Les consultations de psychologues remboursées par la Sécu généralisées à toute la population dès l'âge de 3 ans. C'est ce qu'a annoncé Emmanuel Macron, ce 28 septembre 2021, lors des Assises de la santé mentale. Le dispositif était testé en Haute-Garonne depuis 2018. Pour quel bilan ?
La prise en charge par l'Assurance Maladie des consultations chez un psychologue, sur prescription médicale, a été expérimentée dans quatre départements, avant sa généralisation annoncée par le président de la République ce 28 septembre 2021. En Haute-Garonne, le dispositif a été mis en place en 2018. Plus de 18.600 patients ont ainsi bénéficié de séances de soutien psychologique sans avoir à avancer le coût des consultations. "Le dispositif est plutôt satisfaisant" disent globalement les psychologues. Surtout que la crise sanitaire Covid a engendré de nouvelles demandes.
Prise en charge sur prescription médicale
Les consultations de psychologues seront remboursées par la Sécu pour toute la population dès l'âge de 3 ans, sur prescription médicale, a annoncé Emmanuel Macron ce mardi 28 septembre 2021. Cette prise en charge, testée jusqu'à présent dans quatre départements, est donc généralisée. Elle était réclamée par la profession, confrontée à l'arrivée de nouveaux patients depuis le début de la crise sanitaire Covid.
Testé notamment en Haute-Garonne depuis trois ans, le dispositif proposé par la CPAM fonctionne de la manière suivante. Un médecin traitant adresse un patient à un psychologue pour évaluation, ouvrant ensuite droit à dix séances de soutien. "Le patient n’a rien à avancer, et c’est le psychologue qui va envoyer les documents à la Sécu pour obtenir le remboursement".
"Cette prescription médicale préalable" a engendré à un certain moment quelques réticences, "une certaine forme de protestation" chez certains psychologues, concède Patrice Bouchaïd. "Les gens qui viennent ici ne passent pas voir leur médecin, ils n'ont pas besoin d’aller raconter leurs difficultés à deux personnes", indique le secrétaire général du Syndicat national des psychologues et psychothérapeutes. Autre point de crispation soulevé par le psychologue de Toulouse : les critères de prise en charge par la Sécu, 22 euros pour 30 minutes de consultation.
Il y a des barrières à baisser pour pouvoir aller jusqu’au niveau où les personnes souffrent, c’est ça qui fait la longueur d’une consultation.
Concernant le montant de la consultation prise en charge, les professionnels ont été entendus. La première consultation sera remboursée à hauteur de 40€, et 30€ pour les suivantes.
Les besoins en santé mentale ont explosé avec la crise Covid
Pourquoi généraliser le dispositif ? Indéniablement, pour répondre à une demande. Durant l'expérimentation, le remboursement de ces séances chez le psychologue n'était accordé qu'aux adultes âgés de 18 à 60 ans. Avec la généralisation du dispositif, toute la population dès l'âge de 3 ans est désormais éligible. Il faut dire que les psychologues sont unanimes : la crise sanitaire a fait émerger de nouveaux besoins, et une nouvelle patientèle.
Avec la crise sanitaire, il y a énormément de nouveaux patients, notamment de jeunes adultes. L’une des plus-values de ce dispositif, c’est que ce sont des personnes qui ne seraient jamais allées voir un psychologue dans un autre contexte. Des jeunes, des femmes seules qui ne seraient pas en capacité de débourser pour des séances régulières.
La psychologue à Plaisance-du-Touch en Haute-Garonne souhaitait voir pérenniser ce remboursement des consultations de soutien psychologique. "Il y a un certain nombre de nos patients à qui cela fait vraiment bien", explique-t-elle. "Sans cet accompagnement, cela aurait pu se finir par la prise d’antidépresseurs et par des dépressions beaucoup plus graves". Ce constat est partagé par le représentant toulousain du Syndicat national des psychologues et psychothérapeutes.
Il y a besoin actuellement de prise en charge psychologique. Il y a besoin de répondre à une demande. Et il y a une prise de conscience du rôle que pouvaient jouer les psychologues par rapport à toutes ces difficultés nouvelles.
Près de 20.000 patients en 3 ans
Depuis 2018, environ 400 psychologues se sont engagés dans l'expérimentation de ce dispositif. Soit 72% de la profession de Haute-Garonne. Et surtout, "plus de 18.600 patients ont bénéficié de séances de soutien psychologique dans le cadre de ce dispositif", indique le directeur adjoint de la CPAM du département.
La prise en charge, sur prescription médicale, était de 32 euros pour l'évaluation, puis de 22 euros par séance de soutien psychologique (tarif augmenté à 32 euros au-delà des 10 premières séances si nécessaire). Coût évalué pour l'Assurance Maladie de Haute-Garonne sur ces trois années d'expérimentation : 4.6 millions d'euros, selon Stéphane Cobigo.