Désaccords au sein de l'association organisatrice, soupçons d'escroquerie, plainte pour abus de confiance... Avant même d'avoir eu lieu, le festival des Estives littéraires de Luchon a viré au mauvais polar. Et vient d'être annulé par les organisateurs.
270 auteurs attendus, quelques grands noms, des parrains célèbres... Sur le papier, les Estives littéraires de Luchon avaient de quoi séduire. Le président de l'association organisatrice du festival ambitionnait même de le placer dès sa première édition parmi les plus grandes manifestations littéraires de France. Finalement le festival prévu du 29 juin au 1er juillet 2018 au pied des Pyrénées n'aura pas lieu. Il a été annulé lundi et le vice-président de l'association organisatrice de l'évènement vient de porter plainte pour abus de confiance contre son président.
Annulation lundi
C'est par un simple post publié sur Facebook que les participants du festival ont appris son annulation. "Pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous sommes contraints d'annuler Les Estives Littéraires qui devaient se tenir du 29 juin au 1er juillet 2018". indiquent les organisateurs sur la page officielle du festival.De quoi susciter la colère et l'amertume des auteurs invités. Delphine Montariol, romancière, s'insurge dans les commentaires : "annoncer ce genre de nouvelles par Facebook est absolument irrespectueux pour les auteurs, les bénévoles qui se sont investis, les parrains, les Luchonnais et les sponsors" écrit-elle. Il faut dire que beaucoup d'entre eux ont déboursé des frais d'inscription (35 euros) pour participer à ce festival et déjà payé leurs frais d'hébergement.
Car si certains auteurs considérés comme VIP par l'organisation étaient invités, d'autres, environ la moitié, devaient engager des frais pour participer à l'évènement.
Démissions à la tête de l'association organisatrice des Estives
A deux mois du festival, Frédéric Laurent, le vice-président de l'association organisatrice, "Estives littéraires de Luchon", a perdu patience. Son avocate explique qu'il s'inquiétait depuis plusieurs semaines du "flou entretenu par le président autour du festival". Impossible de connaître le nombre exact d'auteurs inscrits. Impossible d'avoir accès à la comptabilité. Et difficile pour lui d'admettre que l'argent versé par une partie des auteurs pour s'inscrire à l'évènement avait été versé sur le compte de l'association personnelle du président, Patrick Milono.Joint par France 3, ce dernier explique que c'est "parce que l’association les Estives littéraires n’était pas encore créée". "Elle ne l’a été que le 20 janvier" dit-il "et son compte en banque a été ouvert au Crédit agricole de Luchon le 15 mars dernier".
En attendant, le vice-président de l'association a démissionné, avant d'inciter son président à faire de même, le 21 avril dernier. Et de porter plainte contre lui pour abus de confiance.
Festival annulé
Si le maintien du festival a été envisagé malgré tout, il n'en sera finalement rien. Une réunion organisée en urgence avec les services de la mairie a conclu à son annulation pure et simple. Et l'ancien vice-président invite désormais les auteurs qui le souhaitent à porter plainte à leur tour pour abus de confiance. Certains l'ont déjà fait même s'il est difficile à l'heure qu'il est d'estimer le nombre de plaintes déposées. Sur la page officielle du festival, le procès de Patrick Milono semble avoir déjà commencé et l'amertume est grande."Il n'y a pas eu d'escroquerie"
Aujourd'hui, Patrick Milono reconnaît des erreurs mais jure ses grands dieux qu’il n’y a eu aucune escroquerie. "Amoureux de Luchon, j’ai voulu faire un bel évènement, mettre en valeur la ville et mettre en avant la littérature et les auteurs" dit-il avant de se dire abasourdi par les commentaires qui circulent à son sujet et sur les soupçons d'escroquerie qui pèsent sur lui.Je ne suis pas un salaud, pas un voleur, pas un escroc" Patrick Milono
"C’est complètement délirant. C’est affligeant. J’ai monté un beau projet, je n’ai fait que ça. Il n’y a eu ni la volonté d’escroquer, ni la volonté d’abuser qui que ce soit . On ne fait pas une escroquerie pour 11000 euros, ça ne tient pas la route. J’y ai consacré une année de ma vie. On ne travaille pas une année entière pour ça. On est dans le délire le plus complet".
Les auteurs devraient être remboursés
Cet argent a selon lui été utilisé pour des frais de déplacement dans des salons du livre, des avances sur des billets d'avion pris pour les auteurs ou encore pour créer un site internet. Des subventions devaient compléter le budget du festival. Maintenant que celui-ci est annulé, Patrick Milono indique vouloir "sortir de cette affaire par le haut". "Les auteurs n'ont pas à subir ce genre de situation. J'ai décidé de leur rembourser les frais engagés sur mes fonds propres, en dix mensualités".Quitte à saisir ensuite lui-même la justice ensuite pour régler le différend avec un vice-président qu'il accuse de "l'avoir démissionné".