La situation sanitaire se dégrade un peu partout en France, mais aussi en Occitanie. Dans les centres hospitaliers et les cliniques de la région, on se prépare à accueillir de nouveaux malades. Exemple au CHU de Toulouse, où le service de réanimation est sur le pied de guerre.
Le calme avant la tempête. Tout le personnel est à son poste, sait exactement ce qu’il a à faire. La mobilisation est générale dans cette guerre contre la pandémie, entamée il y a maintenant plus d’un an.
Au service de réanimation polyvalente du CHU de Toulouse-Purpan, le personnel soignant se prépare à accueillir de nouveaux patients atteints de la COVID19. Un service qui compte 65 infirmiers, une quarantaine d’aide soignants et neuf médecins seniors (sans compter les internes).
“On nous propose de plus en plus de patients, alors que les places se font de plus en plus rares” explique la Docteur Véronique Ramonda, médecin-réanimateur. “On est obligé de jongler en permanence en fonction des places disponibles en réa sur le Grand Toulouse” souligne t’elle.
Dans ce service, sur les 20 lits disponibles, le taux d’occupation est de 90%, dont 60% liées au COVID. Le service de réanimation polyvalente de Purpan ne peut pas consacrer tous ses lits à la pandémie. Car c’est l’un des rares services d’ex-Midi-Pyrénées, qui est capable d’effectuer des dialyses, mais qui prend aussi en charge les polytraumatisés (type accidents de la route).
“Et ces personnes là, il faut évidemment aussi continuer à les prendre en charge” rappelle la Docteur Véronique Ramonda. Et leur nombre n’a pas faibli. “Autant en mars 2020, lors du premier confinement très dur, les gens ne circulaient plus, du coup il n’y avait quasiment plus d’accidents, autant aujourd’hui, on peut de nouveau circuler…” souligne ce médecin.
Des patients de plus en plus jeunes
Des “patients COVID” comme on dit ici, qui sont de plus en plus en jeunes. “Nous avons toujours des malades qui souffrent d’hypertension, qui sont obèses, diabétiques ou qui ont un certain âge” explique la Docteur Benjamine Sarton, chef de clinique et elle aussi médecin - réanimateur dans ce service de Purpan. “Mais la moyenne d’âge des malades dans notre service a baissé. Aujourd’hui, beaucoup de nos patients infectés, ont entre 50 et 60 ans. C’est le cas de plus de la moitié des malades ici”. Des personnes plus jeunes donc, avec peu de comorbidité, qui ont une bonne qualité de vie et qui arrivent dans ce service avec une forme grave de la maladie.
Comment expliquer ce rajeunissement ? Difficile de répondre à cette question, tant les études sont encore à leurs débuts, tant les résultats parfois fragiles. “La version optimiste c’est que la vaccination commence à faire effet” analyse la Docteur Benjamine Sarton. Impossible de ne pas penser aussi au variant anglais, décrit comme plus agressif, et s’attaquant aux personnes plus jeunes. “C’est une possibilité, mais à ce stade on ne peut pas répondre avec certitude à ce lien de cause-à-effet. Ce qui est sûr c’est qu’on note une simultanéité entre l’émergence puis la généralisation de ce variant et l’âge de nos patients”.
Un personnel soignant épuisé
Cette nouvelle vague - certains médecins parlent désormais de la 4ème - arrive à un moment où le personnel soignant est épuisé. Sylvia est infirmière. Elle passe de chambre en chambre pour s’occuper des patients Covid et faire les soins nécessaires pour combattre la maladie. “Les soignants sont fatigués, un peu comme tout le monde. Malgré les renforts c’est compliqué, il y a une forme d’épuisement oui. Ca fait un an que cela dure, on en sort pas “ explique t’elle en sortant d’une chambre. “On tient oui, car c’est notre travail, donc on essaye de faire du mieux qu’on peut”.
Un peu plus loin Alexandre Mesquita ne dit pas autre chose. “Moralement ça commence à peser sur les équipes” soupire cet aide-soignant du service réanimation. “On a l’impression que cela ne s’arrête jamais. C’est difficile psychologiquement”. En première ligne, il constate une augmentation continue du nombre de malades dans son service. “Aujourd’hui, on sent que les gens se relâchent car ils en ont marre. Du coup ils font moins attention et on les retrouve chez nous. Une fois qu’ils sont confrontés à la réalité de notre service, c’est là qu’ils prennent conscience du risque”.
Certains ici regrettent que des mesures - en terme de confinement - plus fortes n’aient pas été prises plus tôt. “Il aurait sans doute fallu réagir plus tôt, plus durement “ souligne Alexandre Mesquita quand on l’interroge sur les dernières mesures annoncées mercredi par le président Emmanuel Macron. “Tout ça vient un peu tardivement pour l’hôpital…” regrette-t-il. Lui qui a la sensation de “vivre COVID H24, ici, à la maison, partout.”
Adaptation nécessaire du service
Dès lundi, le service réanimation va s’adapter à cet afflux de patients COVID. Quatre lits des soins intensifs vont être transformés en lits de réanimation. Ce qui implique plus de personnel médical. “On est armés” explique le Docteur Véronique Ramonda. Et si la situation devait empirer, il n’est pas exclu que les chambres soient “doublées”, avec deux patients au lieu d’un.
Enfin concernant les transferts de malades COVID d’autres régions, “il est possible qu’ils soient déprogrammés” précise le médecin. C’est la cellule de crise mise en place par le CHU, en étroite concertation avec l’ARS (l’Agence régionale de santé) d’Occitanie, qui effectue quotidiennement les arbitrages.