Depuis le mardi 7 janvier, les agents de la police scientifique débrayent tous les jours 10 minutes devant le commissariat de Toulouse. Un mouvement de grève national pour faire reconnaître la pénibilité et la dangerosité de leur travail. Rencontre avec l'une de ses agents.
Avec sa blouse blanche, Roselyne P. 59 ans, appartient à la police technique et scientifique (PTS). Ce mercredi, elle a décidé de débrayer devant le commissariat de Toulouse pour faire part de son exaspération. Elle fait partie des 180 agent de la PTS qui réclament un changement de leur statut.
" On n'a pas d'horaires "
En charge de la réception des scellés et pièces à conviction, elle est en laboratoire depuis 2016 mais a longtemps travaillé sur le terrain. Elle avait pour mission de se rendre sur les scènes de crimes, vols, viols, agressions ou homicides et de réaliser tous les prélèvements nécessaires pour aider à élucider l'enquête.On n'a pas d'horaires. On assiste souvent à des scènes difficiles. On est confronté à la misère humaine, au danger aussi. Un jour j'ai dû assister à l'autopsie d'un bébé de 8 mois, c'était très dur, les images me hantent encore
Un statut d'agent sédentaire
Or, Roselyne ne bénéficie pas du statut de policier. Elle est considérée comme une agent administrative sédentaire. Grille de salaire, retraite, récupération, aujourd'hui elle souhaiterait, comme l'ensemble de ses collègues sur le territoire national, que son statut évolue vers une meilleure reconnaissance."Sur le terrain, nous devons porter un gilet pare-balles mais nous n'avons pas le port d'arme. Pourtant, on accompagne les policiers sur les mêmes scènes de crimes, parfois violentes, on voit les mêmes cadavres, on est soumis au même stress", poursuit Roselyne.
En effet, les agents de la police technique et scientifique, comme Roselyne, n'ont pas fait l'école de Police. Agents administratifs, ils sont considérés comme sédentaires et dépendent du régime général pour leur retraite.Je vis très mal le fait d'être considérée comme un simple agent administratif
Avec les négociations en cours sur la réforme des retraites, ils demandent la reconnaissance d'un statut spécifique qui tienne compte de la dangerosité et de la pénibilité de leur travail.
Nous résolvons un tiers des enquêtes
"Nous savons que nous ne serons jamais considérés comme des policiers actifs. Nous représentons seulement 2% de la masse salariale de la Police Nationale, pourtant nous résolvons un tiers des enquêtes. Avec la réforme, nous nous sentons encore plus lésés ", conclut Roselyne. Roselyne se sent tout simplement abandonnée par l'administration française comme beaucoup de ses collègues. Bien loin de l'image valorisante véhiculée par les Experts et autres fictions télés sur la police scientifique.
Voici en images le reportage sur les raisons de ce mouvement social avec Sophie Pointaire et Xavier Marchand.