Covid : opérations reportées, visites interdites : le CHU de Toulouse passe en plan "hôpital en tension"

Après avoir annoncé ne plus accueillir aux urgences les "patients sans signe de gravité", l'hôpital Purpan de Toulouse décide de reporter certaines opérations et d'interdire les visites au CHU afin de répondre à la reprise de l'épidémie de Covid. Un choix parfois incompris par des patients. 

La propagation du Covid ne cesse de s'accélérer en Occitanie. Cette évolution oblige le CHU de Toulouse à s'adapter pour répondre à cette reprise de l'épidémie. L'hôpital Purpan annonce être passé, lundi 28 septembre, en plan "hôpital en tension". Conséquences directes : certaines opérations non-urgentes seront reportées (dans la limite de 20% des actes ou des hospitalisations prévus) et les visites aux patients sont désormais interdites.

Quelques jours plus tôt, l'établissement hospitalier avait annoncé ne plus accueillir aux urgences les "patients sans signe de gravité". Une décision pas toujours comprise par les patients renvoyés vers d'autres structures.
 

Incompréhension de certains patients

Pour le docteur Maurice Bensoussan, président de l'Union régionale des professionnels de santé en Occitanie, ce choix est au contraire presque vécu comme un soulagement : "C'est une clarification qui était nécessaire et que nous demandons depuis longtemps. Cette annonce a lieu dans un situation critique et sous tension mais elle amène de la cohérence entre l'hôpital et le cabinets médicaux. Tout ce qui relève de ce type de soin, plaies, petite traumato, doivent en effet être traités par la médecine de ville.

Sur les réseaux sociaux, les critiques à l'encontre du CHU de Toulouse sont vives concernant ce "tri" au sein de son service d'urgences.
"Grave" pour certains. Un "refus de soin" pour d'autres.

Les reproches sont multiples : craintes de ne pas être pris en charge, sélection de patients en fonction de critères d'âge et de comorbidité.     

Vives critiques sur les réseaux sociaux

Les internautes anonymes ne sont pas les seuls à s'exprimer de la sorte. Plusieurs urgentistes, parmi les plus médiatiques, dénoncent ce choix. Pour Gérald Kierkze, médecin urgentiste et chroniqueur pour le groupe TF1, "C’est grave de dire et faire cela!".
 


Pour Sabrina Ali Benali, médecin urgentiste et également habituée des plateaux de télévision, cette décision ne serait là que pour cacher les manquements du gouvernement face à cette crise du Covid :"C’est ce que le gouvernement appelle « être prêt ». Discours : l’hôpital a tenu, l’hôpital tiendra. Réalité : l’hôpital n’a pas tenu, l’hôpital ne tiendra pas.

Aucune fermeture des urgences

Face à ces attaques le CHU Purpan plaide la mauvaise compréhension. "Nous ne fermons pas les urgences, explique la chef du service Sandrine Charpentier mais nous sommes confrontés à une forte augmentation du nombre de cas infectés par le coronavirus. Nous sommes dans l'obligation de créer une filière Covid, afin de ne pas mélanger les cas infectés avec les autres patients.

L'urgentiste toulousaine précise : "aux urgences, il y a forcément un tri qui se fait de façon classique. Soit les patients nécessitent une prise en charge soient ils sont réorientés vers une autre structure. Depuis vendredi, toutes les personnes qui se présentent sont accueillies par une infirmière organisatrice de l'accueil (IOA) qui effectue à chaque fois une évaluation médicale. Donc il n'y a aucun refus de soin. C'est cela qui n'a pas été compris".

Plus 16% d'activité en 5 ans

D'ailleurs en août, l'Agence régionale de santé d'Occitanie appelait déjà les malades à appeler leur médecin généraliste au lieu de se rendre directement aux urgences. "Les urgentistes traitent, à toutes les heures du jour et de la nuit, les urgences graves et vitales. En Occitanie, environ 10 000 malades de la COVID-19 ont été pris en charge dans le système hospitalier durant la première vague épidémique. Dans le même temps, les urgentistes doivent faire face à un accroissement constant d’activité (+16,1%) depuis 5 ans, essentiellement liée à une augmentation des demandes de soins non programmés." argumentait alors l'ARS dans un communiqué de presse.

Pour Philippe Poinot, médecin généraliste et vice-président de Régul 31 "ça me paraît pertinent de faire ce tri, Covid ou pas. Je ne suis pas contre ce tri car les urgences n’ont pas à être encombrées par des gens qui n’ont rien à y faire. Mais la problématique est complexe car si les gens se retrouvent aux urgences, parfois, c’est qu’ils n’ont pas trouvé de généraliste pour les recevoir.

Le docteur Poinot en conclut : "C’est une période de turbulences qui ressemble à un effondrement du système de santé tel qu’il a été pensé".
 
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