Emploi, santé, éducation, précarité : les coups durs de l'année 2021 en Occitanie

Les coups durs se sont enchaînés dans plusieurs secteurs de la région en 2021, que ce soit sur le plan économique, sanitaire ou dans l'éducation. Ce sont souvent des bassins de vie qui sont touchés, des habitants ou des salariés qui se sentent floués.

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Plusieurs catégories de salariés ont souffert cette année 2021 en Occitanie. Les employés de la SAM en Aveyron ont espéré jusqu’au bout le sauvetage de leur fonderie. En vain. À Montpellier, les ATSEM, à bout, craquent depuis qu’on leur ajoute des heures. Les habitants du bassin de Moissac en Tarn-et-Garonne, eux, n’ont plus de service d’urgence la nuit. Les bidonvilles de Montpellier sont détruits sans que des logements soient proposés à leurs habitants. Et puis, il y a ces suppressions de postes d'ores et déjà annoncées du côté de Bosch, encore une fois dans l'Aveyron.

346 salariés sur le carreau, la fonderie SAM ferme en Aveyron

L'abandon du diesel coûte cher à l'Aveyron et les salariés de la SAM ont vu s’effondrer leurs espoirs en quelques semaines. Reprise en 2017 par le groupe chinois Jinjiang, la fonderie de Viviez près de Decazeville en Aveyron avait été placée en redressement en décembre 2019. Sa liquidation judiciaire est prononcée en septembre 2021, avec prolongation d'activité jusqu'au 10 décembre.


Commence alors pour les salariés un combat acharné, doublé d'un yoyo émotionnel incessant entre espoir et désillusion. Les choses s’engagent mal dès le 30 septembre car, malgré quelques touches, aucun repreneur ne se manifeste auprès du tribunal de commerce.

Mais tout n’est pas perdu. La SAM est un sous-traitant très dépendant des commandes de Renault. Or, les services du ministère de l’Industrie laissent entendre que des discussions entre CIE, un repreneur Espagnol candidat préféré de Renault, et le constructeur automobile sont ouvertes.

Le contexte économique tendu n’augure rien de bon. Néanmoins le tribunal de commerce reporte la date fixée pour l’examen des dossiers. 22 octobre. 19 novembre. Toujours en épée de Damoclès, la liquidation judiciaire. La piste du repreneur espagnol CIE refroidit. Les salariés veulent croire que l’Etat poussera Renault à travailler avec un des deux repreneurs candidats au début de l’été.

Le 19 novembre, le calendrier s’accélère : "Renault a cinq jours pour nous sauver", dit-on dans les rangs des salariés. Les salariés multiplient les manifestations, soutenus par les habitants du bassin de Decazeville et leurs élus. Ils enchaînent les AG, se déplacent coup sur coup au tribunal de commerce et devant le site de Renault à Toulouse.

"Il ne s'agit pas seulement de l'avenir des salariés de la SAM, mais c'est celui de tout le bassin qui est en jeu", martèle David Gistau, élu CGT de la SAM qui dénonce "l’inaction du gouvernement et l’avidité de Renault". Et il ajoute "Renault doit maintenir le périmètre d’activité et les emplois de la SAM au regard des aides publiques perçues et des contreparties demandées par l’État".

Malgré le soutien de la présidente de région Carole Delga et son appel direct à Renault, c’est le couperet : le constructeur automobile refuse de soutenir la reprise de la SAM le 23 novembre. Il estime que l'offre de l'ancien patron du site "ne présente pas les conditions de pérennité et de sécurité nécessaires". Dépité Patrick Bellity déclare : "C'est le pot de fer contre le pot de terre. Ils jugent sans nous recevoir une offre soutenue par l'Etat et la Région. On ne leur demandait pas grand-chose. Tout ça va être délocalisé en Espagne et en Roumanie" en affirmant que l’usine a fait plus de 20 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2021.

Dans un communiqué de presse, Carole Delga dénonce une décision de Renault "irresponsable et destructrice" qui "condamne l’usine et ses activités". Bruno Le Maire, en visite à Toulouse, répond de son côté à notre équipe "J'aurais aimé trouver un repreneur solide, s'engageant sur plusieurs années, permettant de garantir l'avenir. (…) Sur le site de la SAM, il y avait certaines pièces qui étaient faites pour les moteurs électriques mais c'était 10 % de la part de marché et du chiffre d'affaires. Ce n'était pas suffisant pour développer les capacités sur le long terme. (…) Il n'y a pas eu assez d'investissements sur le site, ces dernières années. Ce manque d'investissements et l'accélération de la transition a abouti à ce résultat".

