Bernard Ziegler, pilote d'essai historique chez Airbus, est décédé hier mardi 4 mai, à l'âge de 88 ans. Cette figure de l'aviation au caractère bien trempé avait contribué au développement de l'avionneur européen. Il est considéré comme le "père" de l'A320.
Bernard Ziegler n'est plus. Cet ardent défenseur de l'aviation civile, devenu directeur des essais en vol d'Airbus en 1976 est décédé hier mardi 4 mai à l'âge de 88 ans. Fils d'Henri Ziegler, premier directeur général d'Airbus, il a contribué au développement et au rayonnement de l'entreprise aéronautique. Il est considéré comme le "père" du programme A320.
[#tristesse] Disparition de l'ingénieur pilote Bernard Ziegler (1933-2021). Polytechnicien, pilote d'avion à réaction, il fut le chef pilote d'essai reconnu du Mirage G et des Airbus.
— Aéro-Club de France (@AeroclubFrance) May 4, 2021
• En photo, retour du premier vol d'essai de l'Airbus A300 B à Blagnac / 28 oct. 1972 #Ziegler pic.twitter.com/EuDDqDZcIO
Un pilote aux multiples casquettes
Bernard Ziegler avait volé sous tous les cieux du monde. Pilote de guerre en Algérie, ce polytechnicien né à Boulogne-Billancourt était aussi à l'aise aux commandes d'un planeur que d'un avion à réaction. Passé par l'Ecole Nationale Supérieure de l'Aéronautique et de l'Espace de Toulouse, il avait intégré l'Aérospatiale en 1972 lors de la création du département des essais en vol d'Airbus. A cet époque, le consortium européen est encore balbutiant. Bernard Ziegler défend le programme de développement d'un avion moyen courrier de transport de passagers, sur fond de boom de l'activité touristique dans l'hexagone.
Co-pilote à bord du premier vol Airbus
Le 28 octobre 1972, Bernard Ziegler est co-pilote à bord du premier vol de l'A300B, le premier Airbus officiellement propulsé dans les airs depuis la piste de l'aéroport Toulouse-Blagnac.
Ce vol inaugural et historique fait rentrer l'homme à la casquette dans la caste des pionniers de l'aventure "Airbus". Ce pilote au verbe haut, surnommé dans le milieu par ses seules initiales BZ s'en défendait, lui pour qui la vedette était l'avion, et non l'homme qui en prenait les commandes.
Un vol inaugural sous le regard des caméras
Dans les "actualités télévisées" de l'époque, présentées par Léon Zitrone, le reportage consacré à ce baptême de l'air du premier Airbus avait fait la une. A la descente de la passerelle, Bernard Ziegler, tout sourire, se réjouissait du succès de ce premier vol aux côtés du commandant de bord Max Fischl et de l'équipage. Devant les micros, après une salve d'applaudissements, il remerciait les 10 000 ouvriers et ingénieurs français, anglais, allemands, hollandais ayant travaillé sur ce projet. "C'est la tour de Babel à l'envers, nous avons commencé en parlant des langues différentes et aujourd'hui, nous avons réussi ! déclarait le co-pilote dans sa salopette orange revêtue d'un cuir d'aviateur.
Le "père" de l'A320
Nommé en 1976 directeur des essais en vol d'Airbus, il assiste cette fois au décollage des ventes des appareils à la fin des années 70. Il est à l'origine du développement du futur A320. Il reste aussi celui qui instaura sur chaque appareil le principe des équipages à deux, s'attirant les foudres des syndicats de pilotes. Il développa également l'automatisation du pilotage.
Le procès du crash du Mont Saint-Odile
Au cours de sa longue carrière, Bernard Ziegler aura été à deux reprises confrontés à la justice. Une première fois en 1961, quand son avion de chasse sectionne le câble de traction d'un téléphérique dans le massif du Mont-Blanc. Six personnes décéderont dans la chute de trois télécabines, il sera relaxé lors d'un procès.
En 2006, alors en retraite, il est mis en examen avec cinq autres personnes lors du procès de la catastrophe du Mont Saint-Odile. Il affronte le tribunal en tant qu'ingénieur en chef du programme Airbus A320, l'appareil qui s'était crashé en 1992, provoquant la mort de 87 personnes. Profondément affecté par cette affaire, il avait été relaxé, en première instance et en appel deux ans plus tard.