En Haute-Garonne, le Nouveau Front populaire enverra huit députés de gauche à l'Assemblée nationale, soit deux de plus que dans la précédente législature. Jacques Oberti, élu dans la 10ᵉ circonscription, a renversé Dominique Faure, actuelle ministre déléguée chargée des Collectivités et de la Ruralité. Arnaud Simion, élu dans la 6ᵉ circonscription, a battu Monique Iborra, la députée sortante macroniste de la première heure.
Au lendemain des élections législatives anticipées, la Haute-Garonne compte deux nouveaux députés dans les rangs socialistes. Jacques Oberti, élu dans la dixième circonscription de Haute-Garonne et Arnaud Simion, dans la sixième. Portraits croisés.
Jacques Oberti, le tombeur de Dominique Faure
Maire socialiste d'Ayguesvives et président du Sicoval, Jacques Oberti a renversé la députée sortante, Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivités et de la Ruralité.
Originaire de Corse, cet ingénieur agronome et élu de terrain de 64 ans multiplie les mandats. Car il est aussi président de l'association des maires de Haute-Garonne et vice-président d'Intercommunalités de France, chargé du numérique.
À l'Assemblée nationale, il compte réclamer des moyens pour renforcer la sécurité, mettant en avant que dans les campagnes "le ratio de gendarmes opérationnels est passé en une dizaine d'années de 1 pour 1.000, à 1 pour 2.000 habitants".
Ce fils d'enseignants plaide aussi pour un grand effort budgétaire pour l'Éducation nationale. "On ne peut pas laisser l'école de la République dans l'état où elle est. Comment voulez-vous créer des vocations de professeurs, s'ils sont payés au lance-pierre ?"
D'une façon générale, par une présence renforcée des services publics dans les territoires, il veut "redonner au citoyen le sentiment qu'il existe, sinon, il a le sentiment de déclassement", qui conduit au vote RN.
Arrivé nettement en tête du premier tour, le 30 juin, Jacques Oberti s'est imposé au second tour avec 61,07% des suffrages face à la candidate du Rassemblement national, Caroline Falgas-Colomina (38,93%).
Dans cette circonscription qui avait échappé en 2022 à la gauche de 200 voix, Jacques Oberti a bénéficié du désistement de la députée sortante Dominique Faure. Elle voulait se maintenir dans une triangulaire, avant d'être pressée par l'Élysée et Matignon de se retirer.
Arnaud Simion profite du désistement de Monique Iborra
Arnaud Simion, élu dans la 6ᵉ circonscription de Haute-Garonne, est un cadre local du PS, très impliqué dans le social et ancré à Colomiers, deuxième ville de Haute-Garonne, qui abrite les usines Airbus.
Vice-président du Conseil départemental de Haute-Garonne en charge de l'action sociale de proximité et de l'insertion, il plaide pour l'abrogation de la réforme des retraites, dénonce l'allongement de la durée du travail et souligne l'importance de mesures pour préserver le pouvoir d'achat des plus précaires.
La 6ᵉ circonscription dans laquelle il a été élu, "c'est un territoire d'innovation, le principal pôle aéronautique européen, mais il y a des déserts médicaux à proximité, on manque de logements", souligne Arnaud Simion, également conseiller municipal de Colomiers.
"Il faut se battre pour le maintien des services publics, enrayer le déclassement vécu par les habitants", poursuit le socialiste, qui a battu au second tour la candidate RN, Nadine Demange-Fierlej avec 60,40% des voix contre 39,60%.
Fils d'enseignant, petit-fils d'un résistant révoqué par Vichy pour avoir appartenu à la SFIO (Section française de l'Internationale ouvrière, ancêtre du PS) et à la franc-maçonnerie, il se présente comme un "élu simple et engagé" et se targue de travailler en bonne entente avec les autres composantes de l'union de la gauche, de LFI aux Écologistes, parti dont est issue sa suppléante Clémentine Renaud.
Il succède à Monique Iborra, députée depuis 2007, d'abord socialiste puis macroniste, qui s'est désistée pour faire barrage au RN.