REPORTAGE. Premier jour de la saison aux Restos du Cœur, entre hausse des demandes et besoin de bénévoles

En 2022, les Restaurants du Cœur ont 38 ans d'existence au service des plus démunis. Le centre de distribution du Séminaire à Toulouse (31) a ouvert ce 23 novembre sa campagne d'inscription hivernale. L'occasion de faire le point sur les besoins de l'association. Reportage.

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Dès l'ouverture des portes du centre de distribution du Séminaire à Toulouse dans le quartier de Lalande, une file d'attente est déjà constituée le long du grand bâtiment en métal gris. Des jeunes couples, des femmes seules avec leurs enfants, chacun attend l'appel de son nom pour recevoir son colis alimentaire.

Claude Mercé est bénévole en charge de l'animation de cette structure. Ce retraité dynamique fait l'interface entre l'équipe de bénévoles et les accueillis du centre et reçoit aussi les nouveaux candidats au bénévolat.

"Personne ne repart les mains vides"

"Au premier jour de la saison, soit la personne s'est déjà inscrite en intersaison, soit on donne un rendez-vous pour une future inscription ainsi qu'un colis alimentaire. Personne ne repart les mains vides."

Le Séminaire est le plus gros centre de la Haute-Garonne. 770 familles sont acceptées ici pour bénéficier de l'aide alimentaire, 470 autres sont en attente de finaliser leurs inscriptions.

Entre la distribution, l'accueil, l'aide à la personne, les cours de Français, 50 bénévoles œuvrent sur le centre. "Aujourd'hui 15 sont présents pour l'accueil des familles mais c'est insuffisant, constate Claude, il en faudrait 20 pour qu'on soit confortable."

Un besoin urgent de bénévoles

Le recrutement des bénévoles est une des préoccupations de Claude. "Être bénévole aux restos du Cœur, c'est rendre service et faire du bien aux gens que l'on accueille mais on se fait du bien à nous-mêmes". 

Les activités sont variées aux Restos. En centres d'activités pour participer à l'aide alimentaire ou à la personne, dans les centres de la rue (450 repas sont distribués tous les soirs), pour des missions au siège départemental (informatique, gestion, communication, chauffeurs...) il suffit parfois de seulement deux heures de disponibles pour aider l'association.

Un service de Ressources est spécialement dédié aux bénévoles.

Avant le Covid, nous avions la moitié plus de candidats.

Claude Mercé - Bénévole aux Restos du Cœur

Face à l'augmentation des demandes, notamment des travailleurs en activité ou des personnes avec des contraintes en semaine, le centre envisage d'ouvrir un nouveau créneau de distribution le samedi matin, en plus des journées entières du lundi et mercredi. "L'équipe n'est pas encore constituée, mais l'idéal serait que début janvier cela soit mis en place". concède Claude.

Justement, une femme d'une trentaine d'années se présente ce matin au bureau de Claude. Elle a déjà été reçue par Bernard, bénévole en charge du recrutement sur le département pour les Restos. L'entretien commence par une présentation de la jeune femme, ses motivations mais surtout les disponibilités de la candidate.

Chimène est béninoise et a déjà connu la pauvreté pendant plusieurs années. "Les gens aux Restos du Cœur, je les connais et comme j'ai du temps libre, je peux aussi les aider. J'ai envie de donner de l'affection et de l'empathie." 

C'est dans mon caractère de faire du bien aux autres.

Chimène - Candidate au bénévolat

"Chez les bénévoles, comme chez les bénéficiaires, beaucoup de gens viennent pour chercher du lien, de la reconnaissance. Aux Restos du Cœur, on accepte tout le monde", assure Claude Mercé. 

Souvent d'anciens bénéficiaires reviennent aider, pour rendre ce qu'ils ont reçu.

Claude - Bénévole

"Il faut être efficace !"

"Tous les profils, toutes les nationalités sont accueillis ici, mais l'aide allouée est conditionnelle, explique Claude. On regarde le reste à charge, c'est-à-dire la différence entre les ressources du ménage et ses recettes." 

770 familles, ce sont donc 2100 personnes qui comptent chaque semaine sur la distribution d'un colis alimentaire, uniquement sur le centre du Séminaire de Toulouse. 

Lors des deux journées de distribution, les inscrits présentent leur carte sur laquelle figurent, leur numéro d'adhérent, le jour et l'heure de la distribution.

"Ce n'est pas l'usine, dit Claude, mais il faut être efficace. On sert 23 familles par demi heure et il y a 11 sessions d'une demi heure chaque jour."

Le temps où les gens étaient reçus pour boire un café et échanger semble révolu depuis la crise sanitaire. Aujourd'hui les personnes se présentent dehors pour retirer leur colis.

Une période que regrette Marie. Bénévole pendant deux ans, d'abord à Cugnaux et depuis trois mois à Lalande. Ce mercredi, Marie s'occupe de la répartition des produits laitiers. Fiche entre les mains, elle adapte la quantité de yaourts et de fromage à la composition de la famille.

Malheureusement depuis le Covid, on ne voit plus les gens, on voit juste leur fiche.

Marie, bénévole

"Avant on avait beaucoup plus de liens avec les familles. Quand je découvre sur la fiche qu'il y a des enfants, j'essaye d'arranger le colis en fonction de leur âge en mettant du chocolat ou des petits gâteaux, mais aussi en fonction de ce qu'on a en stock."  Le sens du service, faire plaisir sont toujours à l'esprit de ces bénévoles.

"J'ai du courage, ça va passer"

Sous la pluie battante, Sarra fait sa première visite aux Restos du Cœur. La trentenaire traverse une période difficile et a sollicité l'aide de l'association pour lui venir en aide. Sarra a fui son mari violent qui la laissée sans ressource. Depuis quelques mois, elle vit à l'hôtel avec un bébé de cinq mois le temps de divorcer et récupérer ses papiers pour une nouvelle vie. Sarra ne dispose que du montant de l'aide sociale pour son bébé : 150 euros tous les trois mois. De sa visite, elle va pouvoir emporter une boite de lait maternisé, des couches pour son nourrisson et de quoi subvenir à ses besoins alimentaires pour une semaine. Une situation nouvelle et provisoire, pour cette jeune maman qui, depuis qu'elle est arrivée en France, a toujours travaillé. 

Je n'ai pas l'habitude d'être aidée.

Sarra - nouvellement accueillie

"Je travaille depuis mon arrivée en France, en 2014, et franchement ça me fait un peu mal de demander de l'aide. J'ai l'impression de faire la manche, mais c'est mieux que de rien avoir à manger", se désole Sarra. Souriante, la jeune femme ne baisse pas les bras, "j'ai du courage, ça va passer".

Un besoin en produits frais

Hormis les achats effectués par les Restos eux-mêmes, les dons de l'Europe par le biais du Fonds économique d'aide aux plus démunis, les dons et les collectes, et les produits proches de la date de péremption récupérés des grandes surfaces, l'association manque de produits frais.

"Actuellement ces produits frais manquent car la situation devient difficile partout. Les grandes enseignes font maintenant des opérations sur les produits qui arrivent près de la date de péremption et cela vient réduire nos collectes, confie Claude Mercé. La situation des produits frais est critique et nous en manquons".

Des collectes sont organisées une à deux fois dans l'année au niveau départemental. Lors de la dernière collecte en Haute-Garonne, les gens ont été généreux, 120 tonnes de denrées ont été collectées, ce qui correspond aux besoins à l'année d'un centre comme celui du Séminaire. 

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