Renault avait promis d’étudier des solutions de reclassement. Le ministre de l’économie s’était engagé à talonner le constructeur, mais là aussi déception et amertume… Les salariés brûlent leurs lettres de reclassement pour manifester leur colère le 7 décembre. Ils dénoncent une procédure indifférenciée et bâclée. Ils se sentent floués d’autant qu’ils n’ont pas perçu la totalité de leurs salaires de novembre. La décision est prise d’occuper le site de la fonderie pour Noël.

Les ATSEM de Montpellier en souffrance

Même si le phénomène est général pour ces agents qui interviennent en école maternelle, il a pris à Montpellier une ampleur particulière. Un appel à la grève dès la rentrée, le 6 septembre, donne le ton. En question, l’organisation du temps de travail.

La réforme nationale des 1.607 heures de travail annuel est au cœur du conflit. A partir du mois de janvier 2022, tous les ATSEM de France devront effectuer entre 70 et 100 heures de plus par an. La mairie de Montpellier a décidé d'appliquer cette réforme dès la rentrée de septembre.

C'est aux villes de choisir comment les ATSEM vont effectuer ces heures supplémentaires. À Montpellierles agents vont assumer une mission supplémentaire : les TAAC, des temps d'accueil périscolaire du soir, qui étaient jusqu'ici gérés par des animateurs.

Or l’animation de ces créneaux de temps périscolaire est une nouvelle mission qui s'ajoute à des journées déjà épuisantes. A Montpellier, le taux d’absentéisme chez les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, pourtant précieux dans les classes des petits, approche les 38%.

Les arrêts de travail se multiplient et la tension monte dans certaines écoles maternelles. “On n’est pas contre, mais les missions qui nous sont proposées pendant ces dix heures de travail, c’est un truc de fou. Franchement, on est toutes épuisées. On se sent méprisées. On veut être entendues et que notre travail soit reconnu”, se désespère Marie, une ATSEM montpelliéraine qui préfère garder l’anonymat.

En septembre, un rassemblement a eu lieu devant la mairie de Montpellier. Depuis, les burn-out s’enchaînent et un collectif regroupant 120 ATSEM s’est formé. Les ATSEM craignent une perte de lien avec les enfants "Ce que je partageais avec eux, c’était vraiment de l'ordre du relationnel. On parlait de tout : du week-end, de la nourriture... Depuis octobre, nous n’avons plus ces échanges, nous sommes seulement des femmes de service : nous les servons et vidons leur assiette quand ils ont terminé".

La mairie de Montpellier se dit consciente de ce quotidien épuisant mais dit appliquer la loi. “Nous leur avions proposé de travailler le mercredi sur des centres de loisirs pour éviter d’avoir des journées de dix heures explique la première adjointe Fanny Dombre-Coste. Elles ont préféré ne travailler que quatre jours sur la semaine, ce que je peux comprendre”. La mairie appelle en décembre au rétablissement du dialogue social.

Fermeture des urgences de nuit à Moissac

Le 1er décembre, les urgences de l’hôpital de Moissac en Tarn-et-Garonne ferment faute de médecins en nombre suffisant. Malgré la mobilisation de la population et des élus, la porte est close entre 20 heures et 8 heures du matin. Il n'y a donc plus de service de soins la nuit sur le secteur. Seule une équipe du SMUR, détachée de l'hôpital de Montauban, gère les urgences vitales.  

Le président du conseil départemental du Tarn-et-Garonne déplore "des conséquences dramatiques sur l’état de santé des patients". Le maire de Moissac dénonce un "scandale sanitaire" qui met "en danger un territoire de plus de 85 000 habitants" et prévient qu’une plainte collective sera déposée contre l’Etat et l’ARS "s’il arrive quelque chose aux malades pendant le transfert vers l’hôpital de Montauban".

Cette décision de l’Agence régionale de Santé est la conséquence de la "pénurie de personnels soignants et particulièrement de médecins urgentistes". En cause, des problèmes de recrutement et d’attractivité. Théoriquement, les médecins urgentistes devraient être 38 pour pouvoir faire tourner les urgences de Moissac, ils sont 22. Un nombre jugé insuffisant pour maintenir des gardes 24h/24.

La population manifeste d’autres inquiétudes, notamment celles de voir son hôpital perdre en compétence et en offre de spécialités. La Région devrait investir 150.000 euros pour l’achat de matériel neuf et améliorer les conditions de travail des soignants.

Le vice-président en charge de la santé, Vincent Bounes, décrit à nos confrères d'Actu.fr, un cercle vicieux emblématique dans les territoires ruraux : "une équipe de plus en plus réduite se retrouve à devoir gérer une charge de travail qui, par individu, devient de fait plus importante. Les gens craquent et finissent par partir. L'objectif est d'inciter de jeunes médecins à venir ici". 

Evacuation des bidonvilles de Montpellier

De la fin août à la fin octobre, les expulsions de bidonvilles se sont succédées à Montpellier. Sur ordre de la préfecture, plusieurs centaines de personnes ont été évacuées. "Ces occupations illicites maintiennent leurs occupants dans des conditions de vie sanitaires et sociales indignes" a expliqué le préfet de l’Hérault, Hugues Moutouh tout en précisant que des incendies pourraient mettre en danger les habitants.  

Il a tenu à préciser que cette évacuation "en application d'une décision de justice", était nécessaire pour la sécurité des personnes vivant "dans des conditions de salubrité très précaires", au milieu "des rats, des immondices, sans accès à l'eau". La préfecture justifie la démarche par la lutte contre toute source d'insécurité et de délinquance.

Mais ces décisions créent la polémique. Les travailleurs sociaux et les associations humanitaires comme Médecins du monde, qui interviennent auprès des habitants sont atterrés. "Depuis 5 ans, les différents préfets qui se sont succédés étaient d'accord pour éviter les évacuations sans préavis. Au contraire, on mettait en place du travail social pour faciliter l'insertion et les campements se résorbaient d'eux-mêmes", explique Catherine Vassaux, directrice de l'AREA (association recherche éducation action) à Montpellier.

Selon les organisations humanitaires, 60% des adultes du bidonville du "Mas rouge" travaillent par exemple et les enfants étaient scolarisés dans le quartier. D'où l'incompréhension des responsables associatifs face à cette évacuation sans préavis.

La concertation n’est plus de mise et le consensus qui reposait jusque-là sur l’adage "pas d’expulsion sans solution pérenne de relogement" a été rompu. Si la préfecture affirme avoir trouvé à ces personnes des solutions de relogement, les associations démentent. 

"Sur les 250 personnes expulsées, environ une centaine est prise en charge par le 115, c’est-à-dire qu’elles résident temporairement à l’hôtel, atteste encore Catherine Vassaux. Les 150 autres se répartissent entre anciens et nouveaux bidonvilles, vivent à la rue ou chez des proches en appartement, avec le risque de leur faire perdre ce logement".

La ville et la métropole affirment ne pas avoir demandé ces expulsions. Elles étaient engagées avec les associations dans une politique de résorption progressive de ces bidonvilles. Associations, collectivités et préfecture se retrouvent donc dos à dos.

750 postes supprimés chez Bosch à Rodez

Bosch va supprimer 750 emplois en Aveyron. L’accord a été proposé en mars. Il est signé le 9 décembre, 87% des salariés l’ont approuvé. 647 des 1150 emplois vont être supprimés. A partir du premier semestre 2022 et jusqu’à 2025, 60% des effectifs vont disparaitre.

La fin du diesel ne cesse donc de bouleverser le paysage économique. Cette transition écologique de l’automobile est coûteuse en emploi. Et l’Aveyron plus que tout autre département dans la région en paie cette année le prix.

Mais l’entreprise allemande qui emploie 7.000 salariés en France, ne ferme pas l’usine. Elle s’est engagée à maintenir 513 emplois jusqu’en 2028 et n’aura pas recours au licenciement.

Le groupe opère un tournant technologique. Son plan de restructuration sonne l’arrêt de la production d’injecteurs pour moteurs diesel à l’horizon 2025 et prévoit de "réinternaliser" des productions automobiles qui avaient été sous-traitées.

Il propose la fabrication de batteries frigorifiques à hydrogène pour les camions. Une solution de transport réfrigéré en somme. Un marché nouveau dans lequel la majeure partie des salariés qui reste pourrait trouver sa place. 

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