Le conseil départemental de la Gironde a décidé lundi 22 novembre de ne pas financer le projet de la LGV Sud-Ouest mais de contribuer à la place au ferroviaire local. Il lui était demandé un engagement de 281 millions d'euros.
Décidément, rien est simple, dans le projet de ligne à grande vitesse (LGV) entre Toulouse et Bordeaux.
Alors que la région Occitanie a bouclé son financement avec 16 collectivités contributrices, ça grince du côté de la Nouvelle-Aquitaine, chez certaines collectivités sollicitées, comme le Lot-et-Garonne ou les Pyrénées-Atlantiques, qui estiment que la contribution demandée est trop importante. Et voilà que le département de la Gironde annonce ce lundi 22 novembre 2021 qu'elle ne participera pas au financement, préférant contribuer à la place à l'amélioration du réseau ferroviaire local.
Développer le ferroviaire local
Le conseil départemental, situé à gauche de l'échiquier politique et auquel il était demandé un engagement à hauteur de 281 millions d'euros pour la LGV, a adopté, à une large majorité, une délibération sur la création d'un "fonds de concours pour le développement des lignes ferroviaires locales" de 170 millions d'euros afin de "stimuler le démarrage" d'un RER "métropolitain" ou "girondin" avec Bordeaux métropole.
"Le département souhaite porter son effort seulement sur les transports du quotidien", a expliqué en séance plénière Jean-Luc Gleyze, son président PS.
Il a également précisé que le département n'adhérerait pas à l'établissement public local devant être mis en place en 2022 pour financer la LGV Sud-Ouest et veillerait aussi à ce que son argent ne soit pas utilisé par Bordeaux Métropole pour financer les Aménagements ferroviaires du sud de Bordeaux (AFSB), une composante du projet de la ligne à grande vitesse (LGV).
"Projet insensé"
Cette question du financement de la LGV Sud-Ouest divise déjà la majorité de gauche à Bordeaux métropole, où le président socialiste Alain Anziani veut affecter environ 350 millions d'euros au GPSO (grand projet ferroviaire du Sud-Ouest) quand son allié Europe-Ecologie-Les Verts Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, exige que cette somme ne contribue qu'à l'amélioration des "trains du quotidien" autour de la métropole.
La LGV est un "projet insensé", a dénoncé récemment l'édile écologiste, auquel la présidente PS de l'Occitanie, Carole Delga, a reproché ses "petits égoïsmes".
Financement tri-partite
Le coût total de la LGV, qui prévoit deux nouvelles lignes à grande vitesse pour faire gagner une heure de trajet entre Bordeaux et Toulouse et vingt minutes entre Bordeaux et Dax, en prolongement de la LGV déjà existante entre Paris et Bordeaux, est de 14,3 milliards, dont 40 % sera pris en charge par l'Etat, qui débloquera 4,1 milliards pour la ligne Bordeaux-Toulouse, 40 % par les collectivités locales des régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie et 20 % par l'Union européenne.
Lundi dans un communiqué publié en fin d'après-midi, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou et le président PS de la Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset ont assuré avec Carole Delga, la présidente de l'Occitanie, que, sans le GPSO, le RER métropolitain à Bordeaux "ne pourrait pas voir le jour" et que "le grand sud-ouest de la France serait à terme marginalisé".
Selon eux, la LGV offrira "des gains de temps considérables pour les usagers", permettra "une augmentation du nombre des trains du quotidien" et développera "le fret ferroviaire sur l'arc atlantique", notamment lorsque sera achevé le raccordement du réseau espagnol au gabarit européen à la frontière française au niveau du Pays basque.