. Nous avons eu deux heures de réunion jeudi dans laquelle on nous a annoncé toutes ces mesures. Nous en avons eu une autre hier matin via le directeur de cabinet. On nous a expliqué que nous étions à un point dans les taux d’incidence à passer comme Marseille. Nous savons donc que la situation actuelle n’est que provisoire et que bientôt on va carrément nous couper la tête. C’est vraiment incompréhensible. Vous prenez le métro. Vous êtes compressés. Rien n’est nettoyé mais ce n’est pas grave. J’ai pris un TGV Toulouse-Paris, la semaine dernière, nous étions tous entassés, collés à nos voisins. Il n’y pas de problèmes. C’est la SNCF, vous ne risquez rien. Le virus s’arrête à la porte des trains. Vous rentrez dans des hypermarchés, tout le monde touche, attrape, prend, les produits dans les rayons mais on ne risque rien. Nous, nous sommes là, bien installés.
Nous travaillons. Un mètre entre les tables. Tout le monde met des masques. Tous les protocoles sanitaires sont en place. Mais nous restons dangereux. Pire ! Il y a une heure à laquelle on devient dangereux et une heure à laquelle on ne l’est pas. Dans un restaurant vous pouvez manger et boire jusqu’à 22h. Juste après, boire devient dangereux. Le virus sort de la bouteille. Est-ce que quelqu’un peut y croire ? On cherche un bouc émissaire alors que le gouvernement n’a pas fait son travail.
Les fêtes sauvages ont eu lieu tout l’été. Il y aussi des rassemblements privés, des fêtes spontanées dans toutes les grandes villes de France, des raves dans le massif centrale lors desquelles les ministres se baladent en expliquant aux gens qu’ils doivent mettre leur masque, sans intervenir. C’est véritablement invraisemblable.
France 3 Occitanie : à partir de lundi ces mesures doivent s'appliquer. Qu'allez-vous faire ?
Philippe Belot : Comme tous les autres citoyens, nous sommes obligés de nous soumettre à la loi mais l’après-midi nous avons une grande assemblée générale de la profession. C’est cette assemblée qui va décider des mesures à mettre en place. C’est sûr que nous allons mettre en place des mesures de protection. Nous demandons à nos élus, notamment Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, de nous soutenir. Nous demandons à Carole Delga, la présidente de région, de prendre enfin position, qu’elle aussi fasse entendre sa voix. On sait bien que les politiques sont toujours prudents. Généralement, ils parlent une fois que la guerre est terminée. Nous aimerions bien qu’ils prennent tous la parole et qu’ils défendent une profession et ses salariés. On est en train de jeter des centaines de milliers de personnes au chômage. A Toulouse, dans notre filière nous allons avoir plus de chômeurs qu’Airbus. Nous ne sommes pas à 3000, ou à 680 licenciements comme dans une usine de pneus. Nous allons dépasser les 300 000 dans nos métiers.
Qui va payer pour tout ça ? Les entreprises sont exsangues. Nous on ne va plus pouvoir payer car nos entreprises sont en train d’être assassinées.
France 3 Occitanie : Y-a-t-il un risque de fronde ?
Philippe Belot : La fronde commence. Il y a des demandes de désobéissance civile qui arrivent de partout parce que l’on est en train d’amener des milliers et des milliers de personnes complètement à bout. Ils sont en train de tout nous faire perdre et vous savez que lorsque quelqu’un à tout perdu, il peut tout. C’est dramatique. Le gouvernement avance dans des directions incompréhensibles, sans concertation. Nous sommes face à des diktat permanents auxquels nous ne comprenons rien et qui vont coûter une véritable fortune à l’ensemble de la France.