Les cinq syndicats d'EADS (FO, CFE-CGC, CFDT, CFTC et CGT) ont annoncé avoir quitté la réunion du comité national France pour dénoncer le "chantage" de la direction qui menace de licencier si les syndicats ne parvenaient pas à négocier des gains de productivité.
"C'est la première fois que cela arrive depuis l'existence de notre groupe. Trop, c'est trop, nous avons quitté la salle de la séance plénière du comité national France, jamais nous n'avons été confrontés à de tels agissements de notre direction générale", a affirmé Yvonnick Dreno, coordinateur FO du groupe.
EADS a annoncé lundi une restructuration de ses activités défense et espace impliquant 5.800 suppressions de postes sur trois ans et dit mardi qu'il serait obligé de licencier s'il ne parvenait à négocier des gains de productivité avec les syndicats européens. Dans une lettre aux salariés, Tom Enders justifiait cette annonce.
Dans un communiqué, le premier syndicat du groupe "condamne la violence des annonces et le chantage immédiat exercé sur les organisations syndicales auxquelles il est demandé de négocier la baisse des coûts salariaux contre des emplois". "Non seulement FO dénonce cette approche inédite au sein du groupe", mais lance "un avertissement solennel" sur "les risques d'embrasement social qu'encourt le groupe" poursuit le communiqué.
Le syndicat estime qu'avec "un résultat opérationnel de plus de 2 milliards d'euros et un carnet de commande de 700 milliards d'euros, le groupe EADS
a les moyens de se réorganiser sans faire supporter aux salariés et à la collectivité le poids de ses décisions". "Si la direction ne change pas de discours et d'approche, je pense qu'en janvier, il y aura des turbulences sociales", a indiqué M. Dreno. Le syndicat "ne ferme pas la porte aux discussions mais demande instamment" à ses dirigeants de "revoir leurs positions et leur état d'esprit.
EADS emploie 144.000 personnes dans le monde, dont 54.366 en France et 50.177 en Allemagne.
Airbus épargné mais les bureaux d'études toulousains s'inquiètent
Airbus est épargné par le plan de 5.800 suppressions d'emplois mais la baisse d'activité des bureaux d'études inquiète syndicats et sous-traitants à Toulouse. Les chiffres de 2.000 à plus de 3.000 suppressions d'emplois dans les trois ans en Midi-Pyrénées circulent parmi les PME du secteur et la CGT de l'aéronautique vient de tirer la sonnette d'alarme.
Le président de la Région Midi-Pyrénées Martin Malvy (PS) a annoncé qu'il était "préoccupé par (cette) baisse d'activité" et qu'il allait "demander au préfet de Région d'organiser une table ronde de tous les acteurs du secteur". "Selon les données du comité stratégique de filière régional, ces entreprises (ingénierie et bureaux d'études aéronautiques) représentent 20.000 emplois en Midi-Pyrénées", rappelle-t-il.
Airbus connaît un succès commercial et industriel sans précédent après des efforts de développement de plusieurs dizaines de milliards d'euros depuis 2000 pour lancer l'A380, l'A350, l'avion de transport militaire A400 M, et dernièrement un A320 Néo remotorisé. L'entreprise reconnaît aujourd'hui que "la charge de travail des bureaux d'études va baisser en l'absence de nouveau programme".