A Toulouse, Jennifer Pailhé a sorti sa fille mineure de la prostitution. Depuis, elle a fait de cet enfer, un combat. Reçue mardi 7 septembre par Adrien Taquet, le secrétaire d’État en charge de l’enfance et de la famille, cette maman a partagé son envie d'aider d'autres parents et victimes.
Son combat pour sauver sa fille, Assia, 14 ans, des griffes de son petit copain proxénète, seulement âgé de 17 ans, a duré deux ans.
Le combat d'une mère...
Cette Toulousaine de 33 ans a remué ciel et terre pour sauver sa fille. Dans les commissariats, on lui répondait que sa fille était consentante. Elle a dû mener sa propre enquête, et a trouvé des photos de sa fille sur les sites d’escorts et les logements dans lesquels elle se cachait.
Le début de la prostitution de sa fille remonte à ses 14 ans lorsqu’elle rencontre un jeune homme qui devient son petit copain. Ce «petit ami» devient en réalité son proxénète. Il va mettre en place une stratégie d'emprise et d'isolement. Il demande à voir ses messages privés, contrôle le répertoire de son téléphone. Lui interdit de contacter sa mère. Puis lui propose des photos sexy, et enfin des «plans» pour payer l'hôtel, les courses. En quelques mois, Assia fait jusqu'à dix passes par jour. Elle est violentée et n'a pas le droit de se doucher. Mais elle continue d'être sous la dépendance affective de ce jeune homme.
Une association pour venir en aide aux victimes et à leur famille
En juin 2021, Jennifer Pailhé crée l’association "Nos Ados Oubliés" pour aider les parents démunis face à ce phénomène.
Par le biais de cette association, Jennifer Pailhé souhaite créer des «lieux de vie» pour les adolescentes victimes de prostitution. Des lieux de vie capables d’accueillir entre 15 et 20 adolescentes, et mise en place d’un conciliateur ou d’un membre du Parquet afin de suivre les prostituées mineures.
Un cri entendu jusqu'au ministère de la Santé
Ce 7 septembre, la maman originaire de Toulouse, a été reçue au ministère de la Santé par Adrien Taquet, le secrétaire d'État en charge de l'enfance et de la famille.
Le rendez-vous a duré près de 3 heures. Même si toutes mes idées ne seront pas retenues, le dialogue a été constructif. J'espère qu'il y aura des suites positives. Adrien Taquet m'a proposé de contacter le maire de Toulouse pour m'aider dans ma recherche de local pour les victimes et il m'a conseillé sur de possibles subventions régionales.
Un plan national de lutte contre la prostitution des mineurs doit être présenté à l'automne 2021.
Entre 7 000 et 10 000 prostitués mineurs
Dans un rapport gouvernemental publié en juillet sur ce sujet, l’ensemble des professionnels auditionnés par le groupe de travail constate que la prostitution des mineurs est en augmentation régulière depuis cinq ans.
Il y aura toujours un chiffre noir de la prostitution. Le secteur associatif évalue le nombre de mineur(e)s prostitué(e)s dans une fourchette entre 7000 et 10000. Mais cela reste très approximatif et peut être en deçà de la réalité.
De grandes tendances ont pu être identifiées par le groupe de travail quant au profil des victimes de la prostitution. Ce sont très majoritairement des jeunes filles, de 15 à 17 ans en moyenne, vulnérables, provenant de tous les milieux sociaux et qui ont des difficultés à prendre conscience de leur statut de victimes.