Elle est attachée à l'histoire de Toulouse depuis le 19ème siècle. Pourtant, la violette est en voie de disparition dans la ville rose où ceux qui la cultivent encore sont de plus en plus rares.
Très convoitée à l'approche des fêtes de Noël pour ses pots et ses produits dérivés, la violette de Toulouse est en voie de disparition dans son pays. il ne reste aujourd'hui plus qu'une poignée de producteurs dans la ville rose.La fin d'un âge d'or
Au début des années 1950, ils étaient encore quelque 600 horticulteurs à cultiver ce diamant toulousain, à l'époque seul à fleurir à la saison froide, d'octobre à mars. La violette partait par wagons entiers à destination de Paris. Tout comme les produits qui en étaient issus: confiseries, parfums, liqueur... Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'une demi-douzaine dans la ville rose et aux alentours et les produits dérivés de la violette, souvent utilisés comme cadeaux de Noël, sont élaborés le plus souvent à partir de violettes des Alpes-Maritimes.Une fleur particulière
"La violette de Toulouse est différente de toutes les autres violettes. C'est une fleur d'hiver, double (30 à 50 pétales contre 5 pour les simples), odorante. La difficulté, c'est sa culture, longue (18 mois) uniquement par bouturage et en coupant les stolons avec un prix élevé de production", souligne Adrien Roucolle, concepteur du projet de relance de la culture de la violette.Historiquement, selon les spécialistes, la petite fleur au parfum enivrant a été amenée de Parme (Italie) à Toulouse par un soldat napoléonien au milieu du 19e siècle. Elle s'y est développée et son nom s'est accolé à la ville rose, plus que le pastel arrivé pourtant au Moyen-Age. C'est le gel de l'hiver 1956 qui a entamé le déclin. Maladie, coût, vive concurrence, notamment de plantes exotiques ou encore urbanisation toulousaine ont accéléré le coup de grâce.
Des essais de relance
Plusieurs essais de relance ont été entrepris. Sans succès. L'École supérieure d'agronomie et la faculté de pharmacie de Toulouse a mis au point la culture hors sol et des plants in vitro. "J'ai voulu sauver la violette de Toulouse. Nous avions donné les plants sains pour une multiplication mais on n'a pas suivi nos recommandations. Du coup, le fusarium (un champignon) a détruit 40% de la production", déplore le Professeur Max Henry, à l'origine du in-vitro. "L'idée était de raccourcir le temps de culture. Planter en été et ramasser en février. Seulement au moment de la plantation, il faisait 30, 35 degrés. Les plants n'ont pas résisté", se défend Robert Lannes, l'horticulteur-acquéreur des droits qui envisage aujourd'hui une énième relance.Une fleur un peu passée de mode
Le problème de la violette c'est qu'"elle n'intéresse plus, comme la vieille génération", constate le Professeur Henry. Pour Nathalie Casbas, c'est devenu un "marché de niche". D'ailleurs, cette femme d'arboriculteur-viticulteur, ingénieur horticole de formation, ne cultive plus que pour sa collection personnelle (une centaine de variétés). "Les gens préfèrent d'autres fleurs, notamment les exotiques", constate quant à elle Hélène Vié, créatrice du Jardin d'Elen, une société dédiée à la violette. Cette passionnée, toujours habillée en violet et se déplaçant dans une voiture violette, a acheté un terrain à Lalande, le quartier historique de la petite fleur où elle veut cultiver 3.000 pots dès janvier. Ils s'ajouteront à sa production de 700 pots.Toulouse, conservatoire de la violette
La métropole toulousaine qui joue le rôle de conservatoire de la violette et détient l'une des plus belles collections au monde (126 variétés) s'appuie toujours sur l'image de la petite fleur. Elle soutient la confrérie de la violette et chaque année, en février, promeut la Fête de la violette. "Cela maintient les apparences", s'agace Adrien Roucolle selon lequel il faudrait faire un gros travail de marketing avant de pouvoir la relancer réellement.En vidéo, le reportage de Chloé Thibaud et Jean-Luc Pigneux :