Le collectif Toulouse Syrie Solidarité organise samedi 17 janvier une grande soirée de témoignages et de rencontres avec des réfugiés syriens. L'occasion d'entendre la parole - rare - de ces personnes, souvent réfugiées politiques, qui ont fui leur pays et tentent de se reconstruire en France.
Entisar est arrivée à Toulouse en février 2014...
Cette ancienne responsable financière de la compagnie syrienne de pétrole a quitté Damas où sa vie était désormais en danger. Au début de la révolution syrienne, cette militante politique a d'ailleurs envoyé ses deux enfants aux Etats-Unis. Elle qui a déjà été emprisonnée a "résisté" jusqu'au bout, ne voulant pas quitter son pays bien-aimé.
Elle s'y est finalement résignée, et de Damas a rallié l'Egypte puis la France, grâce à un visa de réfugiée politique. A Toulouse, elle est d'abord passée de maison d'accueil en maison d'accueil, grâce à la générosité des membres du collectif Toulouse Syrie Solidarité, créé en 2012 au début de la révolution. Aujourd'hui, elle vit dans un petit appartement quartier Saint-Cyprien, cherche du travail et apprend le Français.
Une situation "confortable" matériellement parlant, Entisar le reconnaît volontiers. Mais pour cette femme de 47 ans, cette parenthèse est vécue avec un très fort sentiment de culpabilité. Culpabilité d'être là, d'assister impuissante à la ruine se son pays. Et surtout ne pas savoir quand cet exil prendra fin.
Le sentiment est le même chez Bassam, qui vit lui aussi à Toulouse depuis un an, avec sa femme et ses deux filles. Ce designer graphique de 48 ans a quitté Damas, parce que menacé d'arrestation. Il faut dire que ce militant a passé cinq ans en prison, accusé de communisme, sous le régime de Hafez el-Assad, le père de l'actuel président syrien.
"La révolution syrienne, au début, c'était comme un rêve", explique-t-il. "On l'a attendue longtemps. Je militais depuis les années 80 pour un état démocratique pluraliste et civil. Donc, au début, je n'avais pas envie de partir mais j'y ai été contraint parce que menacé d'arrestation".
Ses deux filles sont scolarisées à Toulouse, l'une au collège, l'autre au lycée. "En France, j'ai le sentiment que mes filles sont en sécurité. Et ceci n'est plus possible en Syrie".
Pour lui, l'adaptation est plus difficile. Il y a la barrière de la langue, bien sûr. Mais aussi l'insupportable attente, pendant que son pays est en guerre.
Antoine, un Syrien arrivé à Toulouse il y a cinq ans pour ses études, résume ainsi la situation : "Ces gens-là, ils avaient une vie avant. Ils avaient un métier, une maison, une situation sociale. Ils sont là parce qu'ils sont obligés. Pas parce qu'ils ont eu le choix. On a des clichés sur les réfugiés, comme s'ils étaient nés réfugiés, ou réfugiés par définition. Mais ça peut arriver à n'importe qui, à vous, à moi, comme ça".
Lui qui cherche du travail en france et ne peut envisager de rentrer en Syrie voudrait surtout qu'on ne "fabrique" plus de nouveaux réfugiés, "en s'attaquant à la racine du problème".
Un avis que partage Entisar qui dénonce la violence de la répression du régime syrien. Fataliste, elle sait qu'il faudra attendre longtemps que la situation se dénoue.
Dimanche 11 janvier, elle a participé à la marche républicaine pour Charlie. "Je fais la comparaison avec la Syrie. Là-bas, c'est tout simplement impossible de se réunir pacifiquement".
Le collectif Toulouse Syrie Solidarité organise samedi 17 janvier, à 18h00, à l'Espace des diversités et de la laïcité (38, rue d’Aubuisson à Toulouse) une soirée de rencontres et de témoignages, avec des Syriens réfugiés à Toulouse.