En ce mois de janvier, de nombreux élèves de 1ère passent les premières épeuves de contrôle continu (E3C) comptant pour le nouveau baccalauréat. Et de nombreux professeurs s'inquiètent de ces nouvelles épreuves qui ne garantissent pas l'égalité aux élèves. Exemple à Toulouse où un sujet a fuité.
Le nouveau baccalauréat est "plus juste" assure Jean-Michel Blanquer qui vante un "baccalauréat égalité" sur le site de l'éducation nationale. Plus juste, ça dépend pour qui, si on en croit ce mail reçu par tous les élèves d'un lycée toulousain à la veille de l'épreuve d'histoire-géographie. La direction de leur établissement a choisi de leur simplifier les révisions en leur indiquant tout simplement quel chapitre réviser, comme le montre cette capture d'écran :
"Cela fausse tout"
Une "rupture totale d'égalité" pour un professeur de l'établissement, "désabusé" face à de telles pratiques. "Une collègue a indiqué à ses élèves le chapitre sur lequel il fallait travailler, ça a fuité partout, y compris sur les réseaux sociaux alors la direction a envoyé un mail à tous les élèves pour leur dire quel chapitre allait tomber". Une décision totalement contraire aux consignes nationales pour cet enseignant : "les textes disent que pour l'épreuve de janvier, les élèves doivent réviser tous les chapitres vus depuis septembre. Ce n'est pas du tout l'esprit du texte de dire sur quoi on va tomber, ça fausse tout". Il dénonce "une rupture d'égalité par rapport au niveau national mais aussi par rapport aux élèves du lycée d'à côté qui, eux, n'ont pas eu accès au sujet".
"Pas de problème" estime le recteur d'académie
"Je n'ai connaissance d'aucun cas de fuite dans l'académie de Toulouse" assure de son côté Benoit Delaunay, le recteur d'académie. Interrogé par France 3, il "ne souhaite pas commenter ce document dont il ne connaît pas l'origine" mais il estime cependant qu'il n'y a pas de problème. Selon lui, ce n'est pas le sujet qui a été donné mais un chapitre global, ce qui ne crée pas de rupture d'égalité. "Un bac qui n'a plus rien de national"
Plus globalement, ces épreuves E3C cristallisent beaucoup d'inquiétudes comme l'explique encore notre enseignant toulousain. Pour lui, comme pour beaucoup de ses collègues, le bac est devenu un "bac maison" qui "n'a plus rien de national" : les sujets sont choisis par les établissements, "certes, dans une base de données nationale mais ça reste le choix des professeurs, selon ce qu'ils ont travaillé." Et puis il y a le problème de la correction : "les copies ne seront pas corrigées dans d'autres établissements, comme annoncé au départ, mais bien dans l'établissement de l'élève, par des collègues de son professeur, voire des professeurs qui l'ont eu auparavant, ça pose des questions d'impartialité et ça crée des tensions"."Une impréparation flagrante"
Il y a aussi un gros problème technique dans l'organisation des épreuves, selon lui. "Toutes les copies doivent être scannées pour être corrigées en ligne. Or, les scanners qui ont été achetés ne permettent pas de lire les encres effaçables, ni les crayons de couleurs. Cela pose des problèmes notamment pour les épreuves de géographie. Un établissement toulousain qui a organisé l'épreuve la semaine dernière a renoncé à l'épreuve de cartographie... La technique limite le type d'épreuves, c'est quand même problématique".Une impréparation dénoncée ce lundi matin au lycée Bourdelle de Montauban où la tenue d'une épreuve a été reportée après une manifestation.Une impréparation dénoncée aussi par les associations de parents d'élèves. La FCPE par exemple, a demandé au niveau national le report des épreuves.