Mort à 99 ans de Geneviève de Galard, seule femme présente dans l'enfer de Diên Biên Phù

Infirmière engagée en Indochine, Geneviève de Galard, est décédée ce 30 mai 2024 à 99 ans. Seule femme présente à Diên Biên Phu, elle s'était imposée dans un monde d'hommes par son courage et son abnégation. Pendant la guerre, elle s'était réfugiée à Toulouse avant de regagner Paris en novembre 1942.

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On l'a surnommée "l'Ange de Diên Biên Phù". Infirmière engagée en Indochine, Geneviève de Galard est décédée le 30 mai 2024 à 99 ans. "On parle souvent de sexe faible. (Cet épisode) a permis de se rendre compte que le sexe faible n'était pas celui qu'on pensait...", racontait-elle en souriant bien des années plus tard.

Seule femme à Diên Biên Phu

Elle n'avait rien oublié de ce printemps 1954 où l'artillerie Viêt-minh pilonne sans relâche le camp retranché : le bruit "d'enfer" des tirs, la puanteur et la chaleur étouffante de ces boyaux de terre, les noms de "ses chers" blessés... Seule femme présente sur place, elle a survécu à ce fiasco militaire, devenu un cimetière à ciel ouvert pour environ 3.000 soldats français.

La France et le reste du monde découvrent le 5 juin 1954 cette jeune femme brune aux yeux bleus de 29 ans. Tout juste sortie de l'enfer, elle fait la Une de Paris Match. L'hebdomadaire titre "La France accueille l'héroïne de Diên Biên Phù". 

Née à Paris le 13 avril 1925, Geneviève de Galard-Terraubea grandi dans une vieille famille aristocratique. Un aïeul aurait combattu avec Jeanne d'Arc. Elle perd à neuf ans son père, officier. Un deuil douloureux, qui la rend très sensible à la souffrance d'autrui. Devenue infirmière, elle a déjà géré des situations difficiles en Afrique quand elle signe en 1953 un contrat de convoyeuse de l'air et se porte volontaire pour l'Indochine.

Un engagement chevillé au corps

Elle accompagne dans les Dakota médicalisés les blessés depuis Diên Biên Phù mais, avec les bombardements incessants, les évacuations deviennent très difficiles. Le 28 mars, son avion se pose acrobatiquement. Endommagé, il ne redécollera jamais. Armée d'une simple trousse de premiers secours et de sa foi indéfectible, elle officie à l'antenne chirurgicale. Elle refait des pansements à la lumière de lampes de poche, administre des piqûres au Phénergan, réconforte les blessés, des hommes souvent plus jeunes qu'elle au regard "d'enfants égarés".

Acclamée par 250.000 New-Yorkais - Elle devient mère, sœur, amie, gagnant le respect et l'admiration de tous. Surplace, elle est faite chevalier de la Légion d'honneur et reçoit la Croix de guerre. 

Emmanuel Macron a salué sa mémoire. "L'ange de Diên Biên Phu nous a quittés. Infirmière militaire, Geneviève de Galard fit montre, aux pires heures de la guerre d'Indochine, d'un dévouement exemplaire du courage et des souffrances de 15.000 soldats français", écrit-il dans un message sur X.

Geneviève de Galard avait trouvé refuge à Toulouse, avant de regagner Paris en novembre 1942 après l’invasion par les Allemands de la zone non occupée.

Une immense popularité

A la chute du camp de Dien Biên Phû le 7 mai 1954, elle demande à rester jusqu'à l'évacuation des derniers blessés mais est finalement poussée dans un avion pour quitter Diên Biên Phù. De retour en France, elle se retrouve brusquement confrontée à une immense popularité. "Que je n'avais jamais ni voulue, ni recherchée. Je n'avais fait que mon devoir". Conviée par le Congrès américain, elle est accueillie comme un chef d'Etat et décorée à la Maison Blanche de la Médaille de la Liberté, plus haute distinction pour un étranger.

Surnommée "L'Ange de Diên Biên Phù" par la presse, elle parcourt le pays pendant trois semaines et descend Broadway sous les confettis devant 250.000 New-Yorkais. "J'ai alors eu l'impression d'être tout à la fois actrice et spectatrice". Fuyant les honneurs, elle repart vite en mission et retombe dans un relatif anonymat qui lui convient très bien. 

Ecrit avec AFP

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