La justice fonctionne au ralenti ce vendredi dans de nombreux tribunaux comme celui de Grande Instance à Toulouse. Avocats, magistrats et greffiers sont en grève pour protester contre le projet de réforme présenté par le gouvernement
Audiences renvoyées et rassemblements dans les juridictions: les principaux syndicats de magistrats, les greffiers et les avocats étaient mobilisés vendredi à travers la France pour une journée "justice morte" contre la réforme de la justice.
Contre un projet de loi
Réforme de la procédure pénale, de la procédure civile, numérisation de la justice, réforme des peines et de l'organisation territoriale: le projet de loi de programmation de la justice, qui devrait être examiné en Conseil des ministres le 18 avril, pourrait être soumis avant l'été au Parlement.
Ce projet annonce "sans surprise la mort de la justice, au terme d'une longue maladie", dénoncent dans un communiqué l'Union syndicale des magistrats (USM), le Syndicat de la magistrature (SM), le Syndicat des avocats de France (SAF) ainsi que la CGT Chancelleries et services judiciaires et d'autres syndicats.
Comme à Toulouse, la plupart des rassemblements ont eu lieu en milieu de journée vendredi
Les organisations mobilisées ont dressé une liste de leurs principaux griefs contre cette réforme: "Suppression des 307 tribunaux d'instance et de la fonction spécialisée de juge d'instance, organisation judiciaire illisible et éloignée du citoyen, déshumanisation
de la justice, privatisation du contentieux civil".
Ils dénoncent aussi une "régression des droits de la défense, (un) recul du contrôle de la justice sur les atteintes aux libertés publiques, (une) suppression larvée du juge d'instruction et du juge de l'application des peines, (une) réduction de
la collégialité".
"Le projet du gouvernement a le mérite de la cohérence: racler, réduire, supprimer, sacrifier tout ce qui peut l'être, au détriment de la qualité, pour que les jugements - ou leurs ersatz - sortent le plus vite possible, à moindre coût et que les personnels ne soient plus que des pions à déplacer", critiquent-ils.
Vidéo : un reportage de Delphine Gérard et Olivier Denoun