Toulouse a toujours « dans ses tripes une bulle de Jazz » comme disait Nougaro. La preuve avec ce trio né dans la ville qui sort son deuxième album et sera en concert trois soirs d’affilée cette semaine au Bijou.
La première fois que j’ai rencontré Lorenzo Naccarato et son trio, c’était lors d’une émission que nous enregistrions autour de l’Italie. Il interprétait sur la scène du TNT des musiques de films (« Les inoubliables du cinéma italien » Radici). Puis quand j’ai découvert ses compositions issues de son premier album éponyme, je n’arrivais pas à le dissocier du cinéma. Jacques Aboucaya parle lui de « cinématique », autrement dit d’« une musique en mouvement ». Et le spécialiste du Jazz qu’il est, évoque aussi « un voyage onirique ».
Nouvelle éruption
« Intitulé Nova Rupta– la "nouvelle éruption" –, ce disque prolonge un travail initié il y a six ans, autour de l'idée d'une musique cinématique » explique justement Lorenzo Naccarato. » L'imaginaire des mouvements telluriques renvoie autant à l'idée d'une société en transition, à l'aube d'une nouvelle éruption, qu'au statut de l'artiste cherchant à capter et à retranscrire, tel un sismographe, les vibrations de son époque et de son environnement.
Pour l'identité visuelle de cet album, nous avons choisi de travailler avec le duo d'artistes italo-colombiens Carnovsky, qui explorent eux aussi les notions de motif et de dynamique. Leurs immenses papiers peints, conçus par une superposition de trois paysages en couleurs primaires, évoluent et s'animent selon la couleur de la lumière qui les éclaire. »
Incontestablement cette musique transporte. Les amateurs de Jazz y verront du Thelonious Monk comme le signale Aboucaya. « Mais considérer Naccarato comme un suiveur serait singulièrement réducteur » prévient le critique. D’autant que depuis ses débuts en 2012, le trio a parcouru du chemin, dans tous les sens du terme.
« Nous avons connu de grandes aventures, notamment lors de nos trois tournées internationales, Inde en septembre 2017 avec les Alliances françaises, Chine en octobre 2017 avec notre label Laborie Jazz et la société Yari Productions, et enfin Equateur en février 2018 avec les Alliances françaises » raconte Lorenzo. Le travail du trio a gagné en maturité grâce à ces expériences de live, et nous présentons avec Nova Rupta un album qui reflète très bien nos trois identités musicales. »
Être lisible du plus grand nombre
Ce trio est en effet habité, à travers les créations de son boss, au piano, mais aussi par l’interprétation qu’en font Benjamin Naud, à la batterie, et Adrien Rodriguez à la contrebasse. « Sur scène, je cherche au maximum à être ouvert vis-à-vis du public, à regarder et inviter les spectateurs à découvrir un univers musical certes exigent, mais que je souhaite lisible du plus grand nombre » insiste Lorenzo Naccarato.
« Souvent, je regrette une posture trop fermée sur soi de certains musiciens, en particulier en jazz. Surtout, depuis le début de cette aventure en trio, je sens un immense amour entre Benjamin, Adrien et moi-même à jouer ensemble, et à faire résonner une musique qui nous anime. Ce lien presque fraternel, le public le perçoit immédiatement. »
La meilleure façon de s’en rendre compte est évidemment d’écouter ce nouvel album, « Nova Rupta », mais surtout, comme pour toutes les bonnes formations de jazz, d’aller les voir sur scène. Pour vous faire une idée, vous pouvez réécouter le live diffusé en direct des studios de l’Ermitage dans « Open Jazz » sur France Musique. Mais surtout profitez de la présence du trio sur sa terre natale, à Toulouse, pour trois jours au bijou.
Lorenzo Naccarato Trio au Bijou, à Toulouse, les 10, 11 et 12 octobre à 21h30.
Nouvel album : « Nova Rupta », Laborie Jazz.