Depuis presque deux semaines, Tristan, un étudiant toulousain ne peut plus accéder à son propre appartement. Sa serrure a été changée et son logement vidé d’une partie de ses meubles. Aujourd’hui, il en appelle à la police pour régler cette situation ubuesque.
Nous sommes le samedi 15 mai. Tristan revient dans son immeuble, situé route de Launaguet à Toulouse. Après le confinement, passé entre le studio de sa copine et chez ses parents, il est heureux de réintégrer son logement. Cela fait trois mois qu’il n’est pas revenu dans cet appartement de 42 m2, qui lui coûte 540 euros par mois. Un loyer qu’il a évidemment réglé en son absence. A l’intérieur tout est neuf, ou presque. La télévision, le frigo, les meubles, la machine à laver…
Serrure changée
Mais quand il essaye d’ouvrir la porte, il se rend compte que la clef ne rentre plus. L'étudiant en informatique de 22 ans est interloqué.
D’un coup, je me suis retrouvé à la rue, sans pouvoir rentrer dans mon propre appartement...
Il toque à la porte, sonne, mais personne ne répond. Tristan mène l’enquête auprès des voisins de palier et le récit qu’on lui fait est glaçant. D’autres voisins de cette résidence cossue construite récemment, se seraient introduits chez lui, auraient vidé en partie son appartement, déposant les meubles dans le couloir, pour ensuite les amener ailleurs. Ils auraient également changé la serrure. Ce que Tristan a effectivement constaté de lui-même…
Dans cet immeuble règne manifestement une drôle d’ambiance. Célia, une voisine de palier de Tristan raconte : “Nous vivons dans la peur ici, à cause de ses personnes. Il y a eu des dégradations. On part le matin, sans savoir ce qui va se passer quand on rentre à la maison”. Squat ? Conflit de voisinage qui aurait mal tourné ? Difficile d’y voir clair pour l’instant. Impossible de savoir si quelqu’un occupe effectivement son logement.
Ce qui est sûr, c’est que Tristan est désemparé.
Je le vis très mal. Il faut garder son sang-froid pour ne pas rentrer chez soi et tout casser.
Dépôt de plainte
Pour sortir de cet imbroglio et sur les conseils de l’agence de location, l’étudiant toulousain dépose finalement plainte le 17 mai à la gendarmerie de Castelginest. L’objet ? “dégradation ou détérioration volontaire du bien d’autrui causant un dommage léger ”. Et pourquoi pas “violation de domicile” ?
"Car les gendarmes considèrent qu'il n'y a pas violation de domicile tant que l'on n'a pas pu constater que des personnes sont dedans" explique Sylvianne, la mère de l’étudiant. Cette dernière ne décolère pas. “Comment peut-on accepter que des étudiants honnêtes et courageux soient traités de la sorte dans notre pays? Et en attendant, que va-t-il se passer dans ce logement... ne va-t-il pas être encore plus dégradé et mon fils devra donc en supporter également les conséquences ?! ” écrit-elle dans un courrier envoyé à la rédaction de France 3 Occitanie. “Nous sommes désemparés” conclut-elle.
Intervention de la police
La famille a néanmoins fait couper l’eau et l'électricité. On lui a conseillé de faire appel à un serrurier pour recouvrer son logement. Serrurier, qui serait alors accompagné par des fonctionnaires de police, venus constater les faits.
C’est sûr que j’ai peur maintenant. Je veux juste rentrer dans l’appartement, voir ce qu’il reste, prendre mes affaires et ne plus jamais revenir ici.
Cette opération a finalement eu lieu jeudi 27 mai au soir. Tristan accompagné d'un huissier et de 3 policiers est entré dans l'appartement qu'il loue. Le logement était vide, plus de meubles... en revanche, il était jonché de déchets et de verre cassé.
Le jeune homme espère qu’il va bientôt retrouver une vie normale. En attendant, c’est sa petite amie qui l’héberge dans son studio. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne reviendra plus vivre dans cet immeuble, une fois l’affaire réglée.