REPORTAGE. "Ces livres, je les ai choisis un par un", contrainte de fermer sa librairie, elle vend ses stocks à prix réduit

Deux après son ouverture, la librairie toulousaine "Libre Cours", rue Arnaud Bernard, va fermer ses portes. L'épilogue d'une histoire en deux chapitres, d'abord en librairie ambulante, devenue sédentaire. Au moment de tourner la page, Sonia, la gérante, vend son stock.

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La rue Arnaud Bernard est déjà écrasée sous la chaleur, quand un livreur franchit le pas de la porte. "C’est léger aujourd'hui" sourit-il en pénétrant dans la librairie. Dans ses mains, la pochette en carton marron, laisse imaginer un colis plutôt léger en effet. "Ça ne sera que léger maintenant" répond Sonia Luque, la maîtresse des lieux. Pour cause, sa librairie doit fermer le 17 juin. Et d'ici là, elle doit écouler son stock, au plus possible. 3 000 livres sont à saisir. 

Une aventure de cinq ans

Ce stock, Sonia le façonne depuis cinq ans. Tout commence, dans un camion, avec lequel elle sillonne les environs toulousains à partir de 2018. "On l’avait créé et emménagé nous-même, c'était ouvert sur trois côtés. Les gens pouvaient tourner autour" se souvient-elle, photos à l'appui. Sur les marchés ou lors d'interventions dans des festivals ou des EHPAD notamment, elle joue les libraires nomades. Une nouvelle manière d'appréhender un métier qu'elle découvre à ce moment-là.

L'expérience prend fin à cause de la crise sanitaire et des décisions qui en découlent. "Je ne pouvais plus intervenir dans les écoles ni dans les EHPAD" regrette-t-elle. Mais cette déception est aussi l'occasion de concrétiser un projet qui trotte dans sa tête depuis le début de son aventure entre les livres. "J'ai cherché un endroit pour ouvrir une librairie. Au début, c'était dans les villages alentour. Puis j'ai eu l'opportunité de m'installer ici, à Arnaud Bernard. La mixité qu'il y a ici me plaît beaucoup".

"Ces livres, je les ai choisis un par un"

Dans ses rayons, la libraire propose justement des ouvrages qui mettent en avant les diversités culturelles. Mais on retrouve également des bandes dessinées, des romans ou encore des livres jeunesse. Aujourd'hui, tous ces livres sont en vente avec une promotion de -5 %. Plus que l'aspect financier, c'est surtout l'envie de transmettre qui motive l'ancienne baroudeuse. "Ces livres, je les ai choisis un par un, narre-t-elle. J'estime qu'ils ont tous un intérêt, et j'aimerais bien qu'ils trouvent un lecteur".

Cette relation avec les clients, ce qui l'a animé pendant toutes ces années. Échanger sur un livre, conseiller un auteur ou simplement discuter avec ses clients, sont autant de facettes qui lui ont fait aimer ce métier. Au moment de fermer la page, c'est essentiellement cela qui va lui manquer. D'autant plus que cette décision, n'est pas de son seul ressort. 

Un quotidien devenu trop cher

"J'ai passé deux années très sympas. Pas faciles, mais agréable, rembobine-t-elle. Je regrette beaucoup que cela se termine comme ça. On le sait quand on ouvre une librairie. On ne gagnera pas des cent et des mille sur les premières années. J'avais déjà deux ans et demi de finances personnelles qui avaient un peu fondu. Je m'étais dit qu'il fallait que j'arrive au moins à un Smic au bout de deux ans. Et là ce n'est pas le cas".

En plus, la conjoncture économique actuelle ne facilite pas la pérennité de son activité. Si ses ventes augmentent au fil des années, l'explosion des prix de l'énergie et l'inflation générale ont condamné ses derniers espoirs. 

"Les charges ont augmenté, je paye l'électricité beaucoup plus cher. Les transports aussi ont augmenté. Le téléphone, internet… La mairie m'a soutenu un peu en baissant le loyer pendant un an. Je leur ai demandé qu'ils me le maintiennent à ce prix-là, mais ils n'ont pas souhaité."

Finir sur une bonne note

Avant de fermer définitivement ce chapitre de sa vie, la librairie "Libre cours" va connaître un mois de juin chargé. Une soirée spéciale pour la présentation d'une BD créée par des locaux. Les nocturnes d'Arnaud Bernard, le jeudi 15 juin. Et pour finir, la "dé-pendaison de crémaillère", le mercredi 28 juin.

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