Deux passeurs viennent d'être condamnés à des peines de prison ferme, selon le procureur de Saint-Gaudens, Christophe Amunzateguy. Contrôles et arrestations se sont multipliés depuis septembre 2021.
"Depuis septembre, ce dossier est la douzième comparution immédiate pour des passeurs" constate le procureur de la République de Saint-Gaudens, Christophe Amunzateguy. Il se félicite du travail effectué par la justice en collaboration avec la police de l'air et des frontières (PAF).
Seize personnes ont été condamnées depuis le mois de septembre par le tribunal. Informé par la PAF d'une recrudescence des passages de personnes en situation irrégulière à la frontière franco-espagnole de Melles-Pont-du-Roy en Haute-Garonne, le procureur a décidé de multiplier les contrôles en septembre 2021.
De plus en plus de "taxis" proposaient des transferts au départ de la ville espagnole de Lérida notamment, jusqu'à la gare Matabiau à Toulouse contre 2 à 300 €. Le trafic étant plus "verrouillé" du côté de Perpignan ou d'Hendaye, les passeurs auraient préféré ce trajet moins surveillé.
Dès le 9 septembre, le procureur de Saint-Gaudens, Christophe Amunzateguy, a de ce fait ordonné l'intensification des contrôles. Et les résultats ne se sont pas faits attendre. S'il n'y avait eu que deux passages répertoriés en juillet et août, douze dossiers ont été ouverts pour le seul mois de septembre.
"J'ai décidé d'appliquer la méthode forte, commente-t-il, avec des comparutions immédiates, la confiscation définitive des véhicules et de l'emprisonnement ferme avec mandat de dépôt et interdiction de séjour en France pour ceux qui n'habitent pas le territoire".
Des peines de 4 à 12 mois de prison ferme ont été infligées. "De janvier à octobre, 49 passeurs ont été interpellés à Perpignan. En un mois seulement, en septembre 2021, la police de l'air et des frontières a enregistré 12 passages à Melles-Pont-du-Roy avec parfois deux véhicules, 16 pour l'année 2021", constate encore le procureur.
Phénomène enrayé ?
Si un nouveau passage a eu lieu la semaine dernière, le phénomène semble avoir été nettement enrayé, estime-t-il. Il explique avoir rencontré la police espagnole pour renforcer les contrôles et le travail sur les points de départ de ces "taxis". Il a également pris attache avec le procureur de Lérida. La vigilance et la fermeté sont de mise de part et d'autre de la frontière.
"Il s'agit d'une pratique d'argent facile, résume Christophe Amunzateguy. Mais il n'y a pas de filière. Ce sont des individus qui proposent leurs services. Les personnes en situation irrégulière sont reconduites à la frontière dans les quatre heures. Elles sont prises en charge par les autorités espagnoles".
Effet dissuasif recherché
Les passeurs sont principalement des personnes qui résident en Espagne avec des statuts précaires. Ils viennent d'Algérie ou du Maroc, tout comme les personnes qu'ils véhiculent. Ceux-ci sont des migrants en situation irrégulière, parfois des femmes avec enfant, qui débarquent en Andalousie et sont pris en charge à ce moment-là ou dans des villes plus proches de la frontière comme Lérida.
Le procureur annonce que les contrôles aux frontières vont se poursuivre à Melles-Pont-du-Roy. Objectif : interpeller les éventuels contrevenants et obtenir un effet dissuasif.