Une Journée de réintégration des donneurs de sang exclus est organisée ce mercredi à la Maison du don de Toulouse. Deux mois après l’abandon du critère d’abstinence de quatre mois pour les homosexuels, les premiers dons ont eu lieu ce matin.
« Un mélange de fierté et de soulagement. » C’est ce qu’a ressenti Lucas Martin, étudiant de 24 ans, premier à avoir tendu son bras ce matin pour donner son sang, à l’occasion de la Journée de réintégration, organisée à la Maison du don de Toulouse. Donneur de plasma depuis trois ans, il attendait avec impatience cette évolution des critères d’éligibilité. « Après des années à se battre pour faire entendre notre voix, ça fait du bien. »
Besoins constants
« C’est une journée historique ! s’exclame Frédéric Pecharman, président du collectif Homodonneur. On récolte enfin le fruit de nos efforts après 13 ans de militantisme. » En France, les homosexuels ne peuvent plus donner leur sang depuis 39 ans. Cela représente environ 25 000 donneurs potentiels, un chiffre non négligeable alors que les appels aux dons se multiplient ces derniers mois.
« Pour maintenir des réserves satisfaisantes, nous avons besoin de 1000 dons par jour », souligne Priscilla Agostini, chargée de communication pour l’Etablissement français du sang à Toulouse. Ces derniers mois, les réserves avaient atteint un seuil critique. « Nous avons lancé un appel à mobilisation qui a permis de relancer les dons. Nous espérons que ces nouvelles directives permettront de prolonger la mobilisation de tout le monde car la fréquentation des collectes commençait déjà à baisser », ajoute-t-elle.
Des dons encadrés
En raison de l'épidémie de SIDA, les homosexuels ont été exclus du don de sang en 1983 et jusqu'en 2016. Après cette année-là, ils devaient respecter une abstinence sexuelle d'un an pour pouvoir donner leur sang. Une durée réduite à quatre mois en 2020 et définitivement abandonnée en janvier 2022, dans le cadre des débats sur la loi bioéthique.
« Attention, les homosexuels n’échappent pas aux règles qui s’appliquent aux autres donneurs », rappelle Frédéric Pecharman. Pour ces nouveaux donneurs aussi, les quatre mois de monogamie avant de donner leur sang sont notamment obligatoires.
Les premiers donneurs étaient donc attendus aujourd’hui, deux mois après la décision ministérielle. Et certains élus ont décidé de montrer leur soutien à cette mesure. « Voir le député Jean-Luc Lagleize venir donner son sang est très important pour nous, explique Frédéric Pecharman. Il représente le peuple français et par extension c’est symboliquement la Nation qui nous permet de tendre le bras ! »
Lucas Martin, lui, assure que cette « première historique s’inscrira dans la durée ». Son prochain don est déjà programmé dans deux mois.