Pyrène, "le premier" robot humanoïde au monde capable de se servir d'outils, a été présenté jeudi à Toulouse par son concepteur, le Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes (LAAS) du CNRS
Il peut visser ou percer. Pyrène, le premier robot bricoleur est né. Il a été inventé à Toulouse pour aider l'homme dans ses tâches les plus difficiles.
Avec ses 1m75 pour 95 kg, doté d'une vision infrarouge, d'un oeil 3D et d'un capteur d'efforts, il marche. Bientot, il pourra monter un escalier, soulever de lourdes charges. Il a été été présenté jeudi matin par son concepteur, le Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes (LAAS) du CNRS de Toulouse.
Le robot anthropomorphe est capable d'effectuer 32 mouvements articulaires indépendants. Il peut ainsi surmonter un grand nombre d'obstacles, comme un terrain accidenté ou des marches d'escalier, avec une "rapidité inédite", se félicite Olivier Stasse, directeur de recherche au sein de l'équipe Gepetto, qui pilote le projet au sein du LAAS. "C'est grâce à la locomotion généralisée", explique l'inventeur de Pyrène.
"Avec la première génération de robots, on développait des capacités locomotrices: la marche et la coordination des mouvements", explique Philippe Souères, responsable du département robotique au LAAS de Toulouse. "Cette nouvelle génération est capable non seulement de bouger mais également d'agir sur son environnement et de produire des forces, afin de le rendre capable d'exécuter des tâches", ajoute-t-il.
Pyrène est non seulement capable de marcher mais également de s'appuyer sur un mur ou de se saisir d'une rampe pour monter les escaliers.
Grâce à des caméras stéréo à détection de profondeur, ce nouveau robot peut "voir" un obstacle avant de le contourner, là où ses ancêtres poursuivaient leur chemin, percutaient et tombaient. En témoigne les nombreux scotchs réparateurs et mousses protectrices qui ont dû être collés sur HRP-2, le robot japonais d'ancienne génération sur lequel le LAAS travaille depuis 2006.
Pyrène est lui capable "d'interagir avec l'environnement et les êtres humains, grâce à ses capacités de perception", assure Olivier Stasse, qui souligne que, à terme, l'objectif est de faire un "robot qui soit capable de comprendre la chambre de mes fils", peu rangée comme on peut l'imaginer, afin d'y intervenir.
Pyrène "a le réflexe pour pouvoir réagir", explique Philippe Souères. Il est donc ainsi "capable de manipulations". "Pyrène peut se servir d'outils et effectuer des actions complexes, telles que visser quelque chose ou percer un trou", affirme-t-il.
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Airbus intéressé
D'autres robots sont bien entendu capables aujourd'hui de percer ou de visser, mais il s'agit d'une première mondiale "pour un robot humanoïde bipède", assure le chercheur.L'avenir du nouveau-né semble donc tout tracé. "On commence à s'interroger avec nos collègues chez Airbus à des applications", souligne Olivier Stasse. "Aujourd'hui, l'industrie aéronautique est peu automatisée par rapport aux constructeurs automobiles par exemple", rappelle-t-il. Il est en effet encore impossible pour un robot de s'accroupir dans une carlingue pour aller y visser des boulons fixant une aile. Pyrène a l'ambition, à terme, de pouvoir s'en charger. Déjà, le robot s'entraîne à percer et visser sur des objets prêtés par Airbus. A quand une "usine du futur" où des Pyrène interviendraient sur les chaînes de l'avionneur européen? "Dans un horizon relativement court. On peut parler en terme de quelques années", s'avance Philippe Souères.
Mais les robots humanoïdes "n'ont pas vocation à remplacer la main-d'oeuvre humaine", assure Olivier Stasse, mais à "oeuvrer à ses côtés". "Pyrène pourrait ainsi effectuer ces tâches éprouvantes susceptibles de causer des troubles musculosquelettiques chez l'homme", précise-t-il.