Il est l'un des rares artistes français du mouvement "Low Brow" et dessine et peint des monstres fantastiques et des personnages cauchemardesques. Il expose actuellement à Paris. Rencontre et découverte.
C'est visuellement un choc. Le premier contact avec les oeuvres de Nicolas Giraud, alias 100Taur, quand on ne connaît pas encore son univers, c'est une grande claque. Et puis, en s'approchant, on découvre un monde incroyable et un travail minutieux, celui d'un perfectionniste, un touche à tout (graff, peinture, sculpture, etc) pour qui "peindre est un labeur, dans le bon sens du terme".
Nicolas est né en 1982 à Montauban. Il est installé à Toulouse depuis plusieurs années et travaille dans son atelier de Saint-Orens-de-Gameville, dans la banlieue toulousaine. "J'ai commencé plein de formations artistiques différentes, explique-t-il, mais aucune de me convenait". Jusqu'aux Beaux-Arts de Toulouse, quittés au bout d'un an. "Je séchais les cours d'art vidéo ou de nouvelles technologies, explique 100Taur, car moi ce qui m'intéressait c'était la peinture, la sculpture, les nus : la technique pure". Sa formation, la vraie, il la trouve auprès de l'artiste-graveur Marc Dautry, Nîmois installé à la fin de sa vie près de Montauban, aujourd'hui décédé. "Il était et il reste mon maître et j'ai eu la chance d'être pendant quelques temps son élève. Comme à l'origine des formations artistiques".
Mais Nicolas Giraud a aussi baigné toute son enfance dans un milieu artistique. "J'ai un grand-père qui peint très bien à l'huile et une famille pour qui la culture artistique est très importante. J'ai été plongé très tôt dans les livres d'art".
C'est finalement un paradoxe : histoire de l'art, ouvrage d'art, formation avec un graveur... On pourrait s'attendre à ce que Nicolas Giraud soit devenu un artiste disons plutôt classique. Mais cette culture artistique lui a au contraire servi à créer son propre monde, en se rattachant au mouvement "Low Brow", surtout connu aux Etats-Unis, un courant qui développe une culture populaire, éloignée des formations académiques, et qui s'exprime sur tous les supports.
DIAPORAMA : des exemples de ses oeuvres (copyright 100Taur) :
Dans cet univers, celui de 100Taur, on trouve des monstres, des personnages revus et corrigés, comme des cauchemars couchés sur la toile. Et quand on lui demande ses sources d'inspiration, l'artiste répond pèle-mêle : la mythologie grecque, les divinités hindouistes, des dessins animés des années 80 comme "Les Chevaliers du Zodiaque" ou "Les Maîtres de l'Univers", la littérature fantastique, Edgar Allan Poe, H.P. Lovecraft, etc.
Des références éclectiques complétées par "les livres d'anatomie et de parasitologie que je feuilletais dans mon enfance, dans une famille où tout le monde, sauf moi, est médecin" et "une passion pour la nature et la biologie ; quand je ne travaille pas je pêche, je me promène dans les bois et j'étudie la nature qui est une fabuleuse source d'inspiration".
100Taur expose actuellement ("Monsters in my closet"), à la galerie Artoyz à Paris. Il vit de son travail, même si "le marché de l'art en France est vraiment en crise actuellement". Mais il ne se plaint pas : il estime avoir la chance de vivre de ce qu'il aime avec également des commandes municipales ou nationales et surtout des achats à l'étranger.
Un artiste dans son temps qui anime sa page facebook, son compte instagram ou Twitter. Et qui considère qu'il ne suffit pas d'avoir du talent pour vivre de son art, mais que le travail est nécessaire : "En France, on pense encore que les artistes sont des bohèmes qui passent encore 75 % de leur temps à la débauche. Je suis comme un artisan qui peut travailler 11 heures par jour et qui cherche à faire son travail le mieux possible, pour atteindre MA perfection".
EN VIDEO / la fresque du gymnase Lapujade à Toulouse réalisée par 100Taur en 2012 (vidéo : Jérémy Calixte).