Journée internationale du sommeil. Tout ce qu’il faut savoir sur les troubles du sommeil

En France, une personne sur cinq est sujette à l’insomnie, un trouble du sommeil parmi tant d’autres. Paralysies, apnées, somnambulisme… chaque trouble présente ses spécificités et mérite une attention particulière.

« Lorsque je ne dors pas de la nuit, ça finit par me rattraper la journée et je m’écroule. » Comme environ 25% des Français, Julie Louvet souffre d’insomnies chroniques. Depuis ses 17 ans, cette étudiante se réveille plusieurs fois par nuit : on parle d’insomnie de maintien. « Les troubles insomniaques sont de plus en plus répandus, en particulier depuis la crise sanitaire et, maintenant, la guerre en Ukraine », analyse Rachel Debs, neurologue spécialiste du sommeil au CHU de Toulouse. Puisqu'il est étroitement lié à l’état psychologique et émotionnel, un grand nombre d’individus subissent leur sommeil irrégulier. « Le sommeil est la phase où tout l’organisme se restaure. En manquer peut favoriser l’apparition de troubles de l’humeur, de l’irritabilité, mais aussi une prise de poids et affaiblir le système immunitaire », rappelle la neurologue. Et si les conséquences de ces troubles du sommeil sur l’organisme sont bien visibles, en déterminer la cause relève parfois du parcours du combattant.

Sommeil lent-profond

Pour comprendre les troubles du sommeil, il faut d’abord les nommer. L’insomnie est la plus connue et se décline en trois catégories : les réveils nocturnes, les difficultés d’endormissement et les réveils précoces. À l’opposé se trouvent les somnolences et les hypersomnies. Ces troubles, facilement identifiables à la plainte du patient, ne nécessitent pas forcément une analyse du sommeil dans un centre spécialisé mais doivent faire l’objet d’un suivi thérapeutique. « Traiter l’insomnie est chronophage car le patient nécessite une prise en charge, qui peut être déléguée à des psychologues spécialistes du sommeil », explique Rachel Debs. Certains troubles, comme les apnées du sommeil, peuvent engendrer des complications physiques et méritent donc une analyse dans un centre spécialisé. Puis il y a les parasomnies, caractérisées par des comportements anormaux et des expériences indésirables, se produisant à l’endormissement ou pendant le sommeil, très peu dangereuses mais souvent impressionnantes.

Cette catégorie regroupe un grand nombre de troubles, qui se différencient en fonction des moments du cycle où ils vont survenir : lors du sommeil lent-profond ou lors du sommeil paradoxal. Les terreurs nocturnes, le somnambulisme et les éveils confusionnels se produisent lors de la phase de sommeil lent-profond, qui représente entre 20 et 25% de notre temps de sommeil. Lors de ces expériences nocturnes, les zones motrices sont éveillées tandis que les zones de conscience restent endormies, ce qui explique pourquoi le patient n’a souvent aucun souvenir de ses actions.

Si un quart des enfants expérimentent ces troubles, seuls 5% environ des adultes continueront à faire des crises de somnambulisme. « En vieillissant, le temps de sommeil lent-profond diminue. En général, plus le patient vieillit, moins le risque d’être sujet à ces troubles est important », ajoute Rachel Debs. Et pour réduire le risque d’être sujet à ces troubles, la solution la plus efficace serait d’apprendre à contrôler ses besoins en sommeil lent-profond. « Il faut éviter à tout prix d’être en dette de sommeil, c’est-à-dire de ne pas respecter ses besoins en quantité de sommeil, mais aussi favoriser les siestes et réduire les facteurs de stress. »

Sommeil paradoxal

« En général je suis dans un cauchemar et je n’arrive plus à ouvrir les yeux. J’ai l’impression de me réveiller, mais non, je suis bloquée et rapidement je suis terrifiée », raconte Candice Doussot, jeune diplômée en recherche l’emploi. Ses paralysies du sommeil se sont manifestées lorsqu’elle a quitté le domicile familial pour débuter ses études, il y a cinq ans. Les paralysies du sommeil et les cauchemars apparaissent, eux, lors de la phase de sommeil paradoxal, ainsi que, plus rarement, des troubles du comportement où le patient perd son atonie musculaire. Et si ces troubles ne sont pas des pathologies, ils peuvent rapidement se révéler handicapant. « Des fois, j’ai l’impression de ne pas être seule et que quelqu’un va m’agresser. Mon colocataire est habitué et pourtant il se demande parfois si tout va bien. C’est vraiment une source d’angoisse lorsque je me réveille », souligne Léa Delaplace, arrivée à Toulouse en 2020 pour ses études.

Des fois, j’ai l’impression de ne pas être seule et que quelqu’un va m’agresser. C’est vraiment une source d’angoisse lorsque je me réveille.

Le problème principal de ces troubles du sommeil reste leur prise en charge. Pour traiter ces nombreux troubles, les individus concernés sont parfois un peu perdus. « J’essaye les compléments alimentaires à base de plantes, indique Julie Louvet. Mais je ne vois pas vraiment d’amélioration. » Et puisque ses crises d’insomnies arrivent par périodes, elle n’a encore jamais envisagé la consultation.

Consulter et méditer

« Pour traiter ces troubles il y a deux solutions : la facilité, c’est les médicaments. Ils agissent rapidement mais cela ne règle pas le problème en profondeur. Ce que je préconise, c’est de suivre une thérapie pour comprendre d’où vient la cause de ces soucis », soutient Rachel Debs. Problème : les séances de thérapie ne sont pas remboursées par la sécurité sociale. « En venant consulter on fait le choix de prendre sa santé en main et de se responsabiliser », affirme Patricia Marcos, psychothérapeute et sophrologue à Toulouse. Pour cette spécialiste, il faut compter environ huit séances d’accompagnement avant de devenir « son propre thérapeute ». Et pour favoriser un meilleur sommeil, Patricia Marcos soutient l’intérêt de la méditation de pleine conscience. « C’est le moyen le plus efficace d’apaiser l’esprit. Mais ce n’est pas une baguette magique, il faut au minimum 10 minutes de médiation quotidienne, l’idéal étant d’en faire vingt minutes, même si c’est à différents moments de la journée. » Les scientifiques se sont eux aussi penchés sur la question. Des études prouvent qu’après huit semaines de pratique, les premières transformations neurologiques sont déjà visibles : pensées plus positives, moins d’anxiété…

Comprendre son rythme

« Prendre conscience de ses besoins est la première étape pour aller mieux, complète Rachel Debs. Nous sommes dans une société où toutes nos activités doivent être rentabilisées et cela empêche beaucoup de gens de respecter leur cycle idéal. » Un cycle très personnel puisque, la neurologue insiste, l’heure de coucher diffère d’un individu à l’autre, ainsi que ses besoins en sommeil, pouvant varier de 6 à 10 heures. « Je travaille beaucoup sur mon état émotionnel. En se connaissant on cerne plus facilement notre état d’esprit au moment d’aller dormir et ce qu’il faut faire pour empêcher le cerveau de cogiter. Le meilleur traitement pour moi ça a été de voir un psychologue », confie Léa Delaplace. Laura, toulousaine tout juste diplômée, a commencé à souffrir d’insomnies en traversant une période difficile. « C’est mal mais je me suis tournée vers des substances psychoactives et ça me calmait beaucoup. Mais maintenant que je veux arrêter, mes troubles reviennent. » Pour Rachel Debs, l’utilisation de médicaments, compléments alimentaires ou encore CBD ne sont pas des solutions à long terme. « Le CBD par exemple n’apporte pas un sommeil normal, il sera moins bien structuré, fragmenté. Et les compléments en mélatonine sont inutiles avant 50 ans, il faut juste arrêter l’exposition à la lumière suffisamment tôt pour permettre au corps d’en produire naturellement. »

Nous sommes dans une société où toutes nos activités doivent être rentabilisées et cela empêche beaucoup de gens de respecter leur cycle idéal.

Pour la neurologue Rachel Debs, enfin, un dernier élément est essentiel pour réduire l’apparition des troubles du sommeil : se rappeler que nous sommes des êtres sociaux. « On qualifie certaines activités de non essentielles alors qu’elles le sont pour notre cerveau. Écouter de la musique, faire du sport, lire ou prendre l’air, tout cela est indispensable à notre fonctionnement. » Pour soigner son sommeil, donc, la recette finale reposerait sur trois principes : consulter, s’écouter et s’amuser. À méditer ?

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