Ils étaient plus de 2000 à travers le pays à recueillir quotidiennement les données météo de leur lieu de vie pour les envoyer au siège toulousain. Depuis le 1er janvier, ils sont définitivement remplacés par des stations automatiques. La fin d’une époque.
« Ah c’est fini tout ça…» Jean-Louis Serin a forcément un peu de nostalgie dans la voix. De son jardin de Castelginest, au nord de Toulouse, il était bénévole pour Météo France depuis 1984. La météorologie, une passion qu’il porte en lui depuis son enfance : « J’ai eu l’opportunité et la chance d’en faire pour mon métier à l’Equipement au service des routes en hiver ou sur les chantiers puis à la prévision des crues du bassin Garonne ».
Au début, ils m'ont dit non !
Jean-Louis Serin bénévole de 1984 à 2021
A défaut de pouvoir être embauché à Météo France, Jean-Louis s’est donc porté volontaire pour en être un des bénévoles. « Au début, ils m'ont dit non. Ils étaient complets sur ma zone du nord de Toulouse » se souvient le désormais retraité. Puis il obtient un pluviomètre « à l’essai ».
« Ne croyez pas qu’ils prenaient n’importe qui. Il fallait envoyer son relevé tous les mois, avec des annotations si quelque chose d’exceptionnel s’était passé. Des mesures effectuées 365 jours sur 365 ! » insiste Jean-Louis. Des données utilisées pour la climatologie et non pour les prévisions d’où cet envoi seulement mensuel.
Une complicité avec les professionnels
« Moi j’aimais bien discuter avec eux » se souvient Pascal Bourreau, lui-même à la retraite de Météo France depuis peu. « Ces bénévoles avaient l’expérience des particularités locales : l’orage a démarré là-bas derrière la forêt. Et quand il part de là, c’est toujours la même chose, etc. » Et l’ancien prévisionniste de poursuivre : « à une époque, j’avais carrément fait le tour des bénévoles. Ça avait été très enrichissant ».
« Une certaine complicité s’étaient installée entre les prévisionnistes et nous » reconnaît aussi Jean-Louis Serin. « Aujourd’hui, ils ne peuvent pas mettre autant de stations automatiques qu’ils avaient de bénévoles » rajoute le passionné de météo. Et ce n’est pas le but selon la direction de Météo France. « Le choix a été fait de changer de modèle » explique Patrick Josse.
Un réseau qui remonte à Napoléon
« Le réseau climatologique d'Etat remonte à Napoléon ! Il montrait des signes d’essoufflement » explique le directeur de la climatologie et des services climatiques. « Nous n’arrivions plus à remplacer les départs de bénévoles et nous en perdions 150 par an sur 2300 postes ». Choix a donc été fait de créer un nouveau réseau de 750 stations automatiques.
« Elles relèveront toutes pluviométrie et températures en temps réel et à haute fréquence. C’est très important sur certains évènements comme les épisodes cévenoles » détaille Patrick Josse. Certains emplacements, y compris chez des anciens bénévoles, seront conservés pour le suivi des données. Le réseau climatologique d’Etat remonte à Napoléon.
Le lien sera conservé avec eux
Patrick Josse, directeur de la climatologie à Météo France
Alors est-ce pour autant la fin des bénévoles ? D’ici la fin de l’année, il n’y en aura plus aucun qui relèvera quotidiennement pluviométrie ou pluie. « Mais le lien sera conservé avec eux via un portail web pour signaler des épisodes de grêles, la tenue de neige au sol ou tout autre phénomène local difficile à évaluer à distance. Ce sera de l’observation participative » conclut le directeur des services climatiques de Météo France.