La justice suspend une décision de l'ARS interdisant l'utilisation d'un scanner à Toulouse pour diagnostiquer le Covid

Le tribunal administratif suspend une décision de l’Agence régionale de santé d'Occitanie. Un établissement médical de Toulouse s'est vu refuser l’exploitation d’un scanner pourtant essentiel pour "diagnostiquer au mieux les patients malades du Covid".

En cette période d'épidémie de Covid, la maison médicale du Parc à Toulouse (Haute-Garonne) voulait exploiter un deuxième scanner "afin de travailler correctement et de diagnostiquer au mieux les patients malades du Covid". Mais le 21 octobre, l'Agence régionale de Santé d'Occitanie refuse à l'établissement médical, spécialisé dans l'imagerie médicale, d'utiliser ce matériel considérant qu'il "ne fait pas partie de la stratégie actuelle d’accompagnement du rebond épidémique constaté".

Une décision suspendue, mardi 1er décembre par le tribunal administratif de Toulouse. Le juge des référés estime qu'en raison de l’état d’urgence sanitaire déclaré depuis le 17 octobre 2020 et de l'absence d'explications pour justifier son choix, l'ARS doit "réexaminer la demande du GIE Scanner-IRM du Parc dans un délai de huit jours".

Travailler mieux, pas travailler plus

Un arbitrage qui "satisfait" Dr Christian Quesnel, radiologue, président de la société d’imagerie du Parc. "Ce refus de l'Agence régionale de santé m'empêche de jouer pleinement mon rôle, notamment dans le diagnostique des cas de Covid. Notre volonté ce n'est pas de travailler plus à l'aide de ce deuxième scanner mais de travailler mieux".

En mars 2020, l'Agence régionale de santé avait pourtant accordé à titre dérogatoire, durant 4 mois et  "dans l’intérêt de la santé publique" en raison de l’épidémie de covid-19, la Maison médicale du Parc à installer un seconde machine d'imageries.

La mise à l'écart de la médecine de ville

A travers cette affaire, c'est la polémique sur la gestion de l'épidémie de Covid et la mise à l'écart de la médecine de ville, au profit des hôpitaux, qui ressurgit. Fin octobre, le ministre de la santé Olivier Véran, avait pourtant tenu à saluer l'implication et la disponibilité de la "médecine de ville, des pharmacies, des kinés, des infirmiers etc..." qui occupent "tous une place à part dans le système de santé face à l'épidémie".

L'utilisation du scanner permet de découvrir si un patient, bien que négatif au test PCR, présente des séquelles liées au coronavirus ou des complications comme une embolie pulmonaire ou une infection à germes.
   

Grâce aux images de notre scanner, un médecin généraliste peut orienter correctement un patient atteint du coronavirus, vers les urgences ou à domicile. Les problèmes administratifs doivent être mis de côté au profit de l'activité médicale et de la lutte contre la pandémie. Chaque élément pour faire face à cette crise sanitaire est important. Il y a des moyens disponibles et on les refuse. C'est un vrai problème

Docteur Christian Quesnel, radiologue

 

Le scanner, un élément indispensable

Dans un courrier, le Professeur émérite, Patrice Massip, ancien spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital Purpan de Toulouse, considère pourtant un tel dispositif, hors milieu hospitalier, comme essentiel : 
 

On le sait l’atteinte respiratoire est celle qui amène la quasi totalité des patients en réanimation. On sait aussi que le cliché thoracique standard ne permet pas un diagnostic correct de l’atteinte pulmonaire. (...) Dans ce contexte l’accès rapide et facile à un TDM (examen d'imagerie) est un élément utile pour ne pas dire indispensable

Professeur Patrice Massip, infectiologue


L'infectiologue rajoute : " Les services de radiologie sont des endroits clos isolés et le mélange de patients covid + ou suspects avec des patients non covid fait courir des risques aux autres patients ainsi qu’au personnel. C’est dans ce contexte que la mise en place d’un filière dédiée aux patients covid + ou suspects, qui évite la salle d’attente, me paraît une solution adaptée à la situation actuelle ".

Sollicitée, l'Agence régionale de santé n'a pas fait suite, pour l'heure, à notre demande. Elle a désormais huit jours pour rendre une nouvelle décision. "On ne sait pas quels arguments on pourra nous opposer, estime le Docteur Quesnel, alors qu'on nous annonce d'ores et déjà ue troisième vague du Covid-19".
 
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