Alors que les AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) sont en grève pour valoriser leur statut, une parent d'élève nous raconte son combat pour obtenir un enseignement de qualité pour son fils, austiste. Depuis des années elle attend un AESH individuel pour son enfant.
Elle a refusé de nous dévoiler sa vraie identité ainsi que celle de son fils par peur d'aggraver leur situation. Depuis plus de deux ans, Sophie* se bat pour que son fils autiste retrouve l'équilibre qu'il avait atteint durant ces années de maternelle.
Atteint de troubles autistiques, Victor a bénéficié d'un AESH (accompagnant d'élèves en situation de handicap) individuel durant 3 ans, à l'école maternelle de Lardenne à Toulouse. "Il a fait d'énormes progrès grâce à cette personne et il y était très attaché", se souvient sa mère.
Mais en CP tout bascule. Victor se voit attribué un AESH mutualisé avec d'autres enfants. " Du jour au lendemain on lui a retiré son AESH, pire encore il changeait ensuite d'accompagnant tous les jours", raconte Sophie désespérée.
Neuf mois sans réponse
Sommeil perturbé, communication plus difficile : Victor fait les frais de ces changements. Sa mère décide donc de faire une demande à la MDPH pour obtenir à nouveau un AESH individualisé. "Pour que sa scolarité se passe au mieux, mon fils doit être en confiance, rassuré, être suffisamment à l'aise pour dire à l'AESH qu'il n'a pas compris", résume la mère de famille.
En juin 2020, après des mois d'attente et de relances téléphoniques on lui explique qu'il y a eu une erreur de dossier et que Victor a bien droit à un accompagnant individuel.
Neuf mois plus tard, Victor attend toujours de le rencontrer. " J'ai téléphoné des dizaines de fois au rectorat, à la référente scolaire aux élus locaux mais notre situation n'avance pas. Je suis lasse et découragée", se désole Sophie.
Le droit à un enseignement comme les autres
La situation a même empiré ces derniers jours. L'AESH mutualisé de la classe de Victor est absente depuis plusieurs jours et pour une durée indéterminée. " Il y a deux jours, l'enseignante de mon fils m'a fait comprendre que ça serait peut-être mieux que je garde Victor à la maison en ce moment vue la situation. Mais il a droit à l'enseignement comme les autres" s'indigne Sophie.
Malgré les efforts de Sophie pour protéger son fils, Victor semble perturbé par ce manque de stabilité. " Pour la première fois, il m'a dit qu'il ne voulait plus aller à l'école, que c'était trop difficile et qu'il n'arrivait pas à suivre. J'essaye de le remotiver en lui expliquant qu'il fasse de son mieux", raconte Sophie.
#AESH : Mobilisation du 8 au 11 février, intervention de la FSU en CTM, courrier intersyndicale au ministre : l’action continue pour obtenir une réelle reconnaissance du métier d’AESH -> https://t.co/MxoR8hfxBa
— SNES-FSU (@SNESFSU) February 11, 2021
A l'école élémentaire de Lardenne à Toulouse, Victor n'est pas le seul enfant en situation de handicap. L'établissement est doté d'un dispositif ULIS (Unité localisée pour l'inclusion scolaire), mais la coordinatrice ULIS est absente et non remplacée. Au total, il manquerait trois postes d'AESH à temps dans cet établissement scolaire.
Des métiers non valorisés
Des AESH qui sont jeudi 11 février en grève pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail.
" Ces métiers ne sont pas assez valorisés et pourtant ils sont indispensables à l'équilibre des enfants en situation de handicap. L'inclusion de ces enfants à l'école ne peut être réussie que si l'Education Nationale y met les moyens nécessaires", résume Sophie.
La maman de Victor poursuit son combat pour son fils mais pour combien de temps encore...
* Les prénoms ont été modifiés.