Des passes en pleine journée, des préservatifs usagés près des parcs... Dans le quartier des Minimes à Toulouse, la prostitution dérange les riverains. Malgré des signalements répétés à la mairie, pas de réelles perspectives d'amélioration selon eux.
Le sol du jardin d'Abadie dans le quartier des Minimes, à Toulouse, est jonché de seringues, de bouteilles d’eau, de lingettes et de préservatifs… "Là nous sommes près du champ de tir", s’amuse Claude Authié, riverain, un brin gêné. "C’est là que les prostitués viennent faire leurs affaires et laissent tous les détritus". Entre deux emballages vides de condoms se cachent même des armes blanches.
Malgré de nombreux signalements à la mairie, aucune amélioration visible d'après les habitants aux abords du parc. Pour eux, la situation serait même de pire en pire. Les travailleuses du sexe y exerceraient toujours leur activité en plein air, et en pleine journée.
Claude Authié est aussi président du quartier des Minimes, et se désole du manque d'actions. "On attendait qu’il y ait au moins des voitures ou des fonctionnaires de police qui lorsqu’ils passent, les contrôlent et appliquent le règlement et l’arrêté municipal qui existe", déclare-t-il, dépité.
La mairie juge les arrêtés efficaces
Le 22 octobre dernier, la mairie de Toulouse a prolongé d'un an encore l'arrêté anti-prostitution entré en vigueur en juillet 2014 dans sa première version, avant d'élargir le périmètre face à un déplacement des incidents. Plusieurs rues du centre-ville et du nord sont désormais concernées.
En France, la loi punit le client qui souhaite recourir aux services d'une personne qui se prostitue, et proxénète et gérant d'un lieu de passes sont également passibles d'amende et de peines de prison. En revanche la loi d'avril 2016 visant à renforcer la lutte contre la prostitution exclut de toute sanction les travailleuses et travailleurs du sexe qui proposent des relations tarifées. Une nuance sur laquelle s'appuie Emilion Esnault, adjoint au maire en charge de la sécurité pour défendre son bilan.
Pour l'élu, le nombre de prostituées a été divisé par trois dans certains secteurs. "Si on compare à ce qui se passait en 2015 sur le boulevard de Suisse ou le boulevard Silvio Trentin, on avait des habitants qui avaient parfois jusqu’à une trentaine de prostituées qui faisaient des passes en bas ou au bord des habitations." Emilion Esnault va plus loin, et déclare même que les passes n'auraient plus lieu par endroits. "Aujourd’hui, ces arrêtés ont largement fonctionné. On a dans certains endroits diminué les nuisances jusqu’à zéro, on ne trouve plus de prostituées."
250 à 350 travailleuses du sexe à Toulouse
Un nombre de prostituées en diminution pour les uns, des personnes plus isolées et dispersées dans la ville pour d'autres. D'après l’association Griselidis, elles seraient entre 250 et 350 dans les rues toulousaines. Pro-médiation, ces militants dénoncent la répression induite par "l'arrêté troubles prostitution" pris par le maire LR Jean-Claude Moudenc.
Pour June Charlot, membre de Griselidis, cette mesure "ne va faire qu’éloigner les personnes [les travailleuses et travailleurs du sexe NDLR], ce qui va encore plus les exposer aux violences… Mais ces personnes existent, elles sont là, et elles ne vont pas disparaître".