L'association N.A.T.U.R.E.S est une habituée des panneaux d'expression libre de la place des Pradettes à Toulouse. Mais ce 19 octobre, c'est sur plus de 40 panneaux dans Toulouse qu'elle a décidé de coller ses messages. La raison, le panneau des Pradettes a été déplacé et l'association estime que la mairie veut les "faire taire".
Depuis 2021, l'association N.A.T.U.R.E.S milite en collant des messages sur les panneaux d'expression libre de la ville, et plus particulièrement sur celui situé originellement sur la place des Pradettes. Une situation qui fait réagir Philippe Lebailly, coprésident de l'association, porteuse d'un projet d'agriculture urbaine en plein cœur de Toulouse. Une opération de collage sur une quarantaine d'autres panneaux dans Toulouse est donc lancée en riposte.
40 panneaux recouverts
Pour l'association, "l’attitude du Maire de Toulouse qui vise à empêcher l’expression des habitants et des associations opposés au projet de bétonisation de l’oasis de Bordeblanche dans le quartier des Pradettes n’est pas acceptable !"
Un message est même envoyé début septembre 2024 à l’ensemble des élus de Toulouse en leur indiquant : "Nous vous informons que si le panneau d’expression libre n’est pas réinstallé sur la place des Pradettes d'ici un mois, notre association n’aura alors d’autre choix que d’utiliser l’ensemble des autres panneaux d’affichage libre installés dans toute la ville pour diffuser ses messages". Sans réponse de la part de la mairie, cinq équipes de membres de l'association se sont donc réparti cinq secteurs de Toulouse pour y coller différents messages. On peut lire sur certains : "Pradettes : stop béton Mr Moudenc!" Ou encore "Alerte aux Pradettes : Moudenc vend un îlot de fraîcheur !"
Des panneaux réservés à l'expression citoyenne
"En 2021, nous sommes entrés en conflit avec la mairie de Toulouse, nous avons collé des messages qui ne leur ont pas plu. À la base, nous relayions simplement les paroles des habitants du quartier, opposés à la bétonisation de l'oasis de Bordeblanche, dans notre quartier. Ils les avaient alors fait enlever. Mais ils n'avaient pas le droit. Il faut savoir que le Maire de Toulouse s'était fait rappeler la loi par le Défenseur des droits" explique Philippe Lebailly.
En mars dernier, la mairie aurait donc décidé de déplacer le panneau d'expression de la place des Pradettes au parc des Cèdes. "Le lieu n'est pas propice au collage d'affiches, et la taille du panneau a même été réduite. Un bon indicateur est le fait qu'on ne trouve sur celui-ci, depuis qu'il a été déplacé, aucun affichage pour de la programmation de spectacle, comme habituellement." Selon la loi, chaque commune est tenue de mettre à disposition une surface légalement définie en fonction de l'importance de sa population, afin de mettre en avant l'affichage d'opinion et la publicité relative aux associations sans but lucratif.
Sollicitée à ce sujet, la mairie de Toulouse estime qu'elle est "dans le respect de la réglementation en vigueur". Concernant le nouveau site d’implantation retenu pour les Pradettes, elle le juge parfaitement visible : "Il est à l’entrée d’un parc très fréquenté par les familles", répond Christophe Alvès, maire du quartier. "Il est à proximité du complexe sportif, aux abords d’une crèche et d’un groupe scolaire, proche du restaurant séniors".
L'élu, qui regrette que l'association "omette de rappeler les actions engagées en termes de dynamisation commerciale, d’aménagement de l’espace public, de création du marché de plein vent, de l’installation de caméras de vidéoprotection".