A 21 ans, la rameuse Sarah Fraincart participe aux J.O de Tokyo. Elle représente pour la première fois l'aviron marocain lors d'une compétition olympique. La jeune étudiante s'est entraînée durement avec le pôle France d'aviron de Toulouse afin de préparer au mieux ce grand rendez-vous.
Sarah Fraincart doit parfois se pincer pour y croire. La jeune rameuse de 21 ans est à Tokyo au Japon pour participer sous les couleurs du Maroc aux épreuves d'aviron des 33e Jeux Olympiques de l'ère moderne (23 juillet-8 août). C'est la première fois que le royaume chérifien est représenté dans ce sport lors des Olympiades.
Une rameuse franco-marocaine
Née à Troyes dans l'Aube, Sarah Fraincart vit et éudie à Toulouse depuis trois ans. Elle a grandi entre un père français et une mère marocaine originaire de Marrakech. Des parents qui la soutiennent "à 200% et sont très fiers de tout ce qui m'arrive !" confie-t-elle sur le ponton du Pôle France d'Aviron de Toulouse qui lui sert de base d'entraînement.
La découverte de l'aviron à l'adolescence
Sarah a découvert l'aviron à l'âge de 14 ans, à l'occasion de stages de vacances organisés dans sa région d'origine. Elle se passionne pour la discipline, se licencie à la Société Nautique Troyenne, découvre les premières compétitions, l'esprit d'équipe et les premiers podiums, avant de venir s'installer à Toulouse pour y suivre ses études il y a trois ans.
Repérée par la fédération marocaine lors de vacances en famille
En 2017, lors des vacances d'été passées au Maroc, Sarah et sa famille font escale à Kenetra, une ville côtière du Royaume. Elle y découvre au hasard d'une recherche internet l'existence d'un club d'aviron, l'un des plus vieux du pays. Et effectue une sortie avec des rameurs marocains sur le fleuve Sébou, histoire de fraterniser autour d'une passion et d'entretenir la forme.
Ses aptitudes et ses performances tapent dans l'oeil de l'entraîneur, qui lui propose de participer quelques jours plus tard à une régate internationale organisée à Rabat par la fédération royale marocaine d'aviron. Confrontée à des homologues espagnoles, algériennes, tunisiennes ou anglaises, Sarah se hisse en haut d'un podium. Elle choisit désormais de ramer sous les couleurs du Maroc.
La qualification pour les J.O de Tokyo obtenue en 2019
Les compétitions internationales et les perfs s'enchaînent. En 2019, la spécialiste de skiff (embarcation à une place) brille dans sa discipline aux Jeux Africains (3ème place). Elle décroche la même année le sésame olympique pour Tokyo en se classant quatrième lors d'une régate continentale qualificative organisée à Tunis.
C'est la première fois que le Maroc se qualifie en aviron pour des J.O... J'espère ouvrir une voie, pour que d'autres rameuses aient envie de suivre mon exemple.
A Toulouse, un partenariat d'entraînement entre la France et le Maroc
Installée à Toulouse, Sarah Fraincart s'entraîne désormais au sein du pôle France d'aviron basé dans la ville rose. Coachée par Gilles Bosquet et François Meurillon, deux anciens champions de la discipline, elle bénéficie d'un partenariat entre la fédération française d'aviron et celle du Maroc.
"Des conventions sont régulièrement signées, notamment avec des pays africains, pour que les athlètes bénéficient d'une structure d'entraînement en France, explique Gilles Bosquet, médaillé d'argent aux J.O d'Atlanta en 1996. Depuis trois ans, Sarah dispose du matériel dont elle a besoin, elle est suivie par les entraîneurs du pôle France, mais aussi par le service médical du CREPS. Elle bénéficie aussi du statut de sportif de haut niveau français, avec des études aménagées".
Des études en horaires aménagés
Avec deux séances quotidiennes d'entraînement, des compétitions régulières et une préparation olympique renforcée, la barque et l'emploi du temps de Sarah sont bien chargées. Etudiante en DUT de Gestion des Entreprises et des Administrations à l'université Paul Sabatier de Toulouse, elle poursuit un cursus en horaires aménagés spécialement conçu pour les sportifs de haut niveau.
Ligne droite pour les J.O
Sarah est dans la dernière ligne droite avant les épreuves olympiques. La Toulousaine participera à au moins trois courses dans sa catégorie "skiff". Des épreuves menées à un train d'enfer sur la distance classique des J.O en aviron : 2.000 mètres.
Réaliste, elle sait que ses chances de podiums seront faibles, voir nulles face à l'armada des nations traditionnellement pourvoyeueses de médailles (Allemagne, Grande-Bretagne, France, Etats-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande). Mais la skiffeuse pourra au moins s'enorgueillir de faire briller à la surface de l'eau ses rames aux couleurs marocaines dans la baie ventée de Tokyo